D’après la Bible...
La résistance passive est-elle parfois légitime?
“QUAND vous voyez qu’on viole et assassine les vôtres, a déclaré un homme, missionnaire catholique depuis 30 ans, quand vous voyez des soldats raser des villes entières et arracher des enfants à leur foyer pour les enrôler dans l’armée, et quand vous vous rendez compte que 2 % de la population a la mainmise sur déjà 75 % des richesses du pays, vous ne pouvez pas rester plongé dans la Bible et ignorer ces réalités.” — C’est nous qui soulignons.
Qu’auriez-vous fait à la place de ce missionnaire? Vous seriez-vous joint à une manifestation pacifique? Auriez-vous fait la grève? Et si ces moyens d’action se révèlent inefficaces? Le recours à la violence est-il alors justifié? La solution passe-t-elle par une révolution ou un coup d’État? Que préconisent aujourd’hui les chefs religieux? Notez les rapports suivants:
◻ Un ecclésiastique du Nicaragua a déclaré qu’il sert Dieu en servant le peuple et la révolution.
◻ Aux Philippines, un ministre religieux a été expulsé du pays pour avoir fomenté des troubles politiques et présenté Jésus comme un révolutionnaire.
◻ En Amérique centrale, des prêtres et des religieuses se sont ralliés aux guérilleros afin de renverser le gouvernement en place.
Ces prises de position font retentir haut et clair le message suivant: la résistance passive est légitime; elle est même regardée comme un devoir chrétien. Cependant, peut-on défendre ce point de vue, prétextant des mobiles sincères et des objectifs humanitaires? Qu’en dit la Bible?
‘Contre l’arrangement de Dieu’?
Dieu a clairement défini la ligne de conduite à tenir face aux autorités et aux gouvernements établis par l’homme. La Bible déclare: “Il n’y a point d’autorité si ce n’est par Dieu; et celles qui existent occupent leurs positions les unes par rapport aux autres par le fait de Dieu.” Oui, Jéhovah Dieu a tout pouvoir pour s’opposer à n’importe quelle autorité en place, quand il le désire. Si elles subsistent, c’est parce que Dieu le permet. — Romains 13:1.
Ce principe étant défini, les Écritures ajoutent: “C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité s’est dressé contre la disposition de Dieu; ceux qui se sont dressés contre elle recevront pour eux-mêmes un jugement.” (Romains 13:2). Dès lors, un chrétien peut-il prétendre en toute bonne conscience ‘servir Dieu en servant la révolution’? Celui qui participe — ou même apporte son soutien — à des activités dirigées contre un gouvernement établi se dresse-t-il ‘contre Dieu’?
Laissons répondre l’histoire biblique. À la fin du VIIe siècle avant notre ère, Jéhovah laissa l’Empire babylonien assujettir la nation d’Israël et ravaler Sédécias, le roi de Jérusalem, au rang de vassal. Cependant, après huit années de soumission, Sédécias jugea nécessaire de s’opposer à cette disposition. Il demanda l’aide de l’Égypte: il n’était pas question de tolérer plus longtemps qu’une puissance étrangère, païenne de surcroît, domine le peuple de Dieu. Sédécias semble avoir été sincère dans sa démarche. Pourtant, comment Dieu vit-il la chose? Sédécias était-il appelé à devenir un “combattant de la liberté” de droit divin? Non! Car en se rebellant contre Babylone, il se rebellait également contre Dieu. À cause de cette révolte, Jéhovah le condamna à mourir en déportation à Babylone. — 2 Rois 24:17-20; Ézéchiel 17:15, 16.
Le cas de Sédécias n’est pas unique. L’Histoire confirme à maintes reprises que, même pavée de bonnes intentions, la voie de la résistance passive ne peut conduire les hommes à des solutions durables. En réalité, les insurrections et les révolutions ont plutôt tendance à aggraver la situation. Dans bien des cas, après l’apparent succès d’une révolution, les “libérateurs” se transforment à leur tour en tyrans. Avec le temps, une nouvelle génération d’opprimés cherchera à se révolter. Bien des peuples sont le jouet de ce cercle vicieux. Par exemple, un pays d’Amérique du Sud a récemment enregistré son 189e coup d’État en 154 ans!
L’homme échoue — Pourquoi?
Comment expliquer que des hommes sincères ne puissent parvenir à libérer l’humanité de l’oppression? C’est simplement parce que deux choses leur font défaut: la sagesse et la puissance. Rien d’étonnant donc que la Bible nous donne cet avertissement: “Ne mettez pas votre confiance dans les nobles, ni dans le fils de l’homme tiré du sol, à qui n’appartient point le salut.” — Psaume 146:3.
Pour illustrer ce point, imaginez que vous vous trouvez à l’hôpital pour y être opéré. Vous gémissez et êtes inquiet. Un veilleur de nuit qui vient à passer vous entend; il saisit un scalpel et se propose de vous soulager. Allez-vous l’autoriser à vous opérer? Évidemment non! Pour quelle raison? Tout bonnement parce que son amour et sa compassion ne le rendent pas capable à eux seuls de pratiquer cette intervention délicate. Tout ce qu’il pourrait tenter ne ferait qu’augmenter votre douleur, quand cela ne mettrait pas votre vie en danger. Non seulement il se montrerait présomptueux et agirait tout à fait inconsidérément, mais il ne tiendrait pas compte des dispositions qui ont été prises pour qu’un chirurgien compétent effectue l’opération. Il serait de loin préférable que cet homme se contente de vous tranquilliser, vous assurant qu’on va bientôt s’occuper de vous.
De même aujourd’hui, les véritables chrétiens ne participent pas à la résistance passive. Ils attendent le jour et l’heure de l’intervention de Dieu, qui seul est assez sage et puissant pour apporter des solutions durables aux problèmes de l’humanité. Grâce à l’œuvre de prédication, les Témoins de Jéhovah tranquillisent ceux qui souffrent de l’injustice en leur montrant que la délivrance est proche. — Ésaïe 9:6, 7; 11:3-5.
En attendant, nous pouvons utiliser tous les moyens légaux et pacifiques dont nous disposons pour faire valoir et défendre nos droits, ainsi que pour échapper à l’oppression. Cependant, même si ces moyens d’action se révélaient inefficaces, cela ne nous donnerait pas le droit de recourir à la résistance passive. L’apôtre Paul a en effet donné ce conseil: “Pour autant que cela dépend de vous, (...) vivez en paix avec tous les hommes. Ne vous vengez pas vous-mêmes, bien-aimés, mais donnez du champ au courroux; car il est écrit: ‘La vengeance est à moi; c’est moi qui paierai de retour, dit Jéhovah.’” Les vrais chrétiens prennent à cœur cette sage exhortation et y obéissent. — Romains 12:18, 19.
[Crédit photographique, page 23]
Reuters/Bettmann Newsphotos