Comment prier pour être exaucé
DÈS les temps les plus reculés les hommes ont ressenti le besoin d’adresser des prières à Dieu. Conscients de leur petitesse et convaincus qu’ils ne sauraient pas lui parler, ils ont inventé toutes sortes d’“aides” pour prier.
Certains recourent à des livres de prières dans lesquels ils lisent des formules rédigées pour diverses circonstances, dans l’espoir qu’elles leur permettront de gagner la faveur de Dieu. D’autres prient les saints et leur demandent d’intercéder auprès de Dieu en leur faveur. D’autres enfin apprennent des prières par cœur et se servent d’un chapelet ou d’un rosaire pour compter le nombre de fois qu’ils les ont récitées.
Certains ecclésiastiques, même dans les Églises où l’on emploie de telles “aides”, les jugent insuffisantes. À leur avis, le langage humain ne permet pas de prier Dieu, aussi s’expriment-ils en “langues”, avec des mots qu’ils ne comprennent pas.
D. Geraets, prieur d’un monastère bénédictin, a déclaré: “Plus le temps passe, et plus je me rends compte que nous ne savons pas prier.” Cet ecclésiastique préconise de parler en “langues” pour permettre à l’esprit saint de “nous donner une prière parfaite”. Il a ajouté: “Voyez-vous, un fossé s’est creusé entre l’homme et Dieu, et il faut le combler. Peut-être le parler en langues est-il une façon de rétablir la communication.”
Il est toutefois intéressant de noter ce que dit la Bible. En effet, elle parle des enseignements et de la vie de Jésus et de ses apôtres, et elle rapporte les actes d’autres hommes fidèles des temps anciens. Or, nulle part elle ne laisse entendre qu’il y ait eu le moindre “fossé”, le moindre problème de “communication” entre les premiers chrétiens et Jéhovah Dieu.
Nous commencerons par passer en revue ces “aides” à la prière, afin de déterminer si elles constituent bien une aide ou au contraire une entrave à la prière, puis nous considérerons ce que dit la Bible sur les prières que Dieu exauce effectivement.
Les livres de prières
Beaucoup de nos contemporains ignorent que la Bible ne mentionne nulle part le recours à un livre de prières pour savoir quoi dire à Dieu. Dans les temps anciens, quand un membre de son peuple s’adressait à lui, il n’utilisait jamais de recueil de prières liturgiques méditées et rédigées par un tiers.
La Bible présente Dieu comme un Père (Rom. 1:7). Vous imaginez-vous votre enfant en train de lire un écrit rédigé par quelqu’un d’autre pour vous dire: “S’il te plaît”, “Merci”, “Montre-moi ce que je dois faire”, ou: “J’ai un problème et j’aurais besoin de ton aide.”
Certes, la Bible renferme de très belles prières. Par exemple, le recueil des Psaumes réunit de magnifiques cantiques de louanges et d’actions de grâces adressées à Dieu, parmi lesquels se trouvent de très belles prières. Si l’on apprécie à sa juste valeur le privilège de la prière, il va de soi que pour s’adresser à un Dieu d’amour on ne dira pas n’importe quoi. Toutefois, la Bible montre que nos prières peuvent être très simples.
Dans une de ses illustrations, Jésus donna un très bon exemple de prière. Il cita le cas d’un collecteur d’impôts qui n’osait même pas regarder le ciel et qui ne cessait de se frapper la poitrine, disant: “Ô Dieu, sois miséricordieux pour moi, un pécheur!” Quoi de plus simple, en effet, que cette prière? Pourtant Jésus ajouta que “celui-ci redescendit chez lui étant apparu plus juste” qu’un Pharisien vantard qui se glorifiait jusque dans les prières qu’il adressait à Dieu. — Luc 18:9-14.
Les prières rapportées dans la Bible, même le splendide recueil des Psaumes, expriment de l’amitié envers Dieu. Pour les serviteurs de Jéhovah des temps anciens, Dieu n’était pas une abstraction, une simple “puissance du bien” dans l’univers. Ils le reconnaissaient plutôt comme un être spirituel puissant et ils l’invoquaient sous son nom Jéhovah, nom glorieux qu’il s’était lui-même donné. Cette attitude se reflétait également dans la façon dont ils le priaient pour implorer sa faveur, demander sa bénédiction ou chercher son pardon. — Ps. 39:12.
N’est-ce pas extraordinaire de penser que des gens peuvent parler à Dieu et qu’il les écoute? Le Psaume 139 montre remarquablement bien comment Jéhovah s’intéresse à chacun individuellement. Si jamais vous vous imaginez que Dieu ne s’intéresse pas spécialement à vous, lisez donc ce Psaume en entier, et vous pourrez noter entre autres ceci: “Ô Jéhovah, tu m’as scruté et tu me connais. Toi, tu sais quand je m’assois et quand je me lève. Tu as considéré de loin ma pensée. Quand je voyage et quand je reste étendu, tu l’as mesuré, et toutes mes voies te sont devenues familières.” (Ps. 139:1-3). Conscients de l’attention qu’il leur portait, les serviteurs de Dieu du passé adressaient leurs supplications et leurs actions de grâces directement au Créateur.
Dieu connaît nos faiblesses et nos manquements. Certes, quand nous le prions, nous devrions nous appliquer à lui parler correctement, mais, quoi que nous disions, nos paroles refléteront toujours mieux nos pensées que ce que nous lisons. Recourir à un texte rédigé par un tiers dans un livre de prières nuirait à la sincérité et à la franchise de ce que nous exprimons à Dieu.
Devrait-on prier les saints?
La Bible ne dit pas que les premiers chrétiens priaient les “saints”. Elle n’enseigne nulle part que nous avons besoin de leur “entremise” ou qu’ils intercèdent pour nous auprès de Dieu. Les Écritures ne renferment aucun exemple de serviteur fidèle de Dieu qui ait prié des morts ou qui ait tenté de se procurer des faveurs par leur intermédiairea. D’ailleurs, la Bible indique que les “saints” ne pourraient le faire puisqu’ils sont morts et que les morts “ne se rendent compte de rien du tout”. Selon la Bible, les morts gisent inconscients dans la tombe, en attendant la résurrection. — Eccl. 9:5, 10; Jean 5:28, 29; 11:24.
Aussi, plutôt que de nous suggérer de prier les “saints”, la Bible dit: “En toutes choses, par la prière et la supplication avec action de grâces, faites connaître à Dieu vos requêtes.” (Phil. 4:6). La formule de Voltaire selon laquelle “il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints” est bien plus vraie que ne le pensent beaucoup de gens.
Prier Dieu n’a rien à voir avec la façon dont on abordait autrefois les souverains européens, sous le règne desquels il importait plus d’être “bien en cour” que de défendre une cause juste. Les premiers chrétiens, dont la Bible rapporte les actions, n’éprouvaient pas le besoin de passer par l’entremise de quelqu’un aux cieux, si ce n’est par Jésus Christ, au nom de qui ils adressaient leurs prières. Jésus lui-même déclara: “Je suis le chemin, et la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.” Il ajouta que l’on pouvait ‘demander des choses en son nom’. — Jean 14:6, 14.
La Nouvelle encyclopédie catholique (angl.) reconnaît que les premiers chrétiens priaient Dieu et non les saints. Elle déclare: “En général, dans le N[ouveau] T[estament], toute prière, qu’elle soit privée ou publique, est adressée à Dieu le Père par l’entremise du Christ.” Et, plus loin: “Dans la prière on doit parler à Dieu comme à un ami.” — Tome XI, pages 670, 673.
Puisque nous aimons Dieu, pourquoi quelqu’un lui parlerait-il à notre place, quand bien même cela se pourrait? Les chrétiens ne sollicitent pas les “saints” sous prétexte qu’ils craignent de s’adresser directement à Dieu. Paul, apôtre de Jésus Christ, montra l’inutilité de ce genre d’intercesseurs, car le chrétien a de la “franchise” pour s’adresser au Créateur par l’entremise de Jésus, comme cela ressort des conseils suivants: “Approchons-nous donc avec franchise du trône de la faveur imméritée, afin d’obtenir miséricorde et de trouver faveur imméritée, pour recevoir de l’aide en temps opportun.” (Héb. 4:14-16). Si nos prières manifestent une telle “franchise”, nous n’éprouverons pas le besoin d’un intercesseur.
Que penser du chapelet et du rosaire?
Même si on multiplie les recherches dans les Saintes Écritures, on ne rencontre aucune allusion au chapelet ou à tout autre moyen de compter combien de prières on a récitées par cœur. D’ailleurs, nulle part la Bible n’enseigne qu’il faut ressasser sempiternellement la même prière.
Certes, les Écritures enjoignent aux chrétiens de ‘persévérer dans la prière’. (Rom. 12:12.) Mais ce texte ne signifie pas qu’il faut toujours rabâcher les mêmes mots. Jésus ne déclara-t-il pas: “Quand vous priez, ne rabâchez pas comme les gens des nations, car ils s’imaginent qu’en débitant beaucoup de paroles, ils se feront écouter. Donc, ne vous rendez pas pareils à eux.” (Mat. 6:7, 8). S’il ne faut pas répéter éternellement la même prière, à combien plus forte raison est-il vain de compter avec un chapelet ou un rosaire le nombre de fois qu’on l’a récitée!
Les “langues” comblent-elles une lacune?
Se peut-il que les langues, eu égard à nos faiblesses humaines, aident l’esprit saint à “nous faire dire une prière parfaite”? Les partisans de cette thèse méconnaissent le caractère personnel de la prière, tel qu’il ressort des Écritures. La prière ne constitue pas une formule magique qu’il faut répéter au mot près pour obtenir tel ou tel résultat. L’essentiel est la façon dont nous parlons à Dieu pour lui exprimer notre gratitude et nos besoins.
Si vous avez un enfant, que préférez-vous: qu’il vous dise merci en toute simplicité et du fond du cœur, ou bien qu’il récite de grandes phrases qu’on lui a dit de prononcer, mais dont il ne saisit pas le sens? En ce cas, n’est-il pas logique d’en déduire qu’un Père céleste aimant et intelligent préfère des requêtes et des remerciements sincères à des mots inconnus qu’une source extérieure a placés dans notre bouche?
Les rédacteurs des Psaumes ne venaient pas à Dieu dans une “langue” inconnue. Nous lisons plutôt ceci: “J’ai appelé de tout mon cœur. Réponds-moi, ô Jéhovah!” (Ps. 119:145). Comment un remerciement pourrait-il venir du cœur si la personne qui l’exprime ne sait pas ce qu’elle dit? — Comparer avec I Corinthiens 14:14, 15.
Jésus montra la bonne façon de prier. La prière modèle ou Notre Père est très simple. On peut la lire en Matthieu 6:9-13. Elle illustre quel genre de requête plaît à Dieu. Tout d’abord, elle parle de son nom, de son royaume et de l’accomplissement de sa volonté sur la terre, puis viennent nos besoins personnels (même des besoins matériels aussi élémentaires que le “pain pour ce jour”), le pardon des péchés et enfin la délivrance de la tentation et de l’emprise du méchant, Satan le Diable.
Rien d’oratoire ni de pompeux dans cette prière. En fait, dans le texte original, le Notre Père ne comporte que 57 mots, tous faciles à comprendre. Aucun ne provient d’une langue inconnue. Celui qui prie comprend ce qu’il demande et il énonce sa requête en toute simplicité, comme lorsqu’on s’adresse à un père affectueux. D’ailleurs, avant d’enseigner le Notre Père, Jésus prononça ces paroles encourageantes: “Dieu, votre Père, sait de quoi vous avez besoin avant même que vous le lui demandiez.” — Mat. 6:8.
Les personnes qui prient en “langues” disent parfois qu’elles parlent les “langues des anges”. Pourtant, rien dans les Écritures ne laisse entendre que Jésus Christ ait utilisé un langage particulier pour prier son Père céleste. Ses prières, telles qu’elles sont rapportées dans la Bible, étaient exprimées dans un langage accessible à tous. Or, qui prétendra avoir des choses plus importantes à dire à Dieu que Jésus Christ?
Notez la simplicité de cette courte prière que Jésus prononça dans le jardin de Gethsémané la veille de sa mort: “Abba [mot qui signifie “papa”], Père, toutes choses te sont possibles; écarte de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux.” (Marc 14:36). On ne saurait parler plus simplement. Pourtant c’étaient les mots de Jésus. Selon Luc 23:46, la dernière prière de Jésus, prononcée au moment où il allait mourir, fut encore plus directe: “Père, je remets mon esprit entre tes mains.”
Comment être exaucé?
Comme nous l’avons vu, pour que nos prières soient exaucées, il n’est pas nécessaire de les lire dans un livre ou de solliciter les “saints” en notre faveur. Il est également inutile de rabâcher les mêmes redites et de compter à l’aide d’un chapelet ou d’un rosaire combien de fois nous nous sommes répétés. Enfin, il n’y a pas non plus à recourir aux “langues” pour exprimer des mots que l’on ne comprend pas. Non, il faut présenter nos requêtes par l’entremise de Jésus Christ, et, dans la mesure où nous y mettons tout notre cœur et où nous obéissons à Dieu, elles seront exaucées.
L’apôtre Jean écrivit: “Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de la franchise envers Dieu; et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous observons ses commandements et que nous pratiquons les choses qui sont agréables à ses yeux. Or, voici son commandement: que nous ayons foi au nom de son Fils Jésus Christ et que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous en a donné commandement.” — I Jean 3:21-23.
Nos prières doivent se conformer à la volonté et aux desseins de Dieu. C’est pourquoi Jean déclara: “Voici l’assurance que nous avons à son égard: c’est que, quoi que nous demandions selon sa volonté, il nous écoute.” — I Jean 5:14.
Selon le livre des Proverbes, “Jéhovah est loin de la prière des méchants, mais il entend la prière des justes”. (Prov. 15:29.) Ceux qui obéissent aux commandements de Dieu et qui prient en accord avec ses desseins sont assurés qu’il “entend” leur prière. — Ps. 10:17; I Pierre 3:12.
En laissant les humains venir à lui par la prière, Jéhovah Dieu se met vraiment à leur portée. De telles relations constituent un privilège inestimable. Si nous en sommes conscients et si notre cœur reste réceptif à sa volonté, notre esprit prendra de bonnes décisions et il orientera nos actions dans une direction approuvée par Dieu. Quel en sera le résultat? Tout le contraire d’un “fossé” ou d’un problème de “communication” avec Dieu. Aussi est-ce à juste raison que le disciple Jacques écrivit: “Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous.” — Jacq. 4:8.
[Note]
a La Traduction œcuménique de la Bible dit que ‘consulter les morts est une abomination pour le SEIGNEUR’. (Deut. 18:11, 12.) Ce passage, qui a trait au spiritisme, devrait nous faire réfléchir si nous envisageons de solliciter l’aide des morts, même “saints”.