Obtenir miséricorde en faisant miséricorde
LES hommes sont miséricordieux envers eux-mêmes. Ils veulent que les autres le soient envers eux. Tous les hommes ont besoin de miséricorde, car tous ont des faiblesses et des manquements les obligeant à recevoir le pardon des autres. Mais qu’arrive-t-il souvent ? Pourquoi ceux qui ont besoin de miséricorde la refusent-ils aux autres ? Bien sûr, ils manifestent une miséricorde égoïste en étant indulgents et compréhensifs pour ceux qui ont les mêmes faiblesses qu’eux, mais, sur les points où ils sont forts, et sur lesquels ils ne nécessitent que peu de pardon, ils ont tendance à être des juges sévères. Un homme peut ne pas être tenté par l’alcool et se montrer très intolérant envers ceux qui le sont, mais en même temps, il pèche dans le domaine de la moralité sexuelle et implore beaucoup de miséricorde pour lui-même et pour tous ceux qui ont cette faiblesse. Le bavard condamne le cupide, le cupide montre du doigt le coléreux qui, à son tour, injurie l’ivrogne, lequel se moque de l’idolâtre, celui-ci regarde d’un air désapprobateur le fornicateur, et chacun, pendant ce temps-là, est aussi indulgent pour soi-même qu’il est sévère pour les faiblesses d’autrui. Le péché, c’est le péché, qu’il soit commis d’une façon ou d’une autre. Si nous péchons contre un commandement de la loi de Dieu, nous avons violé sa loi. Le bavard se livre au péché aussi sûrement que le fornicateur, et Dieu classe les deux coupables comme pécheurs. Tous deux ont besoin de sa miséricorde et de son pardon. “ Car quiconque observe toute la loi mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous. ” — Jacq. 2:10.
Trois versets plus loin Ja 2:13, le disciple Jacques ajoute cet important rappel : “ Car le jugement est sans miséricorde pour qui n’a pas fait miséricorde. La miséricorde triomphe du jugement. ” Si nous étions jugés strictement sur la base du bien et du mal, aucun de nous ne pourrait résister ; mais la miséricorde de Dieu intervient en notre faveur pour nous faire triompher du jugement et en sortir approuvé. Cependant, pour obtenir cette miséricorde de Dieu, nous devons la pratiquer envers les autres, et non seulement dans les cas impliquant nos faiblesses, que nous comprenons bien, mais encore dans des cas impliquant des péchés auxquels nous ne cédons jamais et qui nous empêchent de comprendre pourquoi les autres les pratiquent. Les chrétiens cherchant la miséricorde divine ne peuvent pas se permettre d’oublier les paroles de Jésus : “ Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi ; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera non plus vos offenses. ” — Mat. 6:14, 15.
Fréquemment, on entend une personne condamner les fidèles figures bibliques. L’une peut, avec indignation, attirer l’attention sur le cas d’immoralité de David ; une autre, considérer Noé comme un ivrogne. Il est vrai que David commit un adultère avec Bath-Schéba et que Noé but une fois trop de vin. (Gen. 9:21 ; II Sam. 11:4) De plus, Moïse, le plus doux des hommes, s’irrita et prononça des paroles imprudentes, ce qui l’empêcha d’entrer dans la Terre promise. Élie s’enfuit par crainte de servir comme prophète ; Jonas se dirigea vers un endroit opposé car il n’aimait pas le territoire qui lui était assigné ; Jérémie décida de cesser la prédication parce qu’elle lui était un sujet de reproche et de dérision ; Pierre renia Jésus et, en une autre occasion, se compromit par crainte sur un point de doctrine. (Nomb. 12:3 ; 20:10-13 ; I Rois 19:1-18 ; Jér. 20:7-9 ; Jon. 1:1-3 ; Mat. 26:69-75 ; Gal. 2:11-14) Mais que prouvent ces faits ? qu’ils étaient des pécheurs endurcis et foncièrement pervers ? Non ! Simplement qu’ils étaient imparfaits et qu’ils avaient besoin de la miséricorde de Dieu. Ils acceptèrent les réprimandes que le Seigneur leur fit, se repentirent de leur péché momentané, et persévérèrent fidèlement dans leur service.
Ce que leurs critiques, justes à leurs propres yeux, manquent d’apprécier, c’est que ces hommes n’abusèrent pas de la miséricorde divine en faisant du péché une pratique régulière pour la satisfaction des faiblesses de la chair. Ils acceptèrent les réprimandes de Dieu et montrèrent qu’il n’avait pas exercé sa miséricorde en vain, mais qu’elle leur permit de revenir à la droiture. En s’empressant de critiquer ces hommes, et en se posant en défenseurs des principes plus élevés que ceux de Dieu, ces critiques manquent de discerner comment de tels cas exaltent la miséricorde de Dieu. Paul le confirme en ces mots : “ Là où le péché abonde, la bonté imméritée abonde encore davantage. ” (Rom. 5:20, NW) Ils n’apprécient pas non plus ces paroles de Jésus : “ Cessez de juger et vous ne serez jugés d’aucune façon ; cessez de condamner et vous ne serez condamnés d’aucune façon. ” (Luc 6:37 ; Rom. 14:4, NW) Indubitablement, ces critiques arrogants ont davantage besoin de miséricorde que ceux qu’ils critiquent, et si l’on inscrivait leurs péchés pour que le monde les lise, ils seraient peut-être trouvés coupables des mêmes péchés et de bien d’autres encore. Mais personne ne devrait en conclure hâtivement qu’on peut s’abandonner aux péchés et à la concupiscence, leur permettre d’avoir de l’emprise sur nous et compter sur la miséricorde de Dieu afin de tenir jusqu’au bout et entrer dans le monde nouveau. Tout en étant droits, nous ne sommes pas parfaits : nous tombons, mais nous devons nous rétablir et nous relever. — Prov. 24:16.
Ainsi, tous nous sommes des pécheurs imparfaits qui avons besoin de miséricorde. La miséricorde qui travaille à notre salut vient de Jéhovah : “ Au Seigneur, notre Dieu, appartiennent les miséricordes et le pardon. ” (Dan. 9:9, Sy) Elle nous est donnée par l’intermédiaire de Christ Jésus, “ par le moyen duquel nous avons notre délivrance par la rançon et le pardon de nos péchés. ” (Col. 1:14, NW) Finalement, nous devons user de miséricorde envers les autres si nous l’attendons pour nous-mêmes. “ Continuez à vous supporter l’un l’autre et à vous pardonner l’un l’autre largement, si l’un a sujet de se plaindre de l’autre. Tout comme Jéhovah vous a pardonné largement, faites-le vous aussi. Heureux sont les miséricordieux, puisqu’on leur fera miséricorde. ” — Col. 3:13 ; Mat. 5:7, NW. w 15/5/51