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  • g71 8/12 p. 13-15
  • J’étais gardienne de prison

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  • J’étais gardienne de prison
  • Réveillez-vous ! 1971
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Réveillez-vous ! 1971
g71 8/12 p. 13-15

J’étais gardienne de prison

De notre correspondant en Corée

VERS la fin des années 30, alors que la Corée était sous la domination japonaise, j’étais gardienne de prison à Séoul. J’étais l’une des six Coréennes affectées au quartier des femmes et qui travaillaient sous la surveillance de six gardiennes japonaises. Je ne me doutais pas alors que j’allais avoir sous ma garde de fidèles chrétiennes.

En 1938 et 1939, j’appris que le gouvernement japonais avait fait arrêter certains ministres responsables des Étudiants de la Bible (c’est ainsi qu’on appelait les témoins de Jéhovah au Japon et en Corée à l’époque). Plus tard, quand d’autres témoins subirent le même sort, six femmes, toutes des évangélisatrices, furent incarcérées dans le bâtiment sous ma surveillance.

Entre autres tâches je devais enseigner aux prisonnières le japonais, leur apprendre à tricoter ou à accomplir d’autres travaux, essayer d’instruire les analphabètes et préparer l’esprit de toutes les détenues en vue du jour de leur libération. Je devais également les faire sortir de leurs cellules pour prendre de l’exercice. Il m’incombait en outre de faire respecter les règlements de la prison.

Nous devions toutes nous prosterner

Un de ces règlements exigeait que tous les matins les détenues (ainsi que les gardiennes) se tournent vers Tokyo et se prosternent dès que l’ordre en était donné par le gardien en chef. Ce geste rituel du culte de l’empereur japonais, propre au shintoïsme, était imposé aux Coréens. J’appris par la suite que les six chrétiennes sous ma garde avaient été incarcérées en partie à cause de leur refus d’accomplir ce rite. En prison aussi elles refusaient, pour des motifs religieux, de se prosterner avec nous.

Lorsqu’on fit part de ce refus aux autorités de la prison et que celles-ci constatèrent l’inanité de tous leurs efforts en vue de faire changer ces femmes d’avis, elles leur infligèrent un châtiment. Celui-ci consistait à porter de lourdes chaînes près de vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Je pensais à l’époque qu’il était insensé de s’obstiner de la sorte et de s’attirer une telle punition pour une simple question religieuse. À maintes reprises j’essayais d’amener ces chrétiennes à se prosterner avec nous afin de s’épargner cette épreuve.

Frappée par leur foi et leur courage

Cependant, en faisant plus ample connaissance avec ces femmes, j’étais frappée par leur foi. Elles étaient toujours de bonne humeur, et, sauf pour la pratique du rite précité, très obéissantes et dociles. Je me sentais particulièrement attirée vers l’une d’elles, Mme Chang, probablement en raison des nombreuses ressemblances entre sa vie et la mienne. Elle était, comme moi, fille unique, et avait eu une bonne instruction semblable à la mienne. Elle apprenait très rapidement à faire tout travail qui lui était confié et possédait des connaissances générales très étendues. J’éprouvais même de la compassion pour elle parce qu’elle avait été arrêtée et emprisonnée peu de temps après son mariage.

Chaque fois que j’inspectais les cellules des détenues, je trouvais ces chrétiennes occupées à lire la Bible ou à en parler. Je comprenais qu’elles puisaient leur force dans ce livre, mais je me demandais comment il pouvait leur inspirer une telle foi.

Un jour que je faisais prendre de l’exercice à ces femmes, Mme Chang me demanda des nouvelles du monde extérieur. Je lui dis que les Japonais avaient vaincu les forces américaines aux Philippines ainsi que les forces britanniques à Singapour, et qu’ils avaient remporté d’autres victoires encore. Mme Chang m’expliqua alors une prophétie biblique de manière à me donner l’impression qu’elle pensait que le Japon serait finalement vaincua. J’étais horrifiée à la seule idée qu’elle pouvait envisager pareille éventualité. Je savais que si d’autres gardiennes l’entendaient parler de la sorte elle serait punie avec beaucoup de rigueur (entre autres on réduirait sa ration de nourriture), aussi lui recommandai-​je sévèrement de ne plus tenir de tels propos devant qui que ce soit.

Quelques jours plus tard, alors que je passais leur nourriture aux détenues à travers la fente prévue à cette fin, Mme Chang m’expliqua d’autres passages de la Bible. Elle me déclara que ce livre décrit tous les gouvernements du monde sous les traits de bêtes et qu’il annonce leur destruction par le Royaume de Dieu. J’aurais pu m’éloigner, mais ce que j’entendais m’intéressait. J’aurais pu aussi dénoncer Mme Chang, mais je ne voulais pas la voir punie. J’éprouvais de la sympathie pour ces chrétiennes courageuses dont la foi les poussait à parler si hardiment même dans les chaînes et au risque d’un châtiment sévère.

Lorsque je me trouvais seule avec elles, je leur enlevais leurs chaînes pendant un petit moment, mais il me fallait agir avec beaucoup de circonspection. Puis un jour un incident inoubliable se produisit.

L’une de ces femmes tomba gravement malade. Or, son fils avait également été incarcéré dans la prison de Séoul en même temps qu’elle. Cependant, il avait cédé à la pression et il se prosternait vers l’Est avec les autres prisonniers. Cette capitulation lui avait valu un travail plus agréable, mais il n’avait pas été libéré. Quant à sa mère, elle restait inébranlable. Se rendant compte qu’elle allait mourir, elle demanda à voir son fils. J’intervins en sa faveur et on finit par faire venir le fils du quartier des hommes. J’assistai à leur entretien. Bien que mourante, elle encouragea son fils à ne pas renoncer à sa foi. Il ne l’écouta pas, mais la supplia de céder afin de sortir de la prison pour mourir. Cinq jours plus tard, elle décéda. On permit à son fils d’assister à l’enterrement qui eut lieu dans la prison. Il pleura amèrement et je ne pouvais m’empêcher de pleurer aussi.

Le découragement et l’absence de foi

Ce fut alors que je décidai de changer d’occupation. J’étais devenue gardienne de prison à ma sortie d’une école d’État où j’avais obtenu le diplôme d’enseignante. Au cours de mes études on nous avait fait visiter un jour la prison, et le triste sort des détenues m’avait inspiré de la compassion. Je pensais qu’en devenant gardienne j’aurais l’occasion non seulement d’enseigner ces malheureuses, mais aussi de les aider de bien d’autres manières. Je sollicitai donc le poste de gardienne et fus acceptée. Maintenant, après des années dans ce milieu, je me rendais compte que j’étais incapable de faire grand-chose pour ces pauvres créatures.

Il est vrai que j’avais reçu de temps à autre des lettres dans lesquelles d’anciennes détenues me remerciaient de ce que je leur avais enseigné et, bien sûr, ces lettres me faisaient plaisir. Je sentais cependant que je ne pouvais faire grand-chose pour aider les prisonnières et je désespérais de pouvoir opérer en elles des changements salutaires et permanents. Après la mort du témoin de Jéhovah, je me rendis compte qu’il me manquait ce que cette chrétienne possédait : une foi pour me soutenir. Je quittai donc mon emploi de gardienne de prison avant la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Ma propre religion n’avait pas cultivé en moi une telle foi. Mes parents étaient bouddhistes et j’avais souvent accompagné ma mère au temple bouddhique. Au lycée, j’avais compris toutefois que le culte des images que pratiquait ma mère était une simple superstition. Par conséquent, dès que je devins indépendante j’abandonnai ce culte.

Quand arriva 1945 et la fin de la longue occupation japonaise de la Corée, je me souvins de ce que m’avait dit Mme Chang. Je fus frappée par le fait que les prophéties de la Bible s’étaient réalisées. J’essayai même d’entrer en contact avec Mme Chang, mais on m’apprit à la prison qu’elle et ses quatre compagnes avaient été libérées.

Je travaillai ensuite pour les forces d’occupation des États-Unis, jusqu’au rétablissement de la république en 1948, puis je trouvai un autre emploi. Une voisine, diaconesse d’une des Églises de la chrétienté, m’invita à assister aux offices de son Église et j’acceptai son invitation. Toutefois, je ne pouvais m’empêcher de voir l’hypocrisie qui régnait dans cette organisation religieuse, aussi cessai-​je de la fréquenter. Je n’avais toujours pas trouvé une foi capable de me soutenir.

Réunie avec les fidèles chrétiennes

De temps à autre, au cours des années, les témoins de Jéhovah frappaient à ma porte et j’acceptais parfois leurs périodiques. Mais je n’avais jamais le temps de parler avec eux ou de leur poser des questions. Finalement, au printemps de 1969, une dame qui était témoin de Jéhovah emménagea dans la maison à côté de la mienne. Quand elle commença à me parler de la Bible, je lui demandai si les témoins et les Étudiants de la Bible étaient une seule et même religion. Elle me répondit affirmativement et m’apprit aussi que Mme Chang habitait maintenant Inchon. Je suis donc allée dans cette ville pour lui rendre visite.

Nous avons parlé longuement de la Bible et des croyances des témoins de Jéhovah. Après cette conversation, je décidai d’étudier la Bible avec les témoins. Ma nouvelle voisine vint donc régulièrement m’instruire.

Je fis de rapides progrès dans l’étude de la Bible, et en octobre 1969 j’assistai à l’assemblée internationale des témoins de Jéhovah tenue au Gymnase Changchoong de Séoul. À cette assemblée, dont le thème était “Paix sur la terre”, je retrouvai les quatre autres femmes emprisonnées pour leur foi. Quelle joyeuse réunion ! Elles me saluèrent comme une amie perdue de vue depuis longtemps, et non comme une ancienne geôlière. Cette assemblée fit sur moi une impression profonde.

Je poursuivis mon étude de la Bible et assistai régulièrement aux réunions à la Salle du Royaume. Finalement, je pris ma décision, car je voulais posséder la même foi que ces chrétiennes fidèles. Je me fis donc baptiser le 24 juillet 1970 à l’assemblée de district des “Hommes de bonne volonté” tenue à Séoul. Ce jour-​là, je pouvais déclarer : “C’est le jour le plus heureux de ma vie.”

Le quartier de Sodaemun-ku dans lequel la congrégation de Choong Jung Ro prêche la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, comprend un flanc de colline d’où l’on peut voir la prison de Séoul. Lorsque je prêche dans ce quartier avec mes sœurs chrétiennes, je ne peux m’empêcher de songer à ma vie en qualité de gardienne dans cette prison il y a des années. Je suis profondément heureuse de posséder enfin la même foi merveilleuse qui soutenait mes chères sœurs chrétiennes pendant leurs sept années d’incarcération au cours de la Seconde Guerre mondiale.

[Note]

a En 1941, environ quatre mois avant l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, la Société Watch Tower publia une brochure intitulée End of Axis Powers, Comfort All That Mourn (Fin des puissances de l’Axe — Consolez tous ceux qui mènent deuil), qui présentait “les preuves prophétiques de la fin proche des puissances de l’Axe” fondées sur le onzième chapitre du livre biblique de Daniel Da 11.

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