Questions de lecteurs
● Dans Exode 6:3 Dieu dit à Moïse qu’il ne s’est pas fait connaître à Abraham sous son nom Jéhovah, cependant dans Genèse 15:7, 8 Dieu s’identifie à l’égard d’Abraham comme étant Jéhovah et Abraham l’appelle par ce nom. Comment expliquez-vous cela ? — J. M., Angleterre.
L’expression hébraïque contenue dans Exode 6:3, à laquelle se rapporte la question, peut être rendue de deux manières — en tant que constatation ou comme question. Elle est rendue généralement sous la forme d’une constatation, telle qu’elle figure dans la version de Crampon 1905 : “ Mais sous mon nom de Jéhovah je ne me suis pas fait connaître à eux. ” La version interlinéaire de Berry utilise la forme interrogative : “ Ne me suis-je pas fait connaître à eux sous mon nom Jéhovah ? ” La note marginale de la Traduction du Monde Nouveau (angl.) tient compte de cette possibilité et dit : “ Ne me suis-je pas fait connaître à eux par rapport à mon nom Jéhovah ? ” Cette forme interrogative élimine sur-le-champ toute difficulté. C’est cependant une lecture exceptionnelle, aussi, dans le texte, la Traduction du Monde Nouveau s’en tient-elle à la forme généralement reconnue. Il sera utile de lire le texte d’Exode 6:1-8 (Cr 1905) :
“ Jéhovah dit à Moïse : “ Tu verras bientôt ce que je ferai à Pharaon : contraint par une main puissante, il les laissera aller ; contraint par une main puissante, il les chassera de son pays. ” Dieu parla à Moïse, en disant : “ Je suis Jéhovah. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme Dieu tout-puissant, mais sous mon nom de Jéhovah je ne me suis pas fait connaître à eux. Non seulement j’ai établi mon alliance avec eux pour leur donner le pays de Chanaan, le pays de leurs pèlerinages, où ils ont séjourné en étrangers ; mais encore j’ai entendu le gémissement des enfants d’Israël, que les Égyptiens tiennent dans la servitude, et je me suis souvenu de mon alliance. C’est pourquoi dis aux enfants d’Israël : Je suis Jéhovah ; je vous affranchirai des corvées des Égyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai avec un bras étendu et par de grands jugements. Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu (je prouverai que je suis votre Dieu, NW) et vous saurez que je suis Jéhovah votre Dieu qui vous affranchis des corvées des Égyptiens. Je vous ferai entrer dans le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob ; je vous le donnerai en possession : je suis Jéhovah. ”
Le vocable “ Jéhovah ” est la forme causative, c’est-à-dire la forme active de la troisième personne du singulier du verbe “ être ” et signifie littéralement “ il fait être ”. Il “ fait être ” selon son dessein. Il était fort opportun qu’à cette occasion le nom de Dieu fût mis en évidence à l’égard de Moïse, car Jéhovah commença à réaliser son dessein envers son peuple en Égypte. Quatre cent trente ans auparavant il avait promis à Abraham de faire de lui une grande nation (Gen. 12:2). Plus tard, Dieu dit à Abraham que ses descendants seraient opprimés comme esclaves dans un pays étranger puis délivrés et installés dans le pays promis, Canaan (Gen. 15:7, 13-16). Ces promesses se transmirent à Isaac et Jacob, mais Jéhovah ne les réalisa pas en eux. Tous deux connaissaient et employaient le nom de Jéhovah, mais ils n’avaient pas l’occasion de le connaître comme étant le Dieu qui accomplit ces promesses.
Au temps de Moïse, les Israélites souffraient en Égypte et, dans leur détresse, ils peuvent s’être écriés : “ Où est Jéhovah, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, nos ancêtres ? Voyez notre lamentable situation. Qu’a-t-il fait ? Pourquoi ne se fait-il pas connaître ? Pourquoi n’a-t-il pas fait réaliser ces promesses et alliances ? ” Oui, ces promesses restèrent pendantes durant quatre cent trente années et le moment était venu où elles devaient commencer à se réaliser. Ainsi Dieu rappela à Moïse le nom de Jéhovah. De plus, il s’apprêtait à montrer à Israël comment il applique ce nom “ il fait être ” et qu’il agit selon la signification de son nom. Il s’en acquitterait en accomplissant les promesses faites à Abraham, Isaac et Jacob. C’est par une démonstration conforme au sens de son nom que les Hébreux connaîtraient Jéhovah, et non pas de la manière dont leurs ancêtres l’avaient connu. Il les délivrerait de l’Égypte en tant que nation, réalisant ainsi sa promesse de jadis. Bien qu’Israël ait pu se sentir délaissé et que Dieu ait pour ainsi dire cessé d’être pour eux, Moïse reçut l’ordre de leur communiquer qu’il était envoyé par celui qui dit : “ Je prouverai que je suis. ” Par ses œuvres puissantes et les délivrances qu’il accomplit, Jéhovah se révéla comme étant le Libérateur. Il réalisa son dessein relatif au peuple d’Israël. — Ex. 3:14, Cr 1905 ; II Sam. 7:23.
De même que les Hébreux en Égypte connurent Jéhovah d’une manière différente de celle de leurs ancêtres, ainsi en fut-il de Pharaon et des Égyptiens. Ils savaient certainement quel était le nom littéral du Dieu des Hébreux qui avaient vécu deux cent quinze ans parmi eux. Malgré cela, Pharaon s’emporta et dit : “ Qui est Jéhovah pour que j’obéisse à sa voix, en laissant aller Israël ? Je ne connais pas Jéhovah, et je ne laisserai pas aller Israël. ” (Ex. 5:2, Cr 1905). Plus tard Dieu s’exprima en ces termes : “ Les Égyptiens connaîtront que je suis Jéhovah, lorsque j’étendrai ma main sur l’Égypte. ” (Ex. 7:5, Cr 1905). Quoique Pharaon et les Égyptiens connussent son nom, ils ne distinguaient cependant pas en lui un Dieu d’action ni ne voyaient en lui une force agissante ou une puissance avec laquelle il fallait compter. Mais, lorsqu’il agit contre eux, ils le connaissaient comme ils ne l’avaient pas connu jusqu’à ce jour, de même que les Hébreux le connurent comme ne l’avaient pas connu leurs ancêtres Abraham, Isaac et Jacob.
Aujourd’hui, de présomptueux souverains de ce monde ont connaissance du nom littéral de Jéhovah, mais, de même que Pharaon et les Égyptiens de jadis, ils ne reconnaissent pas sa grandeur. À Harmaguédon toutefois ils sauront qu’il est Jéhovah. Plus de soixante fois Ézéchiel dit au peuple d’Israël apostat et à d’autres nations qu’ils connaîtront Jéhovah, dont le nom littéral leur était familier. L’avertissement donné autrefois par Ézéchiel s’adresse aussi à la chrétienté et à d’autres nations d’aujourd’hui. Quand Jésus était sur terre, il dit à Jéhovah : “ J’ai révélé ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. ” Cela correspond à la mission dont Moïse était chargé lorsqu’il alla faire connaître le nom de Jéhovah aux Hébreux opprimés en Égypte. Lorsque le Christ frappera à Harmaguédon, il révélera de nouveau le nom de Jéhovah de telle façon que chacun sera persuadé que Jéhovah est un Dieu qui “ fait être ” en harmonie avec ses desseins. — Ézéch. 6:7, 10, 13, 14 ; Jean 17:6, NW.
Pour terminer, considérons une image humaine. Un homme est connu en tant que combattant et s’est même distingué en cette qualité. Il peut cependant vous paraître fort pacifique. Vous ne l’avez jamais vu combattre. Quelques années plus tard vous le voyez se mettre en colère à cause d’une mauvaise action, agir spontanément et combattre pour le droit. De même que quelques personnes de votre entourage, vous l’avez appelé combattant, mais vous le voyez pour la première fois en qualité de vigoureux combattant. Vous constatez combien ce nom se confirme et qu’il s’efforce d’agir et de vivre en conséquence. Vous le connaissez maintenant comme vous ne l’avez jamais connu auparavant. De même Jéhovah possède de nombreuses qualités exprimées par des titres et ces qualités ont été révélées à Abraham, Isaac et Jacob. Ils savaient quel était le nom de Jéhovah, mais ne virent pas, comme leurs descendants, défiler sa riche signification devant leurs yeux lorsque Dieu, réalisant son dessein relatif à leur postérité, libéra le peuple d’Israël de l’Égypte. Cette nation libérée reconnut vraiment Jéhovah comme un Dieu qui “ fait être ”.
Jéhovah, notre souverain Maître, que ton nom est glorieux sur la terre, toi qui as revêtu les cieux de ta majesté ! Par la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle tu t’es fondé une force victorieuse, pour confondre tes ennemis, pour imposer silence à l’adversaire et au blasphémateur. — Ps. 8:2, 3, Cr 8:1, 2, NW.