“Ancien Testament” ou “Écritures hébraïques”: quelle expression choisir?
DE NOS jours, il est devenu courant au sein de la chrétienté d’utiliser les expressions “Ancien Testament” et “Nouveau Testament” pour distinguer la partie de la Bible rédigée en hébreu et en araméen de celle écrite en grec. Mais y a-t-il une raison biblique d’employer ces termes? Et pour quelles raisons les Témoins de Jéhovah évitent-ils généralement de les utiliser dans leurs publications?
Dans la Traduction Œcuménique de la Bible, ainsi que dans des traductions plus anciennes (par exemple, le Septembertestament [allemand, 1522], première traduction de Martin Luther), 2 Corinthiens 3:14 semble effectivement offrir un fondement à cet usage. Dans la Traduction Œcuménique de la Bible, ce passage est rendu ainsi: “Mais leur intelligence s’est obscurcie! Jusqu’à ce jour, lorsqu’on lit l’Ancien Testament, ce même voile demeure. Il n’est pas levé, car c’est en Christ qu’il disparaît.”
Toutefois, l’apôtre parle-t-il ici des 39 livres bibliques qu’on appelle couramment “Ancien Testament”? Le mot grec traduit ici par “testament” est diathêkê. La fameuse encyclopédie théologique allemande Theologische Realenzyklopädie (volume 7, page 408, 1981), commentant 2 Corinthiens 3:14, dit que ‘lire l’ancien diathêkê’ correspond à ‘lire Moïse’ dans le verset suivant 2Co 3:15. Par conséquent, affirme-t-elle ensuite, ‘l’ancien diathêkê’ représente la Loi de Moïse, ou tout au plus le Pentateuque. Cette expression ne représente pas l’ensemble des Écritures inspirées des temps préchrétiens. L’apôtre ne fait référence qu’à une partie des Écritures hébraïques, l’ancienne alliance de la Loi, que Moïse consigna dans le Pentateuque; il ne renvoie pas à l’ensemble des Écritures hébraïques et araméennes. Aussi Paul ne veut-il pas dire que les écrits chrétiens inspirés par Dieu au Ier siècle constituent un “nouveau testament”. D’ailleurs, on ne trouve nulle part dans la Bible cette expression utilisée dans ce sens.
Il faut aussi remarquer que Paul utilise ici le mot grec diathêkê, qui signifie en fait “alliance”. (Pour plus de détails, voir l’appendice 6, page 1646, de la Traduction du monde nouveau à références, édition grand format, publiée en 1987 par la Watchtower Bible and Tract Society of New York, Inc.) Aussi la plupart des traductions modernes mettent-elles avec raison “ancienne alliance” plutôt qu’“ancien testament”.
Le National Catholic Reporter affirme à ce sujet: “Le terme ‘Ancien Testament’ évoque inévitablement l’infériorité et le suranné.” Mais la Bible ne constitue qu’un seul ouvrage, et aucune de ses parties n’est surannée ou “ancienne”. Son message est cohérent du premier livre, dans la partie écrite en hébreu, au dernier livre, dans la partie rédigée en grec (Romains 15:4; 2 Timothée 3:16, 17). Aussi sommes-nous fondés à éviter l’emploi de termes qui ont été forgés à partir d’hypothèses inexactes, et préférons-nous utiliser les expressions “Écritures hébraïques” et “Écritures grecques chrétiennes”, qui conviennent mieux.