Quelle est l’obligation du chrétien ?
Est-le devoir du chrétien d’essayer de réformer le monde et de le rendre meilleur ? Beaucoup de soi-disant chrétiens répondent à cette question par l’affirmative. La Bible, que dit-elle ?
ON A ENSEIGNÉ à de nombreuses personnes à croire qu’un grand nombre d’entre les nations constituent la chrétienté ou la région terrestre où l’on pratique le christianisme. Ces personnes admettront facilement que bien des choses laissent à désirer dans la chrétienté. En conséquence, elles croient de leur devoir d’aider à y mettre de l’ordre et aussi d’user de leur influence, de toutes les manières possibles, pour opérer les nombreuses réformes nécessaires dans le paganisme. Elles espèrent que, grâce à leurs efforts dans cette direction, ce monde, devenu finalement et entièrement chrétien, sera un endroit où l’on pourra mieux vivre.
Pour réaliser ce qu’elles ont en vue, elles donnent leur appui à l’organisation des Nations unies, aux pactes de paix internationaux, et participent à la politique de ce monde. Elles adhèrent à des œuvres sociales et à des mouvements syndicaux ouvriers. La délinquance des adultes et de la jeunesse ne cessant de croître, elles en sondent les causes et dressent des plans pour essayer de remédier à la situation. De temps à autre, des mouvements pour le “ retour à l’église ” et des renouveaux religieux sont organisés. Cependant, en dépit des meilleurs efforts de nombreuses personnes bien intentionnées, les journaux de la terre entière proclament la triste réalité que ce vieux monde, au lieu d’être réformé, va de mal en pis. Le crime, sous toutes ses formes, ne cesse d’augmenter. Les prisons, les maisons de correction, les écoles de réforme pour jeunes gens de plus de seize ans, les asiles et institutions similaires regorgent. Le chrétien est-il chargé de livrer un combat perdu d’avance ? Ou bien l’idée de faire de ce vieux monde un endroit meilleur est-elle une erreur ?
Ceux qui croient la Bible et sont familiarisés avec son contenu savent que la puissance de Jéhovah est sans limite et que jamais il ne recommanda à ses serviteurs de tenter l’impossible, pas plus qu’il ne les chargea de soutenir une cause perdue d’avance. Où cette idée prit-elle donc naissance ? Les faits montrent que les hommes d’État et les conducteurs religieux ont émis la prétention de faire de la terre un lieu convenable et sûr pour l’homme. Et, puisque le clergé s’est ouvertement allié aux chefs politiques et qu’il s’est fait le défenseur des projets humains, des millions de gens au cœur honnête ont été induits en erreur quant au dessein de Dieu. Ils considèrent que le chrétien, pour être en harmonie avec la volonté de Dieu, doit vouer son temps et son énergie à faire du monde un lieu meilleur.
À l’appui de leur point de vue, les chefs religieux prétendent que le Christ prit une part active à la vie politique de son temps et participa à des réformes sociales. Mais l’a-t-il fait ? Rien, certainement, dans le récit scriptural n’appuie cette allégation. Au contraire, le Christ affirma devant Pilate : “ Mon royaume n’est pas de ce monde. ” (Jean 18:36). Pas un seul verset n’indique que Jésus eut quoi que ce soit à faire avec la politique de son jour. Il ne passa pas non plus son temps à essayer d’améliorer les conditions de vie des gens ou à participer à des mouvements de réforme. À partir du moment où il entreprit son ministère, à l’âge de trente ans, il proclama la vérité. Il dit : “ Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. ” (Jean 18:37). La vérité qu’il prêchait concernait le royaume de son Père. Pendant trois ans et demi, il consacra tout son temps à annoncer la bonne nouvelle du royaume de son Père. Il le désignait comme le seul remède aux maux de ce monde.
En instruisant ses disciples concernant le royaume de Dieu et en leur enseignant à prier pour lui, Jésus n’avait pas à l’esprit la conversion du vieux monde. Alors, que voulait-il dire quand il déclara : “ Le royaume de Dieu est au dedans de vous ! ” (Luc 17:21, Sy). N’entendait-il pas que le Royaume est dans le cœur des hommes et que ses disciples avaient par conséquent l’obligation d’en convertir le plus grand nombre possible ? Non. La compréhension correcte ne pourrait être celle-là. Notez que Jésus ne s’adressait pas à ceux qui l’avaient accepté ou qui avaient foi en son Royaume, mais aux pharisiens, les plus grands adversaires de la vérité qu’il proclamait. Assurément, personne ne voudrait affirmer que le royaume était dans leur cœur ! L’excellente et moderne New World Translation fait bien comprendre la question. Voici ce que, selon cette version et aussi selon celle de L. Segond, Jésus a déclaré à ces pharisiens incrédules : “ Le royaume de Dieu est au milieu de vous. ” (Luc 17:21). En d’autres termes, il avait été oint pour être le Roi dans le royaume du juste monde nouveau de Dieu et, bien que les pharisiens ne l’acceptassent pas, il était là, au milieu d’eux, proclamant ce royaume.
Jéhovah promit d’établir un gouvernement juste sous la direction de son Fils bien-aimé, Jésus-Christ (És. 9:5, 6 9:6, 7, NW). Une telle domination devait être un gouvernement réel et non un simple royaume spirituel dans le cœur des hommes. Il devait être un gouvernement sans fin et celui qui apporterait la paix durable, un gouvernement sous lequel les hommes obéissants jouiraient de la vie éternelle sur une terre paradisiaque.
Le dessein de ce gouvernement est, non de remettre en ordre le vieux monde, mais de le détruire. Jéhovah dit par le prophète Daniel : “ Le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. ” (Dan. 2:44). C’était le Royaume dont Jésus parlait il y a dix-neuf siècles et pour lequel il enseignait ses disciples à prier. Avant que ce royaume fût établi, un témoignage mondial devait être donné le concernant.
L’IMPORTANCE DE LA PRÉDICATION
Jésus-Christ enseigna dans ce dessein ses disciples à prêcher et fit comprendre que la prédication devait être la chose la plus importante dans leur vie. Qu’elle dût être leur obligation et responsabilité première, quelques-uns l’apprécièrent, car il nous est rapporté que lorsqu’ils furent invités à être des “ pêcheurs d’hommes ”, immédiatement ils “ laissèrent leurs filets ” pour le suivre. Ces premiers disciples suivirent Jésus dans ses voyages. Ils l’écoutaient parler aux foules. Ils l’accompagnaient dans les foyers. Quand Jésus-Christ était interrogé par des adversaires sur les choses qu’il disait, ils écoutaient avec joie les réfutations qu’il faisait en citant comme autorité la Parole de son Père. En d’autres circonstances, il les emmenait à l’écart et leur donnait des instructions particulières. Puis, quand ils étaient formés, il les envoyait prêcher. Quel était le message ? Réorganiser le vieux monde ? Essayer de convertir toute l’humanité ? Non. “ Il les envoya prêcher le royaume de Dieu. ” — Luc 9:2.
En ce temps-là, il y en avait pour qui d’autres choses paraissaient plus importantes que la prédication. Par exemple, l’un d’eux dit : “ Seigneur, permets-moi de m’en aller d’abord enterrer mon père. ” Mais Jésus répliqua : “ Laisse les morts enterrer leurs morts ; pour toi, va-t’en publier le royaume de Dieu. ” (Luc 9:59, 60, Jé). Cela ne voulait pas dire que le père était déjà mort, autrement le fils n’aurait pas été en train d’écouter Jésus. Non, le jeune homme gagnait du temps. Au lieu d’être prêt à suivre le Christ immédiatement, il voulait d’abord aller chez lui. Il savait que son père mourrait tôt ou tard, aussi il pensait retourner chez lui, attendre la mort de son père avant de devenir un proclamateur à plein temps. Les parents du jeune homme ne suivaient pas Jésus sur le chemin de la vie ; ils étaient donc morts spirituellement. C’est pourquoi Jésus lui dit qu’ils pouvaient faire le nécessaire mais que lui, s’il voulait être son disciple, il avait l’obligation de prêcher l’évangile.
Combien plus important est-il, aujourd’hui, de prêcher la bonne nouvelle de son salut. Nous vivons maintenant les jours de la seconde présence du Fils de l’homme. Le royaume de Dieu promis depuis longtemps a été établi dans les cieux (Apoc. 12:5, 10). Jésus-Christ règne maintenant au milieu de ses ennemis (Ps. 110:1, 2). Le présent ordre de choses a été pesé sur la balance et trouvé insuffisant. Bientôt il sera complètement détruit à Harmaguédon (Apoc. 16:12-16). Comment un véritable chrétien peut-il employer son temps et son énergie à essayer de relever ou de réorganiser ce que Jéhovah a condamné à la destruction ? Paul écrivit aux Corinthiens : “ Quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et séparez-vous, dit le Seigneur ; ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous accueillerai. ” (II Cor. 6:14-17). Ici, le commandement formel est donné à tous les vrais chrétiens de n’avoir aucune part aux plans des hommes. Ils doivent en être séparés et distincts.
Le disciple Jacques confirme le fait que le chrétien devrait se préserver des souillures du monde et de ses projets. En fait, il va plus loin et affirme que ceux qui se déclarent disciples du Christ tout en ayant des relations illicites avec l’actuel ordre de choses se font ennemis de Dieu. “ Adultères que vous êtes ! ne savez-vous pas que l’amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. ” — Jacq. 1:27 ; 4:4.
ŒUVRE ÉDUCATIVE
Par conséquent, il devrait être évident que le chrétien n’a pas l’obligation de soutenir les projets des hommes imbus de la sagesse de ce vieux monde en vue de l’amélioration de ce dernier. Son obligation est indiquée dans sa mission, comme elle est énoncée dans Ésaïe 61:1-3. Nous vivons maintenant dans le “ jour de vengeance de notre Dieu ”. Du vivant de la génération actuelle, Jéhovah exécutera sa vengeance contre toute iniquité, y compris le présent ordre de choses méchant. Mais, tout d’abord, il fait retentir un avertissement afin de donner à tous ceux qui “ soupirent et gémissent à cause de toutes les abominations ” qui se commettent dans la chrétienté une occasion d’être préservés (Ézéch. 9:4). Ces personnes doivent avoir une marque sur le front, non pas une marque littérale, mais la compréhension intelligente des desseins de Jéhovah et l’occasion d’être rassemblées à la droite du Roi.
Cette œuvre éducative est maintenant en cours. C’est une œuvre mondiale accomplie actuellement dans 164 pays. Tous ceux qui en apprécient la nécessité n’ont certainement pas le temps de s’occuper des mille projets humains en vue de l’amélioration du vieux monde. Ceux qui peuvent arranger leurs affaires suivront l’exemple établi il y a dix-neuf siècles et “ laiss(eront) leurs filets ”. Ils auront l’ardent désir de consacrer tout leur temps à la prédication de la bonne nouvelle du royaume de Dieu. En conséquence, leur devise est celle de Paul, à savoir : “ Je fais une chose. ” D’autres, qui ont probablement des obligations scripturales et subviennent aux besoins d’une femme et d’enfants, n’ont pas la possibilité de consacrer tout leur temps et leur énergie à la prédication. Mais eux aussi, en qualité de serviteurs voués du Très-Haut, savent que leur principal but dans la vie, leur obligation première, c’est de prêcher la bonne nouvelle de son salut, et de le faire “ de jour en jour ” quand ils en ont l’occasion.
Qu’importe si les sages de ce monde disent que l’activité de ces témoins dans la prédication est une chose peu pratique et une perte de temps. Leur mission vient de Jéhovah. Ils ne sont pas dans le doute quant à leur obligation et responsabilité. Leur bien-être éternel dépend de leur obéissance à lui. En conséquence, ils continueront à faire retentir l’avertissement de la destruction imminente de ce monde et participeront à l’accomplissement des paroles de Jésus : “ Cette bonne nouvelle du Royaume sera prêchée dans la terre habitée tout entière, pour servir de témoignage à toutes les nations, et alors viendra la fin définitive. ” (Mat. 24:14, NW). Après cela, le monde nouveau de justice de Dieu sera établi sous le règne bienfaisant de Jésus-Christ. Tous les maux auxquels les hommes ont été sujets dans le passé et qu’ils étaient incapables de soulager par leurs propres efforts s’en iront. Satan lui-même sera jeté dans l’abîme et les hommes obéissants pourront jouir de la vie sans fin sur la terre paradisiaque. Le moyen et le dessein de Jéhovah d’apporter le salut à de nombreuses personnes par la “ folie de la prédication ” seront complètement justifiés.