Quel est l’état de notre santé?
UN MILLIARD de dollars! C’est ce que dépensent chaque jour les Américains pour leur santé. Les Allemands de l’Ouest, quant à eux, consacrent chaque année aux dépenses de santé plus de 20 % de leur Produit national brut, soit plus de 340 milliards de marks. Il en va de même dans la plupart des nations industrialisées.
Il est manifeste que les habitants de ces pays se préoccupent de plus en plus de leur santé. Les ouvrages et les vidéocassettes consacrés aux régimes alimentaires ou à l’exercice physique figurent régulièrement en tête des ventes. Le marché des aliments diététiques, des vitamines, des tenues et du matériel de sport est florissant. Naguère archétype de la réussite, le riche homme d’affaires mâchonnant son cigare a été détrôné par l’homme svelte, propre et soucieux de sa condition physique.
Compte tenu de toute cette attention portée aux questions médicales et à la condition physique, sommes-nous vraiment en meilleure santé que les générations passées? Les sommes considérables qui sont investies en soins médicaux et en dépenses de santé se traduisent-elles par une amélioration de la santé du grand nombre? Quel est exactement l’état de notre santé?
La situation actuelle
Contre toute attente, des informations provenant aussi bien de pays riches que de pays pauvres montrent que nos contemporains sont loin de jouir d’une bonne santé. À propos de la situation qui règne en divers endroits du globe, un rapport de l’Institut Worldwatch déclare: “Bien que leurs besoins en matière de santé soient radicalement différents, les riches et les pauvres ont ceci en commun: ils meurent avant l’âge — les riches, de maladies cardiaques et du cancer; les pauvres, de diarrhées, de la pneumonie et de la rougeole.”
En dépit des progrès de la médecine, le cancer et les maladies cardiaques constituent toujours le fléau des pays riches. Voici d’ailleurs ce qu’on a pu lire dans un article du New England Journal of Medicine: “Rien, dans tous les progrès réalisés ces dernières années, ne nous permet d’être optimistes. Dans l’ensemble, nous n’avons aucune raison de penser que le cancer soit en régression.” Quant au soudain intérêt porté à la condition physique, ses effets sont ainsi résumés par le docteur Michael McGinnis, du ministère américain de la Santé et de la Population: “La grande majorité des gens reconnaissent l’importance d’une bonne condition physique, mais ils ne prennent pour eux-mêmes aucune mesure concrète. Les Américains ne sont pas en aussi bonne forme qu’ils le croient.”
À l’autre bout de l’échelle, “un quart de la population mondiale manque d’eau potable et d’équipements sanitaires, constate le rapport Worldwatch. À cause de cela, les maladies diarrhéiques sévissent à l’état endémique dans le tiers monde et sont la première cause de mortalité infantile dans le monde”. Diarrhées, pneumonie, rougeole, diphtérie, tuberculose et autres affections emportent chaque année 15 millions d’enfants de moins de cinq ans et retardent la croissance de millions d’autres. Le plus terrible, cependant, c’est qu’au dire des spécialistes on pourrait facilement prévenir une bonne partie de ces maladies.
Même si les enfants des pays développés sont généralement à l’abri de ces fléaux, des signes inquiétants montrent que leur santé, loin de s’améliorer, tend actuellement à se dégrader. C’est, par exemple, ce qui ressort d’une enquête réalisée en Angleterre par le Conseil de recherche médicale et présentée dans le Guardian de Londres sous le titre “Les enfants ‘en moins bonne santé aujourd’hui qu’il y a 35 ans’”. Les chercheurs ont en effet constaté “une augmentation substantielle des hospitalisations des enfants de moins de cinq ans, un triplement des asthmatiques et une multiplication par six des cas d’eczéma parmi la nouvelle génération”. Ils ont également enregistré une forte progression du diabète juvénile, de l’obésité, du stress et des troubles psychologiques.
Des études menées sur tout le territoire des États-Unis ont permis de constater que la condition physique des écoliers n’est pas aussi bonne qu’elle le devrait. “Le manque de condition physique des jeunes est le secret le mieux gardé d’Amérique”, confirme George Allen, responsable du Conseil présidentiel pour le sport et la santé. Les derniers chiffres publiés par cet organisme montrent que 40 % des garçons et 70 % des filles de 6 à 17 ans sont incapables d’effectuer plus d’une traction à la barre. D’autres études ont révélé que les adolescents sont aujourd’hui sujets à l’hypertension, qu’ils présentent une cholestérolémie dangereusement élevée et qu’ils sont trop gras, sans parler de graves désordres psychologiques et des troubles dus à l’abus d’alcool et à l’usage de drogue.
Préparer la santé de demain
Nous sommes conscients, pour la plupart, que la santé d’un adulte dépend, dans une certaine mesure, de son état de santé lorsqu’il était enfant. D’où cette observation de George Allen: “Ce qui m’inquiète, c’est que si l’on n’apprend pas dès maintenant aux jeunes à faire attention à leur condition physique, ce n’est pas lorsqu’ils seront adultes qu’ils l’apprendront.” Cette remarque est valable aussi pour les enfants des pays en développement, à ceci près que nombre d’entre eux n’auront jamais la possibilité de devenir des adultes en bonne santé.
Aussi pénibles soient-elles, ces difficultés ne sont pas insurmontables. Quel que soit l’endroit où vous vivez, vous pouvez, sur le plan personnel, faire quelque chose pour votre santé et pour celle des membres de votre famille. Toutefois, les résultats dépendront pour une grande part de l’importance que vous accordez à votre santé et à votre personne. Mais que signifie être en bonne santé? Comment le demeurer? Les articles suivants répondront à ces questions.