Les Météores: ces gigantesques masses rocheuses
LES gigantesques masses rocheuses des Météores, en Thessalie, au centre de la Grèce, sont une véritable merveille. La vaste plaine de Thessalie elle-même est un musée de chefs-d’œuvre naturels. Elle est renommée pour sa beauté et sa fertilité. En accédant à cette plaine par l’est, on passe comme par une porte à travers la stupéfiante gorge de Tempé, à l’ombre de l’imposant mont Olympe, séjour mythique des douze dieux grecs. Au pied de l’Olympe coule le Pénée, et tout à l’ouest de la plaine s’élèvent les Météores.
Ce gigantesque massif rocheux produit étonnement, admiration, crainte, joie et vertige. Certains de ces rochers, droits comme des obélisques, atteignent 600 mètres de haut. Indubitablement, ils constituent des monceaux de témoignage à la puissance du Créateur.
D’après certains géologues, la formation des Météores remonte aux périodes géologiques les plus reculées, au temps où toute la plaine de Thessalie était le fond d’une mer dans lequel des pressions latérales formèrent accidents et irrégularités. D’autres chercheurs font remonter la date de formation probable des Météores seulement à quelques millénaires et attribuent leur apparition à des tremblements de terre et à l’érosion marine. Quoi qu’il en soit, ils sont unanimes à reconnaître que c’est l’eau qui sculpta ces géants en agissant avec une force prodigieuse. Mais on pourrait à bon droit se demander d’où provenait toute cette eau.
Le déluge dans la mythologie
La mythologie grecque antique évoque cette région. Les odes de Pindare et les écrits d’Apollodore racontent qu’à l’époque où le mythique Deucalion était roi de Phtiotide, en Thessalie, Zeus, le souverain des dieux olympiens, résolut d’anéantir l’humanité impie et malfaisante dans un déluge. Pour échapper à la colère des dieux, Deucalion construisit une arche, dans laquelle il emmagasina les provisions indispensables à la survie. Peu après qu’il fut entré dans l’arche avec Pyrrha, sa femme, un violent déluge déferla, inondant la plus grande partie de la Grèce et noyant “presque tous les humains”. C’est au cours de ce déluge que les montagnes de Thessalie auraient été formées. Pendant neuf jours et neuf nuits, l’arche de Deucalion vogua çà et là sur les flots, jusqu’à ce qu’elle aborde sur la cime du mont Parnasse, en Thessalie.
Au sortir de l’arche, Deucalion offrit un sacrifice à Zeus Phyxios. Ce dieu lui ordonna, à lui et à sa femme, de jeter des pierres par-dessus leurs épaules. Celles que lançait Deucalion se changèrent en hommes, tandis que celles que jetait Pyrrha se transformèrent en femmes. Le récit biblique du véritable déluge des jours de Noé a subi bien des altérations dans cette version mythique. — Genèse 6:1 à 8:22.
Les monastères des Météores
Le Grand Météore culmine à 613 mètres au-dessus du Pénée. À son sommet, se dresse le monastère de Metamorphosis, le plus grand des six qui sont actuellement occupés. Son accès n’est guère facile: il se fait par un sentier de pierre et des marches taillées dans le roc.
Dans les monastères des Météores se trouvent aujourd’hui des bibliothèques qui renferment un nombre considérable de manuscrits. On en a découvert beaucoup dans des cachettes telles que des murs, des combles, et même sous un matelas.
Ces manuscrits sont essentiellement des textes religieux et ecclésiastiques. Mais il en existe aussi qui parlent d’histoire, de littérature, de philosophie et de sciences. Leurs pages sont en parchemin ou en papier, et ils datent du IXe au XIXe siècle. Au nombre de ces manuscrits figure le parchemin Codex 591 qui date de 861-862 de notre ère. C’est le plus ancien manuscrit qui existe en Grèce; il est composé de 423 pages et consiste en exégèses de l’Évangile de Matthieu.
Il s’y trouve aussi des archives contenant certains documents, comme des recueils en or ciselé de la vie des empereurs et des patriarches de Byzance. Ils sont au nombre d’environ 3 000. En revanche, il n’y a pas beaucoup de manuscrits de la Bible, car les copistes des Météores se sont peu consacrés à ce genre de travail.
Les monastères sont remplis d’images religieuses (icônes) qui représentent des personnages mythiques et des personnes réelles, ainsi que des scènes qui témoignent des convictions religieuses des moines. Par exemple, une représentation de la seconde venue du Christ montre des pécheurs jetés dans la gueule de monstres terrifiants. Ailleurs, dans le temple de Jean le Baptiste, se trouve un bas-relief qui représente un cavalier devant lequel se tient Vénus.
Ainsi s’achève notre visite dans les Météores. Quoi qu’on pense des réalisations humaines à découvrir en cet endroit, la grandeur de ce gigantesque massif rocheux de Thessalie ne laisse pas d’émouvoir.
[Crédit photographique, page 30]
Photo: ambassade de Grèce