Chapitre 10
Fortifiés pour persévérer et endurer
LOÏS: Quand le temps de deuil a-t-il commencé pour les témoins?
JEAN: En 1914. C’était là un temps d’opprobre, d’épreuves et de déceptions. Mais Jéhovah n’éprouve jamais son peuple au-delà de ses forces; c’est la raison pour laquelle, à plusieurs reprises, La Tour de Garde a encouragé et exhorté les frères à persévérer avec patience. Ainsi, dans La Tour de Garde (angl.) du 1er janvier 1914, le pasteur Russell a mis en parallèle la situation où se trouvaient les premiers disciples de Jésus et celle des chrétiens qui allaient entrer dans l’année significative de 1914. Voici ce qu’il a dit:
Nous savons que, de ce côté-là, le peuple de Dieu a connu des déceptions. (...) Alors que l’Église [primitive] subissait ses premières persécutions, on croyait que ceux qui souffraient ne tarderaient pas à entrer dans la gloire. On pensait que le Royaume était proche. Parmi ceux qui furent déçus, certains continuèrent à attendre, à espérer et à prier. D’autres organisèrent le grand système papal, et ils déclarèrent que l’Église devait connaître la gloire maintenant (...).
Nous ne pouvons lire les signes des temps avec la même certitude absolue que les données doctrinales, car, dans les Écritures, le temps n’est pas aussi nettement énoncé que les doctrines fondamentales. Nous marchons encore par la foi et non par la vue. Pourtant, nous ne sommes pas sans foi ni incroyants, mais nous croyons et nous attendons. Si, par la suite, il devait s’avérer que l’Église n’a pas été glorifiée d’ici octobre 1914, nous tâcherons de nous contenter de la volonté du Seigneur, quelle qu’elle soit. (...) Nous croyons que la chronologie est une bénédiction. Si elle devait nous réveiller (...) plus tôt le matin que nous ne nous serions éveillés autrement, tant mieux! Ce sont ceux qui demeurent éveillés qui obtiendront la bénédiction. (...)
Si, dans sa providence, le Seigneur faisait venir ce temps vingt-cinq ans plus tard, alors la volonté du Seigneur serait également la nôtre. Cela ne changerait rien aux faits que le Fils de Dieu fut envoyé par le Père, qu’il est le rédempteur de notre espèce, que c’est lui qui est mort pour nos péchés, que c’est lui qui choisit l’Église pour en faire son Épouse, et que la chose qui doit encore venir, c’est l’établissement du glorieux Royaume placé entre les mains de ce grand Médiateur, qui (...) bénira toutes les familles de la terre. Ces faits restent les mêmesa.
En mai, le pasteur Russell s’est de nouveau référé aux prophéties dont on attendait l’accomplissement. Une fois de plus, il a mis ses lecteurs en garde contre le caractère incertain des prophéties chronologiques. Citons encore La Tour de Garde:
Le Seigneur déclare par le prophète David (Psaume 149:5-9, Da): “Que les saints se réjouissent de la gloire, qu’ils exultent avec chant de triomphe sur leurs lits! Les louanges de Dieu sont dans leur bouche, et une épée à deux tranchants dans leur main, pour exécuter la vengeance contre les nations, (...) pour exécuter contre eux le jugement qui est écrit. Cette gloire est pour tous ses saints.” Jusqu’ici nous n’avions pas mis en doute que cette description de la gloire des saints s’applique à ceux qui se trouvent de l’autre côté du voile, après l’accomplissement de la première résurrection. [Il entend après que ceux-ci auront accédé au ciel.] Mais un examen approfondi de ces paroles nous prévient de ne pas être trop sûrs de nous-mêmes quant à une telle supposition. Nous suggérons comme une simple possibilité qu’un temps puisse venir où une partie des saints se trouvera dans la gloire, de l’autre côté du voile, alors que ceux qui sont encore dans la chair, de ce côté-ci du voile, entreront pleinement dans la joie de leur Seigneur et dans la participation de son œuvre. (...)
Mais le mot lits signifierait ici, en harmonie avec l’emploi qui en est fait ailleurs dans la Bible, un repos de la foi, c’est-à-dire que ces saints se trouvaient au repos au milieu de conditions adverses. (...)
De plus, alors que, d’après la prophétie, les louanges de Dieu sont dans leur bouche, ils tiennent dans leur main une épée à deux tranchants. Ici, comme ailleurs, cette “épée à deux tranchants” est évidemment la Parole de Dieu. Nous avons de la peine à nous figurer que les saints de l’autre côté du voile se servent de la Parole de Dieu. Cela semble indiquer, au contraire, que les saints décrits dans le passage biblique se trouvent de ce côté-ci du voile et se servent de l’épée de l’esprit, qui est la Parole de Dieu, tout en faisant retentir les louanges de Dieu pour ôter de son nom le déshonneur dont il a été entaché par l’ignorance, la superstition et les croyances de l’âge des ténèbresb.
L’ŒUVRE DIVINE SE POURSUIVRA PROGRESSIVEMENT
Au début de l’année suivante, Russell s’est de nouveau référé au Psaume 149, en ces termes:
L’expression “pour exécuter contre eux le jugement qui est écrit” (...) paraît indiquer que les saints, de ce côté-ci du voile, ont une mission à remplir à l’égard du jugement qui va être exécuté sur les nations. Quelle est la portée exacte de ce texte à ce sujet, nous ne le savons pas encore. Rien, dans ce passage, ne s’oppose à la pensée d’après laquelle l’œuvre proprement dite du Royaume du Seigneur a commencé à s’accomplir; l’ébranlement des nations actuelles est, croyons-nous, dirigé par le Royaume. (...)
Nous estimons que, jour après jour, nous devons examiner les preuves qui s’ajoutent successivement, nous permettant de voir que les temps des nations sont expirés et que l’œuvre du Royaume de Dieu a commencé. (...) Dans le grand jour actuel du Seigneur, tout ce qui est ébranlable sera ébranlé jusqu’à sa ruine complète; car rien de ce qui est inique et indigne d’exister ne subsistera. C’est Dieu lui-même qui est l’auteur de l’ébranlement généralc.
Dans La Tour de Garde (angl.) du 1er novembre 1914, Russell insiste une fois de plus sur la patience. Il écrit:
Notre Seigneur nous fait voir qu’à sa seconde venue tous ses serviteurs qui auront le cœur bien disposé entendront quand il frappera à la porte; s’ils lui ouvrent immédiatement, il entrera et soupera avec eux. (...)
Lorsque parut l’année 1875, est-ce que tout fut accompli dans l’espace de 24 heures? Évidemment pas. Tous les véritables chrétiens s’éveillèrent-ils à la même minute? Ne se sont-ils pas plutôt éveillés tout au long de la moisson? Quelques-uns d’entre nous se sont même éveillés depuis peu de temps; (...)d.
Puis, après avoir passé en revue les nombreux événements qui ont marqué la période de quarante ans de moisson qui a précédé 1914, Russell poursuit:
Nous n’entrerons pas dans de plus amples détails, nous désirons simplement faire voir que ces prophéties ne se sont pas accomplies soudainement, mais graduellement, qu’elles commencèrent à une époque marquée et que leur accomplissement était certain. Que devons-nous penser du futur si on tient compte des enseignements du passé? (...)
Devons-nous penser que le Seigneur allait paraître à l’instant précis où les temps des nations étaient expirés? Certes pas. La Bible nous dit que “Jésus apparaîtra (...) au milieu d’une flamme de feu”. Combien de temps s’écoulera-t-il exactement après la période ci-dessus mentionnée jusqu’au moment où Christ se révélera au milieu d’une flamme de feu, nous ne le savons pas. (...)
L’œuvre de la moisson pendant la présence (parousia) de notre Seigneur s’est poursuivie progressivement jusqu’à aujourd’hui pendant quarante ans; si maintenant le temps de la fin [doit se dérouler] peu à peu, quelle doit être la durée de la période pendant laquelle les institutions actuelles seront abolies et le présent ordre de choses condamné et détruit pour faire place au règne de la justice? D’après ce que nous venons de voir, nous pensons que cette période de transition durera un bon nombre d’annéese.
Enfin, dans l’édition anglaise du 15 décembre 1914, le pasteur Russell cite I Thessaloniciens 5:4, 5, et y ajoute les commentaires encourageants que voici:
Dieu a promis qu’il donnerait, à ses vrais enfants, la lumière au temps marqué, et que ceux-ci auraient la joie de comprendre son Plan au moment propice. (...) Même si le temps où nous serons changés n’arrivait pas d’ici dix ans, que devrions-nous demander de plus? Ne sommes-nous pas un peuple béni et bienheureux? Notre Dieu n’est-il pas fidèle? Si quelqu’un connaît quelque chose de mieux, qu’il l’accepte. Si jamais quelqu’un d’entre vous trouvait quelque chose de mieux, nous espérons qu’il ne manquerait pas de nous le faire savoir. Nous, nous ne connaissons rien de mieux, ni rien qui vaille la moitié de ce que nous avons trouvé dans la Parole de Dieuf.
DU TRAVAIL POUR TOUS
Le pasteur Russell ne se contentait pas d’exhorter les frères à persévérer avec patience, mais il les encourageait également à rester actifs dans le service divin et à s’acquitter assidûment de la tâche qui leur incombait. Au début de 1915, il écrit dans La Tour de Garde:
Quelques enfants de Dieu croient que la porte est fermée, qu’il n’est plus possible de servir le Seigneur, aussi, ils négligent son œuvre. Nous n’avons pas de temps à perdre en nous imaginant que la porte est fermée. Il y a des gens qui cherchent la vérité et qui sont dans l’obscurité. Aucune époque n’a été comparable à ce temps-ci: jamais autant de personnes n’ont été disposées à entendre le bon message. Pendant les quarante ans du temps de la moisson, on n’a jamais eu des occasions de proclamer la vérité comme maintenant. La formidable guerre actuelle et les signes significatifs des temps réveillent les gens et ces derniers commencent à s’informer de ces choses. Les enfants du Seigneur doivent donc être très vigilants et faire tout leur possible pour accomplir la tâche qu’ils ont devant euxg.
Sans cesse encouragés, les témoins de Jéhovah avaient alors toute raison de rester inébranlables et de porter leurs regards pleins d’assurance vers les années à venir. C’est ce que beaucoup d’entre eux ont d’ailleurs fait. Cependant, l’opposition déjà croissante allait encore s’intensifier. Même si c’était là un temps de grandes épreuves, ceux qui étaient vigilants et désireux de faire la volonté divine ne manquaient pas d’encouragements pour rester fermes et inébranlables en prévision des bénédictions encore en réserve.
Le pasteur Russell était lui-même persuadé que le peuple de Dieu allait au-devant d’une grande œuvre. Ceux de ses proches collaborateurs encore en vie se plaisent à raconter combien son regard perspicace pénétrait l’avenir. Russell leur disait de se tenir prêts à recevoir ceux qui viendraient grossir les rangs. Pour consolider l’organisation, il a lui-même procédé à certains changements et en a recommandé d’autres pour quand il ne serait plus là. Il savait que le jour viendrait où tous les frères ne pourraient plus se réunir en une seule congrégation à Brooklyn, mais où ils se réuniraient alors en de nombreuses congrégations dans tous les quartiers de New York. En revanche, Russell ne se doutait guère par où il faudrait encore passer avant que ne puisse s’accomplir la grande œuvre qu’il avait prévue.
Alors que l’année 1915 touchait à sa fin et que commençait 1916, il sentait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps à consacrer à son ministère personnel auprès du troupeau de Dieu. Sa santé déclinait rapidement, et il lui était de plus en plus difficile de s’acquitter des nombreuses tâches qui le sollicitaient de toutes parts. Mais il ne s’inclinait pas. Presque tout seul, il avait pu tenir tête au monde religieux de la chrétienté, grâce à la vigueur de son caractère et à la fermeté de sa foi chrétienne. C’est surtout au début de son ministère que ces qualités lui ont permis, avec l’aide de l’esprit de Dieu, de résister à toutes les influences corruptrices venues du sein de l’organisation. Et à présent, ces mêmes qualités le soutenaient et l’empêchaient de s’écarter, au terme de sa vie, du service de Jéhovah qui lui était si cher.
En automne 1916, sa santé était devenue extrêmement précaire. Russell tenait néanmoins à effectuer la tournée de conférences prévue en Californie et dans le littoral du Pacifique. Avec son compagnon, il a quitté New York le lundi 16 octobre pour se rendre à Chicago en passant par le Canada et la ville de Detroit. Puis, tous deux ont traversé le Kansas pour descendre jusqu’au Texas. À plusieurs occasions, le secrétaire et compagnon de voyage de Russell a dû prendre la parole à sa place. Enfin, le mardi soir 24 octobre, à San Antonio, au Texas, le pasteur Russell a prononcé sa dernière conférence publique. Par trois fois, il a été obligé de quitter l’estrade pendant quelques instants et de laisser à son secrétaire le soin de continuer.
DÉCÈS DE CHARLES TAZE RUSSELL
C’est à Los Angeles, en Californie, qu’il a pris la parole pour la dernière fois, le 29 octobre 1916, pour parler aux frères. Il était alors si faible qu’il a été obligé de prononcer son discours assis. Se rendant compte que sa santé ne lui permettrait pas d’aller plus loin, il s’est décidé à annuler ses autres engagements et à rentrer au Béthel de Brooklyn aussi vite que possible. Il devait toutefois mourir en route à Pampa, au Texas, le mardi 31 octobreh.
Voici l’avis annonçant sa mort, tel qu’il a paru dans La Tour de Garde (angl.) du 15 novembre 1916:
La mort subite du pasteur Charles Taze Russell, rédacteur de LA TOUR DE GARDE, a causé une profonde émotion chez les nombreux amis qu’il comptait dans le monde entier. Les centaines de lettres et de télégrammes reçus prouvent combien étaient grands l’amour et l’estime qu’on lui rendait. Tous expriment le vif désir de contribuer à la poursuite de la grande cause qu’il avait défendue pendant tant d’années.
Frère Russell quitta Brooklyn le soir du 16 octobre pour remplir des engagements dans l’Ouest et le Sud-Ouest, mais, pour cause de maladie, il fut obligé de reprendre le chemin du retour avant la date prévue.
Il décéda à Pampa, au Texas, à bord du train de Santa-Fé. Frère Menta Sturgeon, qui l’avait accompagné dans ce voyage en qualité de secrétaire, télégraphia cette nouvelle au siège central de la WATCH TOWER BIBLE AND TRACT SOCIETY à Brooklyn, et ajouta: “Il mourut en héros.”
Son corps fut exposé le samedi au Béthel et au “Temple” pendant toute la journée du dimanche.
L’après-midi à 14 heures, le service funèbre fut célébré pour la congrégation, tandis que le soir un service eut lieu pour le public.
Vers minuit, son corps fut transféré à Allegheny, en Pennsylvanie, pour être exposé au Carnegie Hall où, le lundi après-midi à 14 heures, un service funèbre fut célébré par la congrégation de Pittsburgh, dont frère Russell avait été pasteur titulaire pendant de nombreuses années.
Selon son vœu, l’enterrement eut lieu dans les cimetières réunis de Rosemont, à Allegheny, dans la parcelle appartenant à la famille du Béthel.
Nous sommes heureux à la pensée que, au lieu de dormir dans la mort, comme les saints du passé, il est du nombre de ceux dont il est dit que “leurs œuvres les suivent”. Il a rencontré notre bien-aimé Seigneur dans les airs, celui qu’il a tant aimé au point de donner sa vie fidèlement dans son servicei.
Ainsi a pris fin la longue carrière de ce ministre chrétien vraiment dynamique et fidèle. Peu d’hommes ont connu les privilèges de service dont a joui le pasteur Russell et dont il ne s’est pourtant jamais attribué le mérite. Quant aux témoins de Jéhovah, ils n’honorent pas non plus sa personne, mais ils reconnaissent que son service fidèle et sa vie intègre à travers toutes sortes d’épreuves fournissent un récit encourageant que tout le monde ferait bien de considérer. En sa qualité de premier président de la Watch Tower Bible and Tract Society, C. T. Russell a été au service des témoins de Jéhovah pendant trente-deux ans. On dit qu’il a parcouru presque deux millions de kilomètres en tant que conférencier et qu’il a prononcé plus de 30 000 sermons. Ses livres comptent plus de 50 000 pages au total. Certains mois, il dictait jusqu’à mille lettres. Il dirigeait lui-même chaque service d’une œuvre d’évangélisation mondiale qui employait 700 prédicateurs. Enfin, il a élaboré le Drame biblique le plus extraordinaire que l’on ait jamais vuj.
LOÏS: Vraiment, il est étonnant qu’un seul prédicateur et éditeur ait pu accomplir tant de choses. Il n’est pas difficile de comprendre qu’il se soit épuisé dans une œuvre aussi astreignante. Voilà un homme digne d’admiration. J’imagine que sa mort a dû laisser un grand vide dans l’organisation.
JEAN: En effet, sa perte a été durement ressentie pendant quelque temps. Hors du service funèbre, plusieurs de ses proches amis et collaborateurs ont souligné combien cette perte était grande. Voici l’hommage que J. F. Rutherford a rendu à Russell, dans son discours funèbre:
Homme de cœur entièrement dévoué au Seigneur, ayant une constitution robuste et un cerveau fertile, il consacra toutes ses forces à prêcher aux hommes le grand message du Royaume du Messie et les bénédictions que celui-ci apportera au mondek.
UNE DESCRIPTION IMPARTIALE
Les hommes de la chrétienté n’approuvaient pas cet hommage rendu au pasteur Russell. Certains de ses ennemis l’ont haï après sa mort presque autant que de son vivant. Ils ont été si implacables dans leurs attaques contre lui que son nom est encore entaché de préjugés. Néanmoins, les faits sont là pour parler en sa faveur. C’est ce qui ressort de cette description impartiale rédigée quarante ans après sa mort:
Il y a de quoi s’étonner qu’aucune histoire de Pittsburgh n’ait jamais mentionné le nom de Charles Taze Russell, car aucun homme de cette ville, pas même Andrew Carnegie, n’a exercé une influence aussi puissante que la sienne. (...)
Il a fondé le seul grand mouvement religieux qui ait fait son apparition dans le district de Pittsburgh au cours des cent dernières années, mouvement qui a atteint une portée mondiale et qui, dans de nombreux pays, représente encore l’une des organisations religieuses au plus fort accroissement. (...)
Le pasteur Russell, (...) un nom aussi sincèrement aimé et aussi implacablement haï comme il n’y en a guère dans l’histoire des États-Unis.
Pendant des années, ce nom a fait l’objet des controverses les plus acharnées qui aient jamais divisé le monde chrétien, et ces controverses persistent encore, quoique son nom ne revienne plus si souvent dans les discussions. (...)
Tout au long de sa vie, il avait dit à ses disciples de ne voir en lui qu’un des leurs, guidé par Dieu. Et il leur enseigna si bien cela que son œuvre passa entre les mains d’autres hommes sans marquer à peine un temps d’arrêt. Quant à la maison d’édition fondée par le pasteur Russell, elle ne publia jamais de biographie de luil.
LOÏS: Le fait que le monde cherche à ignorer le nom de Russell parle peut-être en sa faveur. Tous les serviteurs de Dieu des temps anciens semblent avoir eu bien peu d’importance aux yeux du monde, et pourtant leurs œuvres subsistent. Certes, le pasteur Russell ne semble pas échapper à la règle. Mais n’avez-vous vraiment jamais publié de biographie de lui?
JEAN: Non. Voyez-vous, les témoins de Jéhovah admirent les qualités que le pasteur Russell possédait en tant qu’homme, mais lui rendre honneur serait lui attribuer également le mérite du succès de l’œuvre. Or, pour eux, c’est l’esprit divin qui guide et qui dirige le peuple de Dieu.
Cette attitude a été une pierre d’achoppement pour certains. Car ce sont précisément les qualités que Russell possédait, et que beaucoup de membres de l’organisation admiraient alors tellement, qui allaient devenir une véritable épreuve pour eux, au point de les faire échouer dans leur persévérance et de leur faire chercher l’occasion de se dresser contre le successeur de Russell, c’est-à-dire contre le nouveau président de la Société Watch Tower, J. F. Rutherford, et contre la Société elle-même.
[Notes]
a a w 1914, p. 4.
b b w 1914, p. 135.
c c wF 1915, p. 29.
d d Ibid., p. 11.
e e Ibid., p. 12.
f f w 1914, p. 377.
g g wF 1915, p. 31.
h h w 1916, pp. 360-366.
i i w 1916, p. 338 [voir aussi wF 1916, p. 82].
j j Études des Écritures, tome VII, p. 69; voir aussi Press de Pittsburgh, Pennsylvanie, 23 août 1953, supplément, p. 6. Voir les articles biographiques dans w 1917, pp. 131-136, 323-326; wF 1917, pp. 34, 39, 40; Journal pour Tous, 24 décembre 1916.
k k w 1916, p. 373. Pour le compte rendu publié le 6 janvier 1917 dans la presse de Pittsburgh, sous le titre “Le juge Joseph F. Rutherford succède au pasteur Russell”, voir la réimpression spéciale de l’édition commémorative de La Tour de Garde (angl.) du 1er décembre 1916, pp. 383, 384.
l l Where Else but Pittsburgh!, par George Swetnam (Pittsburgh, 1958: Davis & Warde, Inc.), pp. 110, 116.
[Illustrations, page 63]
CHARLES T. RUSSELL EN 1906.
JOSEPH F. RUTHERFORD EN 1915.