Questions de lecteurs
● Dans les publications de la Société, il y a parfois des changements dans l’explication de certains sujets bibliques. À propos de nos croyances nous disons qu’elles sont “la vérité” ; mais la “vérité” change-t-elle ?
En fait, c’est la Bible qui, parlant des croyances en harmonie avec les Écritures, dit qu’il s’agit de la “vérité”. Dans II Pierre 2:2, le culte basé sur de telles croyances est appelé “la voie de la vérité”. Parlant de cette voie de la vérité, les Proverbes (4:18) disent : “Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat va croissant jusqu’au milieu du jour.” Ainsi, nous ne connaissons pas encore toutes choses. En fait, même lorsque le nouveau système de choses, qui succédera à Harmaguédon, sera introduit, nous ne saurons pas tout. Durant l’éternité, il y aura toujours quelque chose à apprendre. C’est ce qu’indiquent les paroles de Paul contenues dans Romains 11:33, où nous lisons : “Ô profondeur de la richesse et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables et que ses voies sont impénétrables !”
Il faut donc s’attendre à ce que, parfois, il y ait un changement de point de vue. Nos croyances fondamentales peuvent être une vérité biblique solidement établie, bien que certains détails n’aient pas été pleinement compris dans le passé. En temps voulu et avec l’aide de l’esprit de Jéhovah, ces points sont rendus compréhensibles.
Par exemple, il y a quelques années, nous avons eu une série d’articles de La Tour de Garde (éditions du 15 février au 15 mars 1963) sur les “autorités supérieures”. Avant que ces articles ne soient publiés, nous savions et enseignions que Jéhovah est le Très-Haut et que Jésus lui est immédiatement inférieur, en puissance et en autorité. Nous savions qu’il nous fallait respecter les lois humaines, mais que, en cas de conflit entre la loi des hommes et celle de Dieu, nous devions obéir à Dieu comme chef plutôt qu’aux hommes. Ces vérités fondamentales n’ont pas changé. Elles sont les mêmes aujourd’hui qu’hier. Cependant, par un examen minutieux des Écritures, nous sommes arrivés à comprendre que certains textes de la Bible devaient être appliqués d’une façon différente. Par exemple, nous avons compris que les “autorités supérieures” mentionnées dans Romains 13:1 sont, non pas Jéhovah Dieu et Jésus-Christ, mais les chefs politiques. Cela est également vrai pour Tite 3:1 et I Pierre 2:13, 14. Néanmoins, la vérité de base n’a pas changé ; notre point de vue concernant Dieu et l’État est le même qu’auparavant.
Il en est de même de notre étude sur la résurrection. Nous croyions en la résurrection des morts avant la récente parution d’une série d’articles sur ce sujet dans La Tour de Garde (éditions du 15 mars, 15 mai au 15 juillet 1965), et nous y croyons encore maintenant. Nous pensions également que 144 000 seraient ressuscités pour une vie céleste avec le Christ et qu’un nombre beaucoup plus important ressusciteraient en tant qu’humains ; certains d’entre eux seraient des personnes qui auraient servi Dieu fidèlement dans le passé, alors que d’autres auraient été ‘injustes’. Nous croyions aussi qu’une œuvre d’éducation devait avoir lieu après la résurrection. Ces vérités n’ont pas changé. Mais maintenant nous savons, selon les Écritures, que les ressuscités seront plus nombreux que ce que nous espérions. Ainsi, plutôt que de rejeter la vérité concernant la résurrection, celle-ci s’en trouve étendue et renforcée, et notre appréciation de l’amour et de la miséricorde de Jéhovah, qui a pourvu à la résurrection, n’en est que plus grande.
C’est exactement le contraire de ce qui est arrivé à certains hommes au sujet desquels Paul fit la remarque suivante dans II Timothée 2:18 : “Ces hommes ont dévié de la vérité, disant que la résurrection a déjà eu lieu ; et ils renversent la foi de quelques-uns.” Ces hommes n’avaient aucune croyance en la résurrection. Pour eux, tout se limitait à la vie présente. Mais ils avaient rejeté la vérité enseignée par Jésus. De la même façon, il y a eu des changements dans les explications fournies par la chrétienté. Mais celle-ci a rejeté la Bible qu’elle considère comme un mythe et a repoussé ses principes de moralité, les jugeant périmés. Quelle énorme différence entre ce qui se passe au sein de la chrétienté et ce que fait Jéhovah pour son peuple, afin que notre compréhension soit toujours plus conforme à sa Parole inspirée de vérité !
● Selon la New World Translation of the Holy Scriptures, Habacuc 1:12 dit entre autres : “Ô mon Dieu, mon Saint, tu ne meurs pas.” Dans d’autres versions, il est écrit : “Nous ne mourrons pas.” (Sg, Da.) Comment expliquer cette différence ?
Au cours de leur travail de copie des manuscrits bibliques, les anciens scribes juifs, ou sopherim, s’efforçaient d’être scrupuleusement exacts. Mais plus tard, ces copistes prirent certaines libertés. C’est ainsi qu’ils introduisirent dix-huit variantes dans le texte hébreu des Écritures. Ces changements étaient de fausses corrections. Toutefois, les massorètes, scribes qui succédèrent aux sopherim, notèrent les modifications apportées par ces derniers dans les marges du texte hébreu. Ces remarques sont connues sous le nom de Massore. L’une des dix-huit émendations faites par les sopherim, ou tiqqouné sopherim, se trouve dans Habacuc 1:12.
Certaines traductions, telle la version Segond, rendent Habacuc 1:12 selon le texte massorétique, avec la variante introduite par les sopherim. Ce passage se lit donc ainsi : “Nous ne mourrons pas.” Mais le comité de traduction de la Traduction du monde nouveau a consciencieusement remis la leçon originale qui dit, à l’adresse de Jéhovah : “Tu ne meurs pas.” Cette traduction s’accorde en outre avec le reste de ce passage biblique.
Dans la version Segond, Habacuc 1:12 se lit ainsi : “N’es-tu pas de toute éternité, Éternel, mon Dieu, mon Saint ? Nous ne mourrons pas ! Ô Éternel, tu as établi ce peuple pour exercer tes jugements ; ô mon rocher, tu l’as suscité pour infliger tes châtiments.” Ce texte faisant plusieurs fois allusion à Dieu, les mots “nous ne mourrons pas” se rapportant au peuple ne semblent donc pas s’accorder avec le reste du passage. Par contre, la leçon donnée par la New World Translation ne pose aucun problème. Elle présente un parallélisme dans les phrases, et nous lisons : “N’es-tu pas dès les temps lointains, ô Jéhovah ? Ô mon Dieu, mon Saint, tu ne meurs pas. Ô Jéhovah, pour un jugement tu l’as établi ; et, ô Rocher, pour la réprimande tu l’as fondé.”
D’autres traductions récentes s’accordent avec la New World Translation pour rendre Habacuc 1:12. Par exemple, la Bible de Dhorme dit : “Tu ne meurs pas, Jahvé.” La version de Jérusalem rend ce passage comme suit : “Dès les temps lointains n’es-tu pas Yahvé, mon Dieu, mon Saint ? Toi qui ne peux mourir !”
L’érudit C. D. Ginsburg fit à propos d’Habacuc 1:12 les importantes remarques suivantes : “D’après tous les anciens documents il est net qu’il s’agit là du texte corrigé par les sopherim et que la leçon originale fut celle-ci : ‘N’es-tu pas d’éternité ? Ô mon Seigneur, mon Dieu, mon Saint, tu ne meurs pas ! Le parallélisme montre clairement que c’est là la traduction correcte. Dans les deux membres de phrase, les paroles s’adressent au Seigneur, qui est décrit, dans le premier, comme étant de toute éternité, et dans le second, comme ne mourant jamais ou existant éternellement. Par conséquent, l’introduction d’un nouveau sujet au pluriel avec l’affirmation ‘nous ne mourrons pas’, attribuant ainsi au peuple l’immortalité, s’oppose à la portée du passage (...). Il ne faut pas chercher longtemps pour trouver l’explication de cette modification du texte. On jugeait choquant d’affirmer à propos du Seigneur : ‘Tu ne meurs pas.’ C’est pourquoi on écrivit à la place : ‘Nous ne mourrons pas.’” — Introduction to the Massoretico-Critical Edition of the Hebrew Bible, 1897, p. 358.
De toute évidence, si les sopherim juifs firent une correction dans Habacuc 1:12, c’est qu’ils jugeaient blasphématoire d’associer d’une manière quelconque à Dieu l’idée de mortalité. Pourtant le fait de dire : “Tu ne meurs pas” en s’adressant à Jéhovah Dieu, n’a rien d’irrévérencieux. En réalité, ces mots portent un coup à la position de ceux qui, à notre époque, affirment que Dieu est mort, et ils s’harmonisent avec le psaume inspiré de Moïse où, à propos de Jéhovah, il est dit : “D’éternité en éternité tu es Dieu.” — Ps. 90:1, 2.