Vous pouvez bien manger pour moins cher

“JE NE sais plus comment nourrir ma famille, tout est hors de prix !” De tels propos vous semblent-​ils familiers ? Reflètent-​ils vos propres sentiments ? De nombreuses ménagères constatent qu’elles ne peuvent plus boucler leur budget si elles achètent les denrées alimentaires qu’elles avaient l’habitude d’acheter naguère. En effet, dans le monde entier, les prix ont augmenté considérablement au cours des dix dernières années. Aux États-Unis, plus du tiers de l’augmentation du coût de la nourriture entre 1964 et 1968, était dû à une hausse de 15 pour cent du prix de la viande, de la volaille et du poisson.

De nombreuses personnes ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. On accorde beaucoup d’attention à la triste situation du consommateur, et quantité de suggestions ont été émises pour arrêter l’escalade des prix alimentaires. Cependant, malgré les mesures déjà prises, il incombe en grande partie à la ménagère elle-​même de réaliser des économies. Elle connaît les domaines où elle peut réduire ses frais sans mettre en danger la santé de sa famille. Cependant, pour atteindre ce but, elle doit savoir quels sont les aliments indispensables à la santé et quels sont ceux dont elle peut se passer.

Les denrées nécessaires à une alimentation convenable et équilibrée peuvent être classées en quatre catégories principales :

1) Viande et remplacements : œufs, fromage, noix, soja, etc.

2) Pain, farine et céréales.

3) Lait et produits laitiers.

4) Fruits et légumes en aussi grande variété que possible.

Les adultes qui ne peuvent boire les deux ou trois tasses de lait par jour qui leur sont recommandées (pour les enfants la quantité est de trois ou quatre tasses par jour), devraient absorber cet aliment sous d’autres formes. Les diététiciens recommandent aux ménagères d’établir leurs menus en tenant compte de ces aliments de base, afin d’assurer à leur famille une nourriture saine et équilibrée.

Comment économiser sur la viande

Il est important certes de savoir quels aliments sont indispensables, mais pour réaliser des économies sensibles, la ménagère doit commencer par la viande, car en général celle-ci représente l’article le plus coûteux de son budget alimentaire. Elle peut guetter les occasions et les offres spéciales de la semaine annoncées dans le journal local ou affichées dans les boucheries, et concevoir son menu en conséquence. Souvent il est avantageux d’acheter du foie, du bifteck haché et des morceaux comme le flanchet, la poitrine, le jarret et le collier. Le paleron est parfois intéressant, mais les plates-côtes sont généralement plus économiques encore. Le jambonneau a autant de goût que le jambon, mais il est beaucoup moins cher.

L’avantage de ces morceaux, c’est qu’ils sont aussi riches en valeur nutritive que les morceaux de choix. La seule différence est que la cuisson exige plus de soins, car ils sont généralement moins tendres. La langue est souvent économique. Cuite à la casserole, garnie et servie avec une sauce appropriée, elle est délicieuse.

Cependant, les morceaux de viande les moins chers ne sont pas toujours les plus économiques, car ils comportent beaucoup de déchets. Par conséquent, en comparant les prix, on a intérêt à calculer à combien revient chaque portion. Un demi-kilo de bifteck haché, par exemple, peut suffire pour quatre personnes. S’il coûte six francs, la portion d’une personne reviendra à un franc cinquante. Comparez ce prix avec celui d’autres morceaux.

Des aliments nourrissants

Dès que l’on se rend compte que la viande n’est pas la seule source de protéines, on peut réaliser des économies sérieuses. Cependant, pour tirer profit des autres aliments riches en protéines, il faut en soigner la préparation et la présentation, afin qu’ils soient à la fois appétissants et savoureux.

Le poisson est l’un de ces aliments, et dans certaines régions il n’est pas cher. Il y a également les nombreux fruits de mer comme les moules, les coquilles Saint-Jacques, les oursins et les bigorneaux, qui peuvent être cuits à l’eau, au four, à la vapeur ou dans la friture, suivant les goûts. N’oubliez donc pas de visiter régulièrement le marché au poisson.

L’œuf est une protéine complète. Il se prête à diverses préparations, depuis l’œuf cuit dur jusqu’au soufflé. Il n’est donc pas étonnant qu’il jouisse d’une si grande popularité.

D’autres aliments, bien que n’étant pas des protéines complètes comme l’œuf, contiennent néanmoins ces substances. Ces aliments, les légumes secs — pois, haricots, lentilles — sont souvent appelés des protéines “incomplètes” parce qu’ils renferment moins d’acides aminés essentiels. Les lentilles, associées à d’autres aliments, sont un ingrédient de quantité de plats nourrissants et peu coûteux.

En réalité, il n’est pas nécessaire que chaque repas soit riche en protéines. D’autres denrées, comme l’humble pomme de terre, sont également nourrissantes. Le nombre de plats savoureux que l’on peut préparer à base de pommes de terre, seules ou avec d’autres aliments, est vraiment étonnant. La cuisinière à court d’idées à ce sujet pourrait peut-être consulter ses voisines. Le riz est un autre aliment très utile et bon marché. Le riz blanc ou complet offre un grand nombre de possibilités. Il s’utilise pour remplacer les pommes de terre et dans un grand nombre de délicieux desserts.

Les pâtes à la sauce tomate, les aubergines et les poivrons farcis, les ragoûts chinois aux restes de poulet, sont autant de plats nourrissants et économiques. Évidemment, il faut plus de préparation et d’ingéniosité pour les rendre appétissants et savoureux, surtout s’ils sont destinés à remplacer la viande, mais l’effort en vaut la peine, car ils varient avantageusement l’ordinaire tout en réduisant les frais de nourriture.

Les emplettes

Acheter judicieusement est un art — on doit savoir ce qu’il faut acheter, où il faut l’acheter et, plus important encore, quand il faut l’acheter — mais c’est un art que vous pouvez apprendre grâce à diverses aides. Dans certains pays, les offres spéciales et les occasions sont annoncées par la radio, la télévision et la presse. Si vous pouvez acheter moins cher les produits alimentaires d’usage courant, il vaut la peine d’en prendre une certaine quantité, à condition qu’ils se conservent bien. Cependant, veillez à ne pas dépenser en déplacements autant ou plus que vous économisez en achetant moins cher. Le mieux, évidemment, c’est de repérer près de chez vous les magasins qui font des rabais.

Avant de quitter la maison, vérifiez vos provisions et dressez une liste des denrées qui sont près de s’épuiser. Cette liste vous aidera à limiter vos achats aux marchandises dont vous avez réellement besoin et à éviter de dépenser beaucoup d’argent pour des articles achetés sous l’impulsion du moment et qui ne sont pas vraiment nécessaires.

Prenez aussi l’habitude de lire les étiquettes. Une ménagère déclara : “Je fais des emplettes depuis des années, mais ce n’est que tout dernièrement que j’ai appris à lire les étiquettes. Je ne me laisse plus influencer par les slogans publicitaires. Avant d’acheter, je lis les étiquettes pour savoir ce que j’obtiens pour mon argent et je réalise ainsi des économies.” Les étiquettes devraient énumérer les ingrédients du produit et en spécifier le poids. Un petit calcul mental vous permettra alors de déterminer s’il est plus économique d’acheter le petit ou le grand paquet de telle ou telle marchandise.

Certains supermarchés et grands magasins offrent leurs propres marques de denrées alimentaires à un prix plus bas que les marques connues. Vous avez donc intérêt à les essayer, car elles sont peut-être tout aussi bonnes que celles pour lesquelles on fait une habile publicité. Dans certains cas il s’agit du même article vendu sous une étiquette différente.

À ce propos, un autre facteur dont il convient de tenir compte est l’emballage. Certains produits alimentaires sont vendus dans un emballage attrayant mais que le public paie. Mieux vaut se soucier de la qualité de la marchandise que de l’emballage, aussi attrayant qu’il soit.

N’oubliez pas non plus l’usage que vous comptez faire du produit que vous achetez. Il existe plusieurs qualités, par exemple, de tomates en conserve. Si vous avez l’intention de les utiliser pour faire une sauce ou un potage, il n’est pas nécessaire de prendre la meilleure qualité. La seule différence parfois, c’est que les boîtes de qualité supérieure contiennent plus de tomates entières ou encore, des tomates plus rouges.

La saison durant laquelle vous achetez des denrées périssables — fruits et légumes — est importante. Il est peu prudent de les acheter tout simplement parce qu’ils vous tentent, car hors de saison ils risquent de coûter cher. Il n’est pas difficile de savoir quand les divers fruits et légumes sont de saison : ils sont alors abondants et moins chers. Bien sûr, on peut acheter des produits surgelés, mais là encore assurez-​vous que les prix sont raisonnables.

À propos des fruits et des légumes, tenez compte aussi de la quantité de déchets. Quel pourcentage du volume total sera à jeter ? Ce facteur est important pour déterminer le prix réel d’une denrée. Demandez-​vous aussi : Est-​il vraiment nécessaire d’éplucher toujours les pommes de terre et de jeter une si grande partie des légumes ? Les feuilles extérieures des poireaux et du céleri, par exemple, peuvent être mises de côté dans un sac en plastique et utilisées dans un potage.

Posez-​vous également cette question : Suis-​je esclave de la routine en ce qui concerne les légumes ? Il en existe une grande variété dont la plupart peuvent se manger aussi bien crus que cuits. Citons entre autres le fenouil, l’endive, le cresson, la scarole, la chicorée, le choux rouge, le céleri-rave et la betterave rouge. En ce qui concerne la laitue, la scarole, etc., n’oubliez pas que les feuilles extérieures, d’un vert plus foncé, que l’on jette si souvent, sont riches en vitamines et en sels minéraux.

Des repas appétissants

Une bonne cuisinière peut rendre appétissant le repas le plus simple, car elle sait que la couleur, la présentation et la saveur des aliments exercent une influence puissante sur les convives. C’est pourquoi elle accorde une attention spéciale à l’assaisonnement et aux garnitures. Un peu de réflexion, quelques efforts et un peu de temps supplémentaire peuvent transformer un repas.

La couleur d’un mets joue un rôle important. Garnissez donc un plat de viande d’un brun terne avec des tomates, des betteraves rouges, des carottes ou des choux verts. Les radis ajoutent une note de couleur à quantité de plats. L’aspect attrayant des aliments stimule les papilles gustatives et met en appétit.

Les épices et autres assaisonnements relèvent le goût des aliments et y mettent de la variété. À propos de variété, il est bon d’essayer de nouvelles recettes de temps à autre. La pomme de terre notamment se prépare, dit-​on, de 1 500 façons différentes. Or, beaucoup de ménagères n’en connaissent que cinq ou six ; elles pourraient donc se permettre de faire quelques expériences !

Il n’est pas toujours nécessaire de cuire les légumes. Les crudités sont très saines. Servez donc les carottes, les oignons, le céleri, les betteraves et d’autres légumes de ce genre en salade et en hors-d’œuvre. Sous cette forme, ils ont plus de valeur nutritive que cuits. Si vos enfants ont faim, donnez-​leur des légumes crus à grignoter entre les repas.

L’art d’accommoder les restes permet également de réaliser des économies sans pour autant sacrifier la saveur des aliments. Grâce à un peu d’imagination et d’ingéniosité, vous pourrez préparer des mets dont votre famille se régalera. Des restes de viande, par exemple, peuvent être coupés en petits dès et ajoutés au riz agrémenté d’une sauce relevée. De même, des restes de pomme de terre peuvent être sautés le lendemain.

Le rôle de l’amour

Une épouse et mère affectueuse ne se contente pas de préparer et de servir les repas en un minimum de temps. Elle se soucie avant tout de la santé et du bonheur de sa famille. Si elle a des enfants d’âge scolaire, elle s’efforce de leur rendre agréable la nourriture simple et nourrissante. Elle peut même profiter des repas pour leur enseigner la géographie en incorporant au menu de temps à autre des spécialités d’autres pays : le borstch russe, le goulasch hongrois, les tamales mexicains, etc. Certaines de ces spécialités ont l’avantage d’être très économiques. Vous avez intérêt à vous livrer à quelques expériences afin d’élargir la gamme des goûts des membres de votre famille. Guetter les offres spéciales et les occasions, vous assurer que votre famille est bien nourrie, varier vos menus et réduire le gaspillage à un minimum, tout cela exige, bien sûr, du temps. Cependant, votre tâche sera moins monotone. De plus, vous aurez la satisfaction de savoir que vous faites des économies indispensables à cette époque où les prix montent en flèche.

Il existe un élément essentiel à un bon repas, élément qu’il ne faut jamais oublier ou sous-estimer. Il ne s’achète pas, car il est gratuit. Il est si important que sans lui, manger ne nous procurerait guère de plaisir. Le livre biblique des Proverbes nous le fait connaître en ces termes : “Mieux vaut une ration de légumes, et qu’il y ait de l’amour, qu’un bœuf gras et de la haine avec.” (Prov. 15:17, Dhorme). Une ambiance agréable et détendue, fondée sur l’amour, a un effet des plus salutaires.