Des saints supprimés — désarroi dans les esprits

EN MAI 1969, les catholiques ont lu avec consternation des articles de journaux annonçant la disparition de nombreux saints du calendrier liturgique officiel de leur Église. Bon nombre de fidèles en ont déduit que la “suppression” de ces saints signifiait leur “abolition”. Le désarroi et le mécontentement universels persistent encore.

Un directeur d’école retraité en Argentine déclara : “Je ne comprends pas pourquoi l’Église condamne aujourd’hui le culte des saints alors qu’elle l’a encouragé pendant des siècles.”

Un jeune Néerlandais s’exclama : “Ou bien on a toujours trompé nos ancêtres, ou bien on nous trompe nous !”

Les catholiques des régions d’Italie où l’on pratique le culte de saint Janvier furent particulièrement déroutés. “Mon Dieu ! que dites-​vous là ?, demanda une femme en entendant la nouvelle. On n’y comprend plus rien ! Moi je crois à saint Janvier et je vais le conserver.”

Que signifie ce changement ? L’Église interdit-​elle à présent le culte des saints ? Les fidèles doivent-​ils se débarrasser de leurs médailles religieuses ?

Des pratiques contradictoires

Le culte des saints varie suivant les régions. Dans certaines localités on a débarrassé les églises des images de saints. Une catholique canadienne déclara : “Tout est changé. On a enlevé les statues, même la Vierge a disparu de notre église.”

Ailleurs les changements sont minimes, si tant est qu’il y en ait. Les fidèles vouent toujours un culte à leur saint préféré, même si celui-ci a été officiellement “supprimé” ou “dégradé”. Un catholique sud-américain observa : “La déclaration de l’Église est ambiguë, car elle dit qu’il n’y a aucun mal à vénérer sur le plan local les saints qui sont patrons d’une ville.”

Beaucoup de personnes se posent donc des questions au sujet de la religion qui condamne le culte des images dans certains lieux mais qui l’autorise dans d’autres. Le Dieu tout-puissant approuve-​t-​il une organisation religieuse qui tolère des pratiques contradictoires ? — II Cor. 6:14-16.

Prend-​elle position en faveur de la vérité ?

La vraie religion fait certes son possible pour corriger l’erreur et faire connaître la vérité. Cependant, l’année dernière, lorsque le Vatican annonça la suppression de nombreux saints, le porte-parole officiel du cardinal Cooke de New York déclara : “En réalité ces changements ne sont pas étonnants, car depuis de longues années on doute de l’authenticité de certains de ces saints et on se demande s’il ne s’agit pas simplement de héros légendaires vénérés par le peuple.”

Effectivement, les chefs de l’Église savaient depuis longtemps que ces saints n’ont probablement jamais existé, et pourtant ils toléraient et encourageaient même le culte qui leur était rendu. D’ailleurs, ils le font encore. En effet, après la publication de la nouvelle concernant la suppression de certains saints, un hebdomadaire catholique déclara : “Même si un saint n’a jamais existé, Dieu tiendra néanmoins compte de la foi de celui qui prie [le saint] et écoutera sa supplication.”

En est-​il bien ainsi pourtant ? Dieu approuve-​t-​il les prières adressées aux “saints” ? Jésus-Christ montra en ces termes quelle est la seule voie d’accès à Dieu : “Je suis le chemin, la vérité et la vie ; nul ne vient au Père que par moi.” (Jean 14:6, Crampon 1905). Ces paroles de Jésus excluent tout autre moyen de s’approcher de Dieu et notamment les prières adressées aux “saints”.

De plus, aucun passage de la Bible n’indique qu’une organisation religieuse quelconque peut créer des “saints”. C’est Dieu qui sanctifie les hommes, qui les met à part pour son saint service (I Thess. 5:23). Cependant, même ceux que Dieu sanctifie ne doivent pas être vénérés. Souvenons-​nous qu’il ne fut pas permis à Corneille de se prosterner devant l’apôtre Pierre. La Bible montre qu’il est même mal d’adorer un ange. — Actes 10:25, 26 ; Rév. 19:10.

N’est-​il donc pas évident que l’Église catholique ne s’est pas conformée à la vérité divine et que c’est là la cause de la confusion qui règne dans beaucoup d’esprits ? Mais il existe encore d’autres changements déroutants.

[Illustration, page 10]

LE MONDE — 15 mai 1969

QUARANTE-QUATRE SAINTS plus ou moins légendaires DISPARAISSENT DU CALENDRIER ROMAIN