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  • La prédication de la bonne nouvelle, une mission confiée à tous

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  • La prédication de la bonne nouvelle, une mission confiée à tous
  • Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
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  • OINTS POUR PRÊCHER
  • LA SÉRIE DE “L’AURORE DU MILLÉNIUM”
  • LA BONNE NOUVELLE PARVIENT EN EUROPE
  • AFFERMISSEMENT DE L’ORGANISATION
Les témoins de Jéhovah dans les desseins divins
jp chap. 5 p. 28-34

Chapitre 5

La prédication de la bonne nouvelle, une mission confiée à tous

LOÏS: Jean, la semaine dernière, vous nous avez raconté que les lecteurs de La Tour de Garde distribuaient des tracts. Cette œuvre était-​elle organisée, ou bien chacun la faisait-​il à sa manière?

JEAN: Au début, chacun la faisait simplement à sa manière, mais les lecteurs recevaient l’encouragement et l’aide de la Société en développement. Dès le commencement, Russell avait compris qu’il était nécessaire que les chrétiens prennent une part active à la prédication de ce qu’ils avaient appris. La deuxième année de sa parution, La Tour de Garde lançait un émouvant appel sous le titre “Recherchons 1 000 prédicateurs”. Cet appel visait à encourager tous les lecteurs de La Tour de Garde qui pouvaient consacrer la moitié de leur temps, ou davantage, exclusivement à l’œuvre du Seigneur, à

aller dans les villes, grandes et petites, selon vos possibilités, comme colporteurs ou évangélistes, à la recherche, en tous lieux, des chrétiens sincères et convaincus. Vous en trouverez beaucoup qui sont animés du zèle pour Dieu, mais pas selon la connaissance. Cherchez à leur faire connaître les richesses de la grâce de Notre Père et les beautés de sa Parole, en leur remettant des tracts; et comme marque d’une œuvre de bonté et d’amour à leur égard, efforcez-​vous de leur vendre “L’aurore du jour” ou de leur faire souscrire un abonnement à “La Tour de Garde” [ou, si quelqu’un manifeste de l’intérêt et qu’il soit trop pauvre pour les acheter, présentez-​les-​lui comme un don venant de Dieu].

Étant donné que sans quelque revenu, peu de personnes seraient en mesure de se déplacer et de pourvoir à leur entretien, nous proposons de fournir aux colporteurs les TRACTS et LES AURORES DU JOUR gratuitement, et de leur permettre de recueillir des abonnements à LA TOUR DE GARDE et de se servir de l’argent obtenu grâce à ces sources, (...) pour couvrir les dépenses nécessairea.

Le mois suivant, c’est-à-dire en mai 1881, on s’est référé aux paroles que nous venons de lire pour indiquer qu’il en était résulté de nombreuses réponses favorables. Or, ces paroles démontraient que le pasteur Russell avait bien compris que cette œuvre n’avait pas simplement pour but de faire connaître le dessein de Dieu. Elle était aussi destinée à faire partager à chaque chrétien la responsabilité de participer à la réalisation des desseins divins. Voyons ce que dit l’article:

Certains semblent nous avoir mal compris et avoir cru que nous faisions appel à tout le monde, aussi bien à des représentants qu’à des vendeurs de livres; ils ont attiré l’attention de leurs amis sur cette œuvre, disant que c’était là une belle occasion de trouver un emploi, etc. C’était mal comprendre notre proposition. Nous cherchons des ouvriers (et tel est le désir du Seigneur) qui soient disposés à travailler pour un salaire céleste, bien plus que pour le prix d’un journal ou d’un livre, quelle qu’en soit la nécessité. Non, nous ne faisons appel qu’à ceux qui savent expliquer le journal, le livre et le plan, et qui, en se déplaçant, pourront prêcher en disant: “Repentez-​vous, car le royaume des cieux est proche.” (Mat. 3:2, Sg)b.

LOÏS: N’empêche que le pasteur Russell était bien optimiste pour lancer un appel à 1 000 prédicateurs à plein temps. Y a-​t-​il eu beaucoup de réponses?

JEAN: En ce temps-​là, on ne publiait pas souvent des rapports. Néanmoins, au cours de l’année 1885, il y a eu 300 colporteurs, comme on les appelait alors. C’est ce qui ressort du rapport rédigé par le secrétaire-trésorier de la Société pour le numéro de La Tour de Garde (angl.) de janvier 1886c. Le livre “Le divin Plan des Âges” a été publié en 1886, et on s’est mis à le distribuer en anglais. Les colporteurs — ou “pionniers”, comme nous les appelons maintenant — envoyaient leur rapport chaque semaine au bureau de Pittsburghd. Des années plus tard, quand les livres formaient une série de six volumes, les colporteurs n’emportaient pas toute la série de porte en porte comme le font les témoins de Jéhovah aujourd’hui. Ils emportaient simplement un “prospectus”, c’est-à-dire les couvertures de tous les livres, attachées ensemble pour former un dépliant qui s’étirait comme un accordéon. Pour faire un exposé sur chaque sujet traité dans ces livres, le témoin dépliait ce prospectus sur le bras allongé. Puis il prenait des commandes pour la série complète, car les livraisons ne s’effectuaient alors qu’une ou deux fois par mois. En général, les témoins travaillaient deux par deux pour livrer tous ces ouvrages commandés. Il n’était pas rare de voir un seul colporteur, ou “pionnier”, placer quatre à cinq cents livres en un mois.

OINTS POUR PRÊCHER

Ce premier appel pour trouver 1 000 prédicateurs ne se limitait toutefois pas à ceux qui pouvaient donner tout leur temps. Voici une autre pensée émise à l’époque:

L’Église est la vigne de Dieu (...). Il existe une si grande variété de travaux que tous peuvent trouver à s’occuper: dans la parabole, tous ont été engagés. Si vous disposez d’une demi-heure ou d’une heure, de deux ou de trois heures, vous pouvez employer ce temps: et cela sera agréable au Seigneur de la moisson. Qui peut prévoir les bienfaits qui découleront d’une heure de service accompli sous la conduite de Dieue?

La même année paraissait dans La Tour de Garde un article intitulé “Oints pour prêcher”, basé sur Ésaïe 61:1. Loïs, voudriez-​vous nous lire ce passage d’après la Bible de Crampon, édition de 1905?

LOÏS: Avec plaisir. [Elle lit.] “L’esprit du Seigneur, de Jéhovah, est sur moi, parce que Jéhovah m’a oint pour porter la bonne nouvelle aux malheureux; il m’a envoyé pour panser ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer aux captifs la liberté et aux prisonniers le retour à la lumière; pour publier une année de grâce de Jéhovah et un jour de vengeance de notre Dieu.”

JEAN: Le pasteur Russell commence l’article en expliquant que, selon Luc 4:18, Jésus a cité cette prophétie pour l’appliquer à lui-​même et à son œuvre. Puis il montre que la raison même de cette onction était de recevoir de Dieu l’autorisation de prêcher. Russell poursuit et attire l’attention sur la responsabilité qui incombe aux disciples de Jésus.

L’onction par la force spirituelle qui vint d’abord sur la Tête [Jésus] allait et devait venir en temps voulu (à la Pentecôte), et elle vint effectivement sur l’Église qui est son corps. Or, l’onction qu’elle reçut alors demeure en elle (I Jean 2:27). Pourquoi l’Église fut-​elle ointe? La Parole répond: afin que, dans les temps présents, elle partage avec le Seigneur le déshonneur et le sacrifice et afin que, dans l’âge de gloire à venir, elle soit réunie à lui dans la gloire et la puissance. Il y a davantage: comme il fut “oint pour annoncer la bonne nouvelle”, de même nous, son corps, nous devons être oints pour annoncer, pour prêcher, le même évangile (...). QUI DOIT PRÊCHER? Nous répondons: Tous ceux qui reçoivent l’esprit d’onction et qui sont ainsi reconnus comme membres du corps du Christ (l’Oint). Il en est de chaque membre exactement comme de la Tête: “Il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle.” Nous possédons chacun des aptitudes et des dons différents, et aucun de nous n’est pareil à notre Tête, qui est parfaite; mais chacun est responsable de sa manière de prêcher et du temps qu’il peut consacrer à la prédication. Les uns savent prêcher à des multitudes, les autres à deux ou trois personnes; les uns savent prêcher de maison en maison, les autres peuvent placer un mot à propos; les uns peuvent distribuer des tracts, les autres peuvent prélever sur l’argent consacré dont ils ont l’intendance, pour aider autrui à prêcher. Les uns peuvent faire plusieurs de ces choses, les autres peuvent les faire toutes; or tous peuvent et devraient, par leur manière de vivre et leurs habitudes, prêcher la force de transformation qui émane de la bonne nouvelle, car nous sommes tous des épîtres vivantes, connues et lues de tous les hommes.

Prêches-​tu, toi aussi? Nous croyons que nul ne fera partie du petit troupeau, à moins d’avoir été prédicateur. (...) En effet, nous avons été appelés à souffrir avec lui et à proclamer cette bonne nouvelle maintenant, afin qu’en temps voulu nous soyons glorifiés et que nous puissions accomplir les choses que nous prêchons maintenant. Nous n’avons pas été appelés, ni oints pour recevoir des honneurs et amasser des richesses, mais pour les dépenser et pour nous dépenser nous-​mêmes, ainsi que pour prêcher la bonne nouvelle. Déployons donc tout notre zèle pour affermir notre vocation et accomplir ce pour quoi nous avons été ointsf.

MARIE: En nous rappelant que cette mise au point a eu lieu à peine deux ans après la parution du premier numéro de La Tour de Garde, nous comprenons combien l’œuvre à accomplir paraissait urgente au pasteur Russell.

JEAN: Et en invitant autrui à prendre conscience de ses propres responsabilités, il était prêt à lui accorder son aide. Ceux qui lisaient La Tour de Garde savaient ce qu’il fallait dire. Désormais, le pasteur Russell allait les conseiller sur la manière de dire ces choses. C’est dans le même numéro de La Tour de Garde qui contenait l’appel à 1 000 prédicateurs qu’on pouvait lire ces conseils, sous le titre “Comment faut-​il enseigner?”:

À ceux qui envisagent de sortir pour employer beaucoup ou peu de leur temps, nous disons: Il est de toute première importance non seulement d’enseigner ce qui est juste, mais surtout de présenter la vérité d’une manière et dans l’ordre appropriés. C’est là une règle de conduite qui s’applique à tout ce que nous entreprenons: si nous voulons récolter de bons fruits, il ne suffit pas de planter une bonne semence; il faut encore la planter au temps convenable, dans une terre préparée d’avance, et il faut s’occuper de la jeune plante jusqu’à ce qu’elle ait pris assez de force. De même, pour les humains, la semence doit être semée avec soin, dans la prière et avec sagesse, selon les paroles de notre Maître: “Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes.”

Parlez d’abord du Rétablissement et des beautés du plan de Dieu qui se déploie; puis, montrez que tout cela nous attend et dépend du Roi et du Royaume à venir. Ensuite, quand votre interlocuteur ou lecteur en sera venu à aimer le Roi et à soupirer après son Royaume, il sera assez tôt d’exposer la manière de sa venue, c’est-à-dire d’expliquer que ce n’est pas l’homme Jésus, mais Jésus en tant qu’être spirituel qui reviendra, invisible, (...) et, en dernier lieu, parlez des “temps”, disant que nous vivons maintenant “aux jours du Fils de l’hommeg”.

C’est grâce à de telles instructions sur la prédication que des centaines de témoins chrétiens ont peu à peu été instruits et formés à participer efficacement au service du champ.

LA SÉRIE DE “L’AURORE DU MILLÉNIUM”

THOMAS: Je pense qu’en quatre ans la distribution gratuite de plus d’un million d’exemplaires de la brochure Nourriture pour les chrétiens réfléchis aura énormément contribué à répandre le message. Mais à part les brochures, les tracts et La Tour de Garde, qu’est-​ce que Russell a écrit d’autre? Vous avez mentionné un certain nombre de livres. En était-​il aussi l’auteur?

JEAN: Oui, de ceux dont nous avons lu des extraits. Son premier livre, Les trois mondes, Russell l’avait écrit en collaboration avec Barbour. Puis on avait distribué un autre livre appelé “L’aurore du jour”, écrit par J. H. Paton, l’un des premiers compagnons de Russell. Mais grâce à la lumière croissante de la vérité, on s’est rendu compte que ni l’un ni l’autre de ces deux livres ne convenaient plus à l’œuvre. Il a donc été décidé que Russell écrirait un certain nombre de livres qui formeraient la série appelée “L’aurore du Milléniumh”. Après maintes difficultés, le premier livre est sorti de presse en 1886 comme tome I de la série promise. C’est celui dont nous avons déjà parlé. Il s’appelait d’abord “Le Plan des Âges” et, plus tard, “Le divin Plan des Âges”. Il s’est avéré l’un des moyens les plus précieux utilisés jusque-​là par la Société pour la diffusion de la bonne nouvelle. Ainsi, six millions d’exemplaires en ont été distribués en une quarantaine d’années. Il a permis à des centaines de personnes sincères de sortir de la religion apostate et de se joindre à la société naissante des témoins de Jéhovah.

Ce livre contenait une carte des âges qui ressemblait beaucoup à celle parue dans le livre Les trois mondes. C’était, en quelque sorte, le résumé de toutes les vérités comprises jusqu’en 1886, ainsi que celles parues dans Nourriture pour les chrétiens réfléchis et dans Les figures du Tabernacle. Il s’agissait d’un livre de 403 pages, écrit dans un style simple et courant, encore agréable à lire de nos jours; pourtant, à l’époque, la mode en était bien plus aux phrases de construction compliquée. Citons quelques-uns des seize chapitres pour donner une idée de l’espérance que le livre offrait au lecteur: “Une nuit de pleurs et un matin de joie”, “Démonstration de l’existence d’un Créateur souverainement intelligent”, “La venue de notre Seigneur, — son but, le rétablissement de toutes choses”, “La permission du mal et son rapport avec le plan de Dieu”.

Puis, vers la fin du livre se trouve un chapitre intitulé “Le jour de Jéhovah”, qui garde toute sa signification même de nos jours. En voici un bref extrait:

Le “jour de Jéhovah” est le nom de cette période durant laquelle le Royaume de Dieu, sous Christ, sera érigé graduellement (...), pendant que les royaumes de ce monde “passeront” et que le pouvoir et l’influence de Satan sur l’homme seront liés. Il est décrit partout comme un jour obscur, de trouble intense, de détresse et de perplexité parmi l’humanité. (...)

Il semble (...) que quelques-uns des saints seront encore dans la chair, au moins durant une partie de ce temps. [Cela s’est avéré juste.] Leur position, toutefois, différera de celle des autres, non pas en ce qu’ils seront miraculeusement préservés (bien qu’il soit distinctement promis que le pain et l’eau leur sont assurés), mais, en ce qu’étant instruits de la Parole de Dieu, ils n’auront pas à endurer sans espoir la même anxiété et la même angoisse qui se répandront sur tout le monde. [Là encore, c’est exactement l’image des témoins de Jéhovah vivant en ces temps actuels, depuis la Première Guerre mondiale.] (...) Les afflictions de ce “jour de Jéhovah” offriront l’occasion exceptionnelle de prêcher la bonne nouvelle du salut à venir; et bienheureux sont ceux qui suivent les traces du Maître, qui sont comme le bon Samaritain, bandant les plaies et y versant de l’huile et du vin de joie et de consolationi.

Bien que ces pensées aient été émises des dizaines d’années avant la Première Guerre mondiale, il est surprenant de constater avec quelle exactitude se sont finalement produits les événements qui avaient été prévus.

LOÏS: Est-​ce que les autres livres de la série ont finalement été écrits?

JEAN: Au cours des années, cinq autres livres l’ont encore été: en anglais, le tome II, Le Temps est proche, a été publié en 1889; le tome III, Que ton règne vienne, en 1891; le tome IV, La Bataille d’Harmaguédon, qui s’appelait à l’origine “Le jour de vengeance”, est sorti de presse en 1897; le tome V, La réconciliation entre Dieu et l’homme, en 1899; et enfin, le tome VI, La Nouvelle Création, en 1904.

MARIE: Ces livres s’appelaient la série de “L’aurore du Millénium” jusqu’à la fin de 1904, quand on a décidé que le nom d’“Études des Écritures” montrerait plus clairement à quel usage étaient destinées ces publications, et comment elles seraient le plus utile au lecteur. À la même époque, on proposait aux colporteurs quatre manières différentes de présenter les livres au publicj. Voici ce que le pasteur Russell disait dans La Tour de Garde (angl.) du 15 juillet 1906:

Et notre promesse de sortir la série complète ne s’est pas encore réalisée; car, bien que six tomes aient déjà paru, un septième sur l’Apocalypse et sur Ézéchiel est encore à venir; la parution en a été retardée par l’accroissement de l’œuvre en général, et cela, sans aucun doute, en accord avec le “temps voulu” du Seigneurk.

LA BONNE NOUVELLE PARVIENT EN EUROPE

THOMAS: Est-​ce que la distribution en Grande-Bretagne de la brochure Nourriture pour les chrétiens réfléchis, à laquelle vous avez fait allusion, était la première œuvre entreprise en dehors des États-Unis?

JEAN: Oui, c’est exact, du moins d’après les rapports, et le Canada mis à part. Au bout de quelques années, de petits groupes ont pu être réunis en Grande-Bretagne pour l’étude de la Bible. En raison de l’intérêt croissant, il a été décidé en 1891 que Russell ferait son premier voyage à l’étranger en qualité de président de la Société. Il pourrait ainsi encourager cet intérêt et contribuer à étendre l’œuvre à l’extérieur des États-Unis et du Canada. Son voyage missionnaire allait durer deux mois. Russell et les personnes qui l’accompagnaient se sont embarqués à New York pour Belfast, en Irlande, où ils ont rencontré un premier groupe d’amis. De là, leur itinéraire les a conduits dans d’autres groupes et dans des lieux historiques, tels que Glasgow et Édimbourg, en Écosse. Son voyage l’a conduit en Russie, jusqu’en Turquie et en Égypte, d’où il a regagné l’Angleterre avant de reprendre le chemin de New Yorkl.

Le compte rendu de ce voyage donne une image intéressante de l’œuvre de diffusion de la bonne nouvelle, alors en cours. Russell écrit:

Nous ne constatons aucune facilité ni aucun empressement pour la vérité en Russie, (...) rien pour nous encourager à espérer une moisson quelconque en Italie, en Turquie, en Autriche ou en Allemagne. (...) Les Italiens ont si longtemps subi l’influence néfaste de la papauté que, tels les Français, ils avancent à grands pas vers l’incroyance déclarée (...). Mais la Norvège, la Suède, le Danemark, la Suisse et surtout l’Angleterre, l’Irlande et l’Écosse sont des champs mûrs qui attendent d’être moissonnésa.

Selon les prévisions de Russell, c’est dans ces derniers pays que la vérité s’est librement répandue à partir de 1891. Ayant reconnu qu’il existait un urgent besoin en Angleterre, Russell a immédiatement fait établir à Londres un dépôt pour les publicationsb. D’ailleurs, c’est à Londres que la Société a ouvert, en 1900, sa première filiale située en dehors des États-Unisc.

THOMAS: Qu’en est-​il des pays scandinaves et des autres pays dont la langue maternelle n’est pas l’anglais? Les écrits de la Société étaient-​ils disponibles dans leur langue?

JEAN: Pas au début, car la Société ne publiait ses écrits qu’en anglais. Mais après le voyage de Russell à l’étranger, des dispositions ont été prises pour commencer à publier livres et brochures divers en allemand, en français, en suédois, en danois et norvégien, en polonais, en grec et par la suite en italien. Peu à peu, la bonne nouvelle allait donc parvenir à des régions plus éloignées du globe et atteindre les peuples d’autres nations et d’autres langues. En 1903, une filiale a été ouverte en Allemagned, et, l’année d’après, une autre en Australie où un premier témoin avait déjà été envoyé en 1903e.

THOMAS: Quelle expansion votre œuvre avait-​elle enregistrée jusque-​là?

JEAN: Un passage de La Tour de Garde (angl.) de janvier 1891, page 3, va nous éclairer un peu sur le nombre présumé de ceux qui s’étaient joints à l’œuvre en ce temps-​là.

La diffusion mensuelle de la TOUR s’élève en moyenne à dix mille exemplaires environ, ce qui, d’après des estimations sûres, représenterait quinze mille lecteurs. À en juger d’après les lettres que nous recevons, nous estimons que parmi tous nos lecteurs, dispersés dans toutes les parties du globe, quatre mille environ sont entièrement consacrés au Seigneur et emploient leurs aptitudes à le louer de leur mieux. (...) Or, si 4 000 personnes vivant à présent sont fidèles et entièrement consacrées au Seigneur, c’est grâce aux progrès qu’elles ont faits au cours des dix dernières années, ce chiffre indiquerait une moyenne annuelle de 400 personnes pour les dix dernières années.

En somme, cela représentait un accroissement annuel assez important pour ces premières années de l’œuvre.

AFFERMISSEMENT DE L’ORGANISATION

Cet accroissement a fait comprendre qu’il fallait affermir davantage l’organisation, et que ceux qui s’étaient joints à elle avaient besoin d’être fortifiés sur le plan spirituel par de grandes assemblées régulières. Nous avons déjà eu l’occasion de dire que de telles assemblées se tenaient depuis 1879 lors du repas du Seigneur. Mais en 1893, il a été jugé utile de tenir la première grande assemblée dans une autre ville que Pittsburgh. On a donc pris des mesures, en 1893, pour tenir une assemblée nationale à Chicago, dans l’Illinois, du 20 au 24 août, soit en même temps que l’Exposition universelle, aussi appelée Exposition colombienne. En raison de cette exposition, les chemins de fer accordaient des tarifs réduits aux voyageurs se rendant à Chicago. Les témoins ont saisi cette occasion pour assister à l’assemblée, puis, selon leur désir, pour rester quelques jours de plus afin de visiter l’Exposition universelle. Ce compte rendu est digne d’intérêt:

L’assistance s’éleva à quelque 360 personnes (...). Après [la réunion de prières de chaque matin] fut prononcé un discours d’une heure et demie environ, puis la séance fut suspendue pour le déjeuner, après quoi, l’après-midi fut consacré, de 14h. à 17h., à répondre publiquement à des questions. Le dernier jour fut consacré à l’œuvre de colportage; et, le lendemain de la clôture de l’assemblée, quelques colporteurs [ou pionniers] expérimentés restèrent avec d’autres colporteurs qui obtenaient moins de succès, et avec les débutants, pour donner un cours de colportage en vue de les instruire et de leur expliquer aussi bien les bonnes que les mauvaises méthodes, manières et expressions (...) [environ 50 colporteurs y assistèrent]. L’Église baptiste du Calvaire de Chicago eut l’obligeance de nous accorder le droit d’utiliser son baptistère; en tout, 70 personnes symbolisèrent leur baptême dans la mort du Christ par l’immersion dans l’eau. Le nombre des frères et des sœurs était à peu près le même, et leur âge variait entre 17 et 70 ansf.

Cependant, l’œuvre allait s’enrichir d’une nouvelle activité. En 1894, la Société introduisait un nouveau programme en vue d’affermir l’organisation et de resserrer les liens entre ses membres. À partir de cette année-​là, vingt représentants qualifiés de la Société Watch Tower quittaient Pittsburgh en fin de semaine, pour faire des discours publics et créer de nouvelles congrégations ou “ecclésias”g.

À vrai dire, cette activité n’était pas tout à fait nouvelle. Vous vous souvenez que nous avons dit que Russell et quelques autres frères visitaient les premières congrégations. Or, c’est dans La Tour de Garde (angl.) de décembre 1879, page 8, que ces visites aux congrégations sont mentionnées pour la première fois, dans un article assez court, sous le titre “La prédication”. On y lisait:

Presque tous les frères dont les noms figurent sur notre liste comprenant ceux qui écrivent régulièrement des articles, ainsi que le rédacteur et trois autres frères qui n’écrivent pas pour LA TOUR DE GARDE, mais qui sont en faveur de la vérité et en accord avec l’enseignement donné par ce périodique, prêchent la bonne nouvelle partout où le Seigneur de la Moisson ouvre la voie. Les demandes en vue d’obtenir leurs services peuvent être adressées à ce bureau.

En 1897, cette activité a connu un plus grand essor grâce à l’“œuvre des frères pèlerins”. Pour cette année-​là, trois représentants à plein temps se sont vu confier la tâche de visiter les congrégations. Selon un itinéraire préétabli, ils se rendaient d’une congrégation à l’autre où ils passaient un jour ou deux à présider les réunions et à dispenser la nourriture spirituelle. Cette œuvre a été un réel bienfait pour les frères, puisque, sous de nombreux rapports, elle a contribué à créer l’union dans la manière de penser parmi les congrégations. De plus, elle servait à resserrer les liens entre les frères en leur permettant de mieux s’acquitter de leur responsabilité de prêcher. À part La Tour de Garde et la correspondance occasionnelle, les visites des frères pèlerins constituaient, pour ainsi dire, le seul lien qui rattachait les congrégations au bureau central de Pittsburghh. À mesure que les années passaient, le nombre des congrégations des étudiants de la Bible augmentait. Aussi la Société a-​t-​elle dû charger plus de frères pèlerins d’assumer ce service, afin de maintenir le contact avec l’organisation. En 1905, ils étaient vingt-cinqi à accomplir ce service, et en 1917, quatre-vingt-treizej.

MARIE: Jean, il y a un instant, tu as mentionné le courrier que la Société recevait. Thomas et Loïs seraient peut-être heureux de savoir que des lettres étaient fréquemment publiées dans La Tour de Garde, si elles présentaient un intérêt général. J’en ai trouvé une qui est particulièrement intéressante. Permets-​tu que je la lise?

JEAN: Certainement. Je suppose que tu penses à celle qui a été écrite en 1894 par un monsieur qui s’intéressait au message.

MARIE: Oui, c’est celle-là. [Elle lit.]

Messieurs, Vous trouverez ci-inclus un chèque de six dollars sur New York, somme contre laquelle je vous prie de m’envoyer ZION’S WATCH TOWER [Le Phare de la Tour de Sion] pendant un an et des exemplaires de MILLENNIAL DAWN [L’aurore du Millénium].

Pour vous expliquer la commande de tant de livres, j’aimerais vous dire que deux jeunes dames [pionniers de la Watch Tower] ont passé à mon étude [d’avocat] pour me vendre ces ouvrages, il y a deux mois environ. J’étais très occupé quand elles m’ont présenté leur carte; mais voyant qu’elles vendaient des livres, j’ai acheté les trois volumes avec la pensée de leur venir ainsi en aide. Depuis, j’en ai conclu que ces dames m’ont apporté une “bonne nouvelle, sujet d’une grande joie”. J’ai emporté les livres chez moi et je n’y songeais plus guère quand, il y a quelques semaines, disposant d’un peu de loisir, je me suis mis à lire le premier volume. Il était si intéressant que je ne pouvais plus m’arrêter. Le résultat est que ma chère femme et moi-​même avons lu ces livres avec le plus vif intérêt. Nous considérons comme une grande grâce divine le fait d’avoir eu l’occasion d’entrer en leur possession. Ils sont vraiment un “guide” pour l’étude de la Bible. Les grandes vérités révélées dans les études présentées dans cette série ont tout simplement renversé nos aspirations terrestres. Reconnaissant, dans une certaine mesure tout au moins, la grande occasion qui nous est offerte de faire quelque chose pour le Christ, nous avons l’intention d’en profiter pour distribuer ces ouvrages, d’abord parmi nos proches parents et amis, ensuite parmi les pauvres qui désirent les lire et ne peuvent les acheter. C’est pour cette raison que nous désirons tous ces exemplaires en supplément. (...) Veuillez agréer, etc.k

Cette lettre, c’est l’avocat J. F. Rutherford qui l’a signée en 1894.

LOÏS: Oh, ça c’est intéressant! Ce devait être le juge Rutherford. Je me rappelle son nom du temps où j’étais encore fillette. Mon père aimait l’écouter parler à la radio, tandis que ma mère, elle, ne l’aimait pas. Ce que je vous dis là se passait longtemps après la rédaction de cette lettre.

JEAN: Oui, c’est juste. Quant à Rutherford, il s’est voué à Jéhovah douze ans plus tard; et, en 1907, il a été nommé avocat de la Société au bureau central à Pittsburgh, soit à la “Maison de la Bible”. C’est lui qui est devenu le deuxième président de la Société après la mort du pasteur Russell.

[Notes]

a a w avril 1881, p. 7.

b b w mai 1881, p. 8.

c c w janv. 1886, p. 2.

d d w 1892, p. 301.

e e w avril 1881, p. 7.

f f w juillet-​août 1881, pp. 1, 2.

g g w avril 1881, p. 8.

h h En 1904, cette série fut appelée “Études des Écritures” (w 1904, pp. 246, 274), nom qui fut adopté dans certaines éditions à partir d’octobre 1904 (w 1904, p. 306); à ce moment-​là, le tome I était appelé “Série I” (Ibid., p. 322). Cette habitude s’est surtout généralisée dès le début de 1906 (w 1906, p. 34 [voir aussi wF nov. 1920, p. 16]).

i i Études des Écritures (1886), tome I, pp. 343, 379, 383 (éd. 1919); w 1911, pp. 320, 329.

j j w 1904, pp. 246-248.

k k w 1906, p. 236 [voir aussi wF déc. 1920, p. 25, note en bas de page].

l l Lors de ce voyage, Russell visita les villes suivantes: Copenhague, au Danemark; Berlin et Leipzig, en Allemagne; Vienne, en Autriche; Kichinev, en Russie; Constantinople, en Turquie; Athènes, en Grèce; Jérusalem, en Palestine; Le Caire, en Égypte, où il alla voir les pyramides; Rome, en Italie; Berne, en Suisse; Paris, en France; Bruxelles, en Belgique; Amsterdam, en Hollande; ainsi que Londres et Liverpool, en Angleterre. Dans chacune de ces deux dernières villes, Russell parla à 150 personnes avant de rentrer à New York (w 1891, pp. 95, 148).

a m Ibid. Quant aux observations personnelles faites par Russell sur les missions protestantes à l’étranger, voir w 1892, pp. 3-7; w 1891, p. 148.

b n À la fin de 1891, au 62, Paternoster Row (w 1892, p. 2).

c o Au 131, Gipsy Lane, Forest Gate, East London (w 1900, p. 146).

d p w 1903, pp. 197, 454.

e q Ibid., pp. 386, 455; w 1904, p. 82 [voir aussi wF août 1904, p. 60].

f r w 1893, p. 280.

g s w 1894, p. 393.

h t w 1897, p. 309.

i u w 1905, p. 375.

j v w 1917, p. 374.

k w w 1894, p. 127.

[Illustration, page 30]

“NOURRITURE POUR LES CHRÉTIENS RÉFLÉCHIS”, 1881.

[Illustration, page 32]

“L’AURORE DU MILLÉNIUM”.

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