Les comportements compulsifs dominent-​ils votre vie ?

“ Je me lève à 6 heures tous les matins, raconte Claudea. Mon réveil est toujours réglé pour sonner à 6 heures. Je sais qu’il est réglé. Je ne change jamais l’heure de la sonnerie. Et pourtant, je n’arrête pas de regarder s’il est bien réglé. Tous les soirs, je fais cette vérification au moins cinq fois avant d’aller me coucher. Et puis il y a les boutons du gaz : je dois m’assurer que tous sont bien en position ‘ fermé ’. Je vois bien qu’ils sont sur cette position, mais je me sens obligé de revenir vérifier deux ou trois fois pour m’en assurer. Il faut ensuite que je vérifie à plusieurs reprises si la porte du réfrigérateur est bien fermée, si la moustiquaire et les deux verrous de la porte d’entrée sont bien tirés... ”

CLAUDE souffre de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), que l’on définit comme un état débilitant caractérisé par des pensées et des actes incontrôlables (obsessions et compulsions)b. Les obsessions et compulsions de celui qui est atteint de TOC sont totalement involontaires. C’est comme si elles se frayaient un passage en lui et prenaient le dessus.

Nous avons tous de temps en temps des pensées et des inclinations non désirées. Mais avec les TOC, elles deviennent si persistantes et répétitives qu’elles perturbent le cours normal de la vie et sont à l’origine d’un grave inconfort qui aboutit parfois à une dépression. Un patient a déclaré : “ La lutte mentale constante m’incitait à envisager le suicide. ” Considérons quelques symptômes de cette maladie déconcertante.

Voir n’est pas forcément croire

Lorsque la voiture de Mickaël roule sur une bosse, il en est malade. ‘ Est-​ce que je ne viens pas d’écraser quelqu’un ? ’ se demande-​t-​il. Ce sentiment augmente en lui, jusqu’à ce qu’il soit obligé de retourner sur le lieu du “ crime ” et de vérifier, pas une fois seulement, mais plusieurs ! Bien sûr, Mickaël ne trouve aucun blessé. Mais il n’est pas encore sûr ! Aussi, de retour chez lui, regarde-​t-​il les informations pour s’assurer qu’on n’y parle pas d’un accident dans lequel quelqu’un se serait fait écraser par un automobiliste qui a pris la fuite. Il appelle même la police pour “ avouer ”.

Comme Mickaël, beaucoup de ceux qui sont atteints de TOC sont en proie au doute : ‘ Ai-​je blessé quelqu’un ? Ai-​je éteint le gaz avant de partir ? Ai-​je fermé la porte ? ’ La plupart des gens ont parfois de telles idées, mais une personne atteinte de TOC vérifiera plusieurs fois et ne sera toujours pas satisfaite. On lit sous la plume du Dr Judith Rapoport : “ [Mes malades] atteints de ces troubles semblent dire que la ‘ connaissance ne vient que des sens ’. (...) Ils essaieront donc sans arrêt la poignée de porte, et allumeront et éteindront sans cesse la lumière. Ces gestes les informent immédiatement, mais restent incompris. ”

Hypermaniaques de la propreté

Charles, un adolescent de 14 ans, était obsédé par la crainte des microbes. Sa mère devait nettoyer à l’alcool tout ce qu’il pouvait toucher. En outre, il craignait que les personnes de passage n’introduisent des germes provenant de la rue.

Françoise était angoissée lorsqu’elle lavait ses vêtements. Elle raconte : “ Si les vêtements touchaient les bords de la machine à laver lorsque je les sortais, je devais les relaver entièrement. ”

À la manière de Charles et de Françoise, les obsessions de beaucoup de ceux qui sont atteints de TOC tournent autour des microbes et de la contamination. Cela peut aboutir à une hygiène excessive (en se douchant ou en se lavant les mains de façon répétée) parfois au point de s’abîmer la peau. Mais le malade ne se sent toujours pas propre.

Un esprit tortionnaire

Esther est victime de pensées involontairement irrespectueuses envers Dieu. Elle dit : “ Ce sont des choses que je ne penserais jamais volontairement. Je préférerais mourir que de les penser volontairement. ” Pourtant, elle continue d’avoir de telles pensées. “ À force de combattre ces pensées chaque jour, je suis parfois littéralement épuisée le soir. ”

Lorsqu’il commet une faute, Stéphane adresse à Dieu des “ vœux ” motivés par la culpabilité. Il relate : “ Cette tendance m’afflige parce qu’elle semble s’opposer à ma volonté. Ma conscience m’incite ensuite à réaliser ce que j’ai promis. De ce fait, un jour je me suis senti obligé de détruire une chose à laquelle j’accordais une grande valeur sentimentale. ”

Les obsessions d’Esther et de Stéphane se passent avant tout dans leur esprit. Même si l’on ne remarque pas immédiatement les symptômes de leurs troubles, les victimes de pensées obsessionnelles sont prisonnières d’une spirale de culpabilité et de crainte.

Nous n’avons mentionné que quelques-uns des nombreux symptômes des TOCc. Qu’est-​ce qui est à l’origine de ces troubles ? Que faire pour en être soulagé ?

Contrôler l’incontrôlable

Un médecin a décrit les comportements liés aux TOC comme le résultat d’“ un court-circuit cérébral ” qui empêche les informations d’être enregistrées, en conséquence de quoi “ le programme recommence encore et encore ”. Qu’est-​ce qui provoque cette boucle ? Personne n’en est sûr. Il semble néanmoins qu’il faille incriminer la sérotonine, un neurotransmetteur, mais d’autres éléments du cerveau sont également suspectés. Certains disent que les TOC peuvent provenir d’événements vécus dans l’enfance, outre une possible prédisposition génétique.

Quelle qu’en soit la cause, il est une certitude : se contenter de dire à quelqu’un qui est atteint de TOC d’arrêter de tout laver ou de tout vérifier échouera sans doute. Même une grande détermination ne suffit pas.

Beaucoup ont pu être aidés grâce à des médicaments. Une autre approche consiste à exposer le malade à la situation qu’il redoute et à l’empêcher de réagir comme d’habitude. On demandera par exemple à un hypermaniaque de la propreté de tenir quelque chose de sale, puis on l’empêchera de se laver. Bien sûr, de tels traitements ne guérissent pas instantanément. Mais certains pensent qu’en persévérant il est possible de trouver le soulagement.

Selon des spécialistes, il est en outre possible que, dans certains cas au moins, les TOC résultent d’événements vécus pendant l’enfance. On a remarqué que beaucoup d’enfants maltraités se sentent inutiles ou sales en grandissant, et que certains d’entre eux développent ensuite des rites compulsifs d’hygiène.

Trouver le soulagement

Si vous êtes atteint de TOC, ne pensez pas que vous êtes différent ou que vous risquez de perdre la tête. Le Dr Lee Baer écrit : “ À l’exception de leurs craintes particulières, les gens atteints de TOC restent en contact avec la réalité dans tous les autres domaines de leur vie. ” Vous pouvez recevoir de l’aide ! Rappelez-​vous que les TOC sont le fruit de l’imperfection. Ils ne sont pas le signe d’une faiblesse morale ou d’une défaillance spirituelle. Ils n’indiquent pas non plus la défaveur de Dieu. “ Jéhovah est miséricordieux et compatissant, lent à la colère et abondant en bonté de cœur. Car il sait bien de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière. ” — Psaume 103:8, 14.

Mais qu’en est-​il si les pensées obsessionnelles sont irrespectueuses ou blasphématoires ? Avec les TOC, les pensées répugnantes induisent la culpabilité, qui engendre à son tour des pensées encore plus répugnantes. Esther témoigne : “ Cela me rend très irritable, tendue et mal à l’aise. Je suis continuellement en train de penser que Jéhovah doit être furieux contre moi. ” Il arrive aussi que certains assimilent leurs troubles au péché impardonnable !

Cependant, les remarques que Jésus a faites concernant le péché impardonnable, le péché contre l’esprit saint de Dieu, ne faisaient manifestement pas allusion à des pensées involontaires et obsessionnelles (Matthieu 12:31, 32). Elles étaient adressées aux Pharisiens. Jésus savait que leurs attaques étaient tout à fait volontaires. Leurs actions délibérées provenaient d’un cœur rempli de haine.

En réalité, le fait que quelqu’un se demande s’il a offensé Dieu pourrait bien constituer la preuve qu’il n’a pas commis le péché impardonnable (Isaïe 66:2). De plus, il est rassurant de savoir que le Créateur comprend cette maladie. Il est miséricordieux et “ prêt à pardonner ”. (Psaume 86:5 ; 2 Pierre 3:9.) Même quand notre cœur nous condamne, “ Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses ”. (1 Jean 3:20.) Il sait dans quelle mesure les pensées et les inclinations résultent de troubles contre lesquels l’individu ne peut pas grand-chose. Un malade qui comprend cela ne permettra pas à un sentiment de culpabilité injustifié de le torturer.

Combien nous pouvons être reconnaissants à Jéhovah qui nous promet d’établir un monde nouveau dans lequel nous serons soulagés de tout ce qui cause une souffrance physique, mentale ou affective (Révélation 21:1-4) ! En attendant, ceux qui doivent supporter ces troubles peuvent prendre des mesures pratiques pour soulager leur souffrance.

[Notes]

[Encadré, page 22]

Comment apporter son soutien

SI UN ami ou un membre de votre famille est atteint de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), vous pouvez faire beaucoup pour le soutenir.

• Premièrement, reconsidérez votre point de vue. Si vous pensez que le malade est un faible, un paresseux ou un obstiné, il percevra à coup sûr votre réaction et ne sera pas incité à progresser.

• Parlez avec le malade. Découvrez les difficultés auxquelles il se heurte. Un confident qui est ouvert et honnête peut être le premier élément qui permettra à celui qui est atteint de TOC d’en contrôler les symptômes. — Proverbes 17:17.

• N’établissez pas de comparaisons. Les TOC engendrent des désirs très puissants, différents de ceux qu’éprouve tout un chacun. Il est donc généralement inutile d’expliquer comment vous maîtrisez vos désirs. — Voir Proverbes 18:13.

• Aidez le malade à se fixer et à atteindre des objectifs réalistes. Choisissez un symptôme, et mentionnez plusieurs objectifs à atteindre pour le surmonter. Commencez par l’objectif le plus facile à atteindre. Ce pourrait être par exemple de ne pas se doucher plus longtemps que prévu.

• Félicitez-​le pour les progrès réalisés. Les félicitations encouragent à persévérer dans un comportement normal. Tout progrès, aussi petit soit-​il, a son importance. — Proverbes 12:25.

Vivre avec quelqu’un qui est atteint de TOC peut être éprouvant pour les membres d’une famille. Par conséquent, les amis devraient toujours se montrer compréhensifs et apporter leur soutien par tout moyen pratique qui est à leur portée. — Proverbes 18:24b.

[Illustrations, page 21]

Vérifier et se laver sans cesse — deux symptômes des TOC.