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La préconnaissance de DieuLa Tour de Garde 1971 | 1er juin
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de salut ou de jugement et à réaliser ensuite leurs prédictions. Leur impuissance dans ce domaine prouve que leurs idoles “ne sont qu’un vain souffle”. — És. 41:1-10, 21-29 ; 43:9-15 ; 45:20, 21.
Il faut considérer en second lieu le libre arbitre dont jouissent les créatures intelligentes de Dieu. Les Écritures montrent que le Créateur accorde à ces dernières le privilège et la responsabilité de choisir librement ou d’exercer le libre arbitre (Deut. 30:19, 20 ; Josué 24:15), de sorte qu’elles sont responsables de leurs actes (Rom. 14:10-12 ; Héb. 4:13). Ce ne sont donc pas de simples automates ou des robots. En réalité, l’homme n’aurait pas été créé à l’“image de Dieu” s’il ne possédait pas le libre arbitre (Gen. 1:26, 27). Logiquement, il ne devrait pas y avoir de contradiction entre la préconnaissance de Dieu (ainsi que sa faculté de prédestiner) et le libre arbitre de ses créatures intelligentes.
Il faut également tenir compte, ce qui est parfois négligé, des principes moraux et des qualités de Dieu, y compris sa justice, son honnêteté, son impartialité, son amour, sa miséricorde et sa bonté, tels que la Bible nous les fait connaître. Toute conception de l’usage que Dieu fait de son pouvoir de préconnaître et de prédestiner doit donc s’accorder avec l’ensemble de ces facteurs, et non seulement avec quelques-uns d’entre eux.
Évidemment, pour que Dieu puisse appeler “les choses qui ne sont pas comme si elles étaient”, ce qu’il préconnaît doit inévitablement se réaliser (Rom. 4:17). Les questions suivantes se posent donc : L’exercice de sa prescience est-il infini, sans limites ? Dieu prévoit-il et connaît-il d’avance toutes les actions futures de toutes ses créatures ? Détermine-t-il à l’avance toutes leurs actions, voire même leur destinée finale, avant même leur naissance ?
Dieu n’exerce-t-il pas plutôt sa prescience à son gré et d’une manière sélective, de sorte qu’il ne prévoit et ne connaît d’avance que ce qu’il veut ? Au lieu de prédestiner ses créatures avant leur naissance, ne préfère-t-il pas d’abord observer leur ligne de conduite et leur attitude dans l’épreuve avant de décider de leur sort éternel ? La réponse à ces questions doit nécessairement venir des Écritures elles-mêmes.
Le prédestinatianisme
La doctrine de ceux qui croient que Dieu ne limite pas l’usage de sa préconnaissance et qu’il détermine par avance la conduite et le sort final de tous les individus est connue sous le nom de prédestinatianisme. Les défenseurs de cette doctrine affirment que la divinité et la perfection de Dieu exigent qu’il soit omniscient (qu’il connaisse toute chose), non seulement pour ce qui est du passé et du présent, mais encore de l’avenir. D’après cette théorie, si Dieu n’avait pas la préconnaissance de toutes choses dans tous leurs détails, il serait alors imparfait.
Mais songez à toutes les implications d’une telle doctrine. Usant de sa prescience, Dieu aurait prévu et préconnu avant la création des anges et de l’homme tous les résultats de cette création, y compris la rébellion d’un de ses fils spirituels et celle du premier couple humain en Éden (Gen. 3:1-6 ; Jean 8:44), ainsi que les tristes conséquences de cette révolte à travers les siècles jusqu’à notre époque, et même au-delà. Cela reviendrait à dire que toutes les iniquités rapportées dans l’Histoire (les crimes et l’immoralité, l’oppression et les souffrances qui en résultent, le mensonge et l’hypocrisie, le faux culte et l’idolâtrie) existaient jadis, avant le début de la création, mais seulement dans l’esprit de Dieu, sous la forme de sa préconnaissance.
Si le Créateur de l’homme avait réellement usé de cette prescience pour connaître d’avance tous les faits de l’Histoire depuis la création de l’homme, alors c’est lui qui, en prononçant les mots : “Faisons l’homme”, aurait mis délibérément en mouvement la pleine force de toute la méchanceté qui a régné par la suite (Gen. 1:26). Ces faits mettent en question le caractère raisonnable et logique de cette conception de la prédestination ; surtout quand on lit les paroles du disciple Jacques selon lesquelles le désordre et toute chose vile ne viennent pas des cieux, de la présence de Dieu, mais sont d’origine “terrestre, animale, démoniaque”. — Jacq. 3:14-18.
Prétendre que Dieu ne serait pas parfait s’il ne connaissait pas par avance l’ensemble et les détails de tous les événements et de toutes les situations de l’avenir, c’est se faire une idée arbitraire de la perfection. En réalité, les facteurs permettant de déterminer si une chose est parfaite ou non sont la volonté de Dieu et son bon plaisir, et non les opinions ou concepts humains. — II Sam. 22:31 ; És. 46:10.
Illustrons cette pensée : la toute-puissance de Dieu est incontestablement parfaite, et ses moyens sont illimités (I Chron. 29:11, 12 ; Job 36:22 ; 37:23). Cependant, bien que Dieu possède une force parfaite, il n’en use pas obligatoirement, dans toute l’étendue de son omnipotence, dans tous les cas ou en toutes circonstances. Il est bien évident qu’il ne l’a pas fait, sinon en exécutant ses jugements comme par le déluge ou à d’autres moments, il aurait détruit la terre et ce qu’elle renferme, et non pas simplement quelques villes antiques ou certaines nations (Gen. 6:5-8 ; 19:23-25, 29). Par conséquent, quand Dieu exerce sa puissance, il ne donne pas libre cours à son pouvoir illimité, mais il se laisse guider par son dessein et tempère sa force par sa miséricorde quand ses créatures en sont dignes. — Néh. 9:31 ; Ps. 78:38, 39.
De même, si sous certains rapports il plaît à Dieu d’user de sa préconnaissance infinie d’une manière sélective et au degré qui lui semble bon, il est évident qu’aucun homme ni aucun ange ne peut lui dire avec raison : “Que fais-tu ?” (Job 9:12 ; És. 45:9 ; Dan. 4:35). Ce n’est donc pas une question de capacité ; il ne s’agit pas de savoir ce que Dieu peut prévoir, préconnaître ou prédéterminer, car “pour Dieu toutes choses sont possibles”. (Mat. 19:26.) La question est de savoir ce que Dieu juge bon de prévoir, de préconnaître et de prédéterminer, car “il fait tout ce qu’il veut”. — Ps. 115:3.
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Usage sélectif de la préconnaissanceLa Tour de Garde 1971 | 1er juin
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Usage sélectif de la préconnaissance
LE CONTRAIRE du prédestinatianisme, c’est-à-dire la conception qui veut que Dieu emploie sa préconnaissance à son gré et de façon sélective, devrait s’accorder avec les justes principes divins et la révélation que Jéhovah nous donne de lui-même dans sa Parole. Or, à la différence de la théorie du prédestinatianisme, de nombreux passages bibliques nous montrent que Dieu se livre à un examen avant de prononcer son jugement sur une situation en cours.
Par exemple, après que l’iniquité se fut développée dans les villes de Sodome et de Gomorrhe, Jéhovah informa Abraham de son intention de faire une enquête (par l’entremise de ses anges) pour voir “s’ils ont agi entièrement selon le bruit venu jusqu’à moi, et si cela n’est pas, je le saurai”. (Gen. 18:20-22 ; 19:1.) Il parla de ‘connaître’ Abraham et, après que ce dernier lui eut obéi au point de se montrer disposé à sacrifier Isaac, il lui dit : “Je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.” — Gen. 18:19, Da ; 22:11, 12.
Par préconnaissance sélective il faut entendre que Dieu pouvait juger bon de ne pas connaître d’avance indistinctement tous les actes futurs de ses créatures. Loin de faire en sorte que l’histoire de l’homme depuis sa création ne soit qu’une simple reproduction de ce qu’il avait déjà prévu et prédéterminé, Dieu pouvait en toute sincérité placer devant le couple originel la perspective de la vie éternelle sur une terre exempte de méchanceté. Son premier fils et sa première fille terrestres reçurent l’ordre d’agir comme ses représentants parfaits et sans péché, et à ce titre de remplir la planète, de la transformer en un paradis et de dominer sur la création animale. En fait, ces instructions octroyaient à nos premiers parents un privilège empreint de véritable amour et exprimaient le sincère désir de Dieu à leur égard ; il ne s’agissait pas d’accomplir une mission vouée d’avance à l’échec. L’épreuve prévue au moyen de l’“arbre de la connaissance du bien et du mal” ainsi que la création de l’“arbre de la vie” au milieu du jardin d’Éden ne constituaient pas des décisions dépourvues de sens ou injustes, ce qui aurait été le cas si Dieu avait su d’avance que le couple humain pécherait et ne serait jamais en mesure de manger de l’“arbre de la vie”. — Gen. 1:28, 2:7-9, 15-17 ; 3:22-24.
Celui qui proposerait à quelqu’un une chose qu’il désire ardemment, mais à des conditions qu’il sait impossibles, agirait d’une manière hypocrite et cruelle. Or, la vie éternelle est présentée dans la Parole de Dieu comme un but que tous peuvent atteindre. Après avoir exhorté ses auditeurs à ‘demander et à chercher sans cesse’ les bonnes choses venant de Dieu, Jésus fit remarquer qu’un père ne donne pas une pierre ou un serpent à son enfant qui lui demande du pain ou un poisson. Indiquant comment son Père considère le fait de décevoir les espoirs légitimes d’une autre personne,
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