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  • La drogue : un fléau mondial
    Réveillez-vous ! 1999 | 8 novembre
    • La drogue : un fléau mondial

      DE NOTRE CORRESPONDANT EN ESPAGNE

      DANS un hôpital de Madrid, un nouveau-né pleure. Une infirmière tente désespérément de le calmer, mais en vain. Le bébé souffre du manque d’héroïne. Pire encore, il est séropositif. Sa mère est héroïnomane.

      À Los Angeles, une mère de famille emprunte par inadvertance une rue située sur le territoire d’un gang de trafiquants de drogue. Les balles pleuvent sur sa voiture. Sa petite fille est tuée.

      À des milliers de kilomètres de là, en Afghanistan, un paysan cultive un champ de pavot. L’année a été bonne : la production a augmenté de 25 %. Le pavot se vend bien, et cet homme a besoin de cette activité pour nourrir sa famille. Mais ces plantes magnifiques sont ensuite converties en héroïne, et l’héroïne détruit des vies.

      À Sydney, une adolescente timide sort en discothèque tous les samedis soirs. Jusqu’à ces derniers temps, elle avait du mal à se mêler à la foule, mais depuis qu’elle prend de l’ecstasy, elle a plus d’assurance. Les pilules qu’elle prend viennent des Pays-Bas et sont introduites clandestinement en Australie, mais des laboratoires locaux commencent également à en produire. Grâce à l’ecstasy, elle trouve plus de plaisir à écouter de la musique et elle perd ses inhibitions. Elle se sent aussi plus attirante.

      Manuel, un solide paysan des Andes, pourvoit péniblement aux besoins de sa famille en exploitant une petite ferme. Depuis qu’il cultive de la coca, sa situation s’est un peu améliorée. Manuel aimerait arrêter de cultiver cette plante, mais il craint la réaction des individus intraitables qui supervisent la production de coca dans la région.

      Ce ne sont là que quelques exemples des réalités humaines qui, dans le monde entier, accompagnent le fléau de la drogue. Consommateurs, producteurs ou simples spectateurs, ces gens ont vu leur existence bouleversée par la drogue.

      L’ampleur du problème

      Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, a déclaré : “ La drogue détruit nos sociétés. Elle nourrit la criminalité, répand des maladies comme le sida, et tue notre jeunesse et notre avenir. ” Il a ajouté : “ On compte aujourd’hui environ 190 millions de toxicomanes dans le monde. Aucun pays n’est épargné, et par ses seuls moyens aucun pays ne peut espérer endiguer le trafic de drogue à l’intérieur de ses frontières. La mondialisation du commerce de la drogue exige une action internationale. ”

      Pour ne rien arranger, on a vu apparaître ces dernières années des “ drogues à la cartea ”, des drogues synthétiques conçues pour procurer une sensation d’euphorie. Ces drogues pouvant être produites à faible coût presque n’importe où, la police ne peut pratiquement rien pour empêcher leur diffusion. En 1997, la Commission des stupéfiants des Nations unies a indiqué que dans de nombreux pays les drogues synthétiques étaient devenues un bien de consommation courant et qu’il fallait y voir une “ redoutable menace pour la société internationale du siècle prochain ”.

      Ces nouvelles drogues ne sont pas moins puissantes que celles qui les ont précédées. Le crack crée une dépendance encore plus forte que la cocaïne, les nouvelles variétés de cannabisb ont un pouvoir hallucinogène accru et l’ice, une drogue de synthèse récente, pourrait être, de toutes les drogues, l’une des plus destructrices.

      Argent et pouvoir

      Même minoritaires, les consommateurs de drogue sont suffisamment nombreux pour conférer un pouvoir immense aux barons de la drogue, les hommes qui en organisent la production et le commerce. Ces individus sans scrupules sont à la tête du secteur le plus lucratif — et pratiquement le plus important — de l’économie mondiale. On estime que le trafic de drogue représente aujourd’hui 8 % du commerce international, soit environ 400 milliards de dollars par an. En circulant dans le monde entier, l’argent de la drogue enrichit des gangsters, corrompt des policiers et des hommes politiques, et sert même à financer des actions terroristes.

      Dispose-​t-​on de moyens pour lutter contre le problème de la drogue ? Quelles répercussions le trafic de drogue a-​t-​il sur votre porte-monnaie, sur votre sécurité et sur la vie de vos enfants ?

      [Notes]

      a Il s’agit de drogues dont la structure chimique est légèrement modifiée, souvent dans le but de contourner les lois sur les stupéfiants et les hallucinogènes.

      b La marijuana est produite à partir des sommités fleuries du cannabis (chanvre indien), et le haschisch est la résine provenant de la même plante. Les deux se fument.

      [Carte, pages 4, 5]

      (Voir la publication)

      Production et trafic de drogue dans le monde

      PRINCIPALES RÉGIONS PRODUCTRICES

      Cannabis : herbe (marijuana) et résine (haschisch)

      Héroïne

      Cocaïne

      Les flèches indiquent les principales voies empruntées par la drogue.

  • La drogue : vous êtes concerné
    Réveillez-vous ! 1999 | 8 novembre
    • La drogue : vous êtes concerné

      COMME la pourriture sèche qui ronge les poutres d’une maison, la drogue s’attaque à la structure même de la société. Pour s’épanouir, une société humaine a besoin de familles stables, de travailleurs en bonne santé, de dirigeants dignes de confiance, de policiers honnêtes et de citoyens respectueux des lois. Or la drogue corrompt chacun de ces éléments fondamentaux.

      Si l’usage de drogue est interdit par la plupart des États, c’est entre autres raisons parce qu’il est dangereux pour la santé. Chaque année, des milliers de toxicomanes meurent d’une overdose, et bien plus encore du sida (22 % des personnes séropositives ont contracté le virus en s’injectant de la drogue avec une seringue contaminée). Lors d’un récent colloque organisé par les Nations unies, le représentant du Qatar, Nasser Bin Hamad Al-Khalifa, a déclaré : “ Le village planétaire est sur le point de devenir la fosse commune de millions d’êtres humains à cause du commerce de la drogue. ”

      Mais la drogue ne met pas seulement en danger la santé de ceux qui en consomment. Aux États-Unis, un bébé sur dix a eu de la drogue dans l’organisme — dans la plupart des cas, de la cocaïne — pendant la gestation. Non seulement ces nourrissons risquent de connaître les terribles douleurs du manque, mais la drogue peut aussi provoquer d’autres troubles, mentaux et physiques.

      L’attrait de l’argent facile

      La nuit tombée, vous sentez-​vous en sécurité dehors ? Si ce n’est pas le cas, des dealers y sont probablement pour quelque chose. Les agressions et la violence urbaine ont souvent un rapport avec la drogue. Pour se procurer de l’argent, de nombreux toxicomanes commettent des actes criminels ou se prostituent, tandis que des gangs rivaux s’affrontent et tuent pour avoir le monopole du trafic. On ne s’étonnera pas que dans bon nombre de villes les policiers estiment que la drogue est à l’origine de la majorité des meurtres sur lesquels ils enquêtent.

      Dans certains pays, des groupes rebelles ont vu tout le bénéfice qu’ils pouvaient tirer du trafic de stupéfiants. En Amérique du Sud, un important groupe de guérilleros reçoit la moitié de ses revenus de trafiquants de drogue à qui il accorde sa protection. Selon le Programme des Nations unies pour le contrôle international des drogues, “ certains des conflits religieux et ethniques les plus violents sont alimentés par des fonds provenant du trafic de drogue ”.

      Des conséquences tragiques

      Si la drogue rend les rues peu sûres, c’est aussi pour d’autres raisons. Comme le note Michael Kronenwetter dans Les drogues aux États-Unis (angl.), “ il peut être tout aussi dangereux de conduire sous l’influence de la marijuana ou du LSD que sous celle de l’alcool ”. Ce n’est pas une surprise si le risque d’accident du travail est entre trois et quatre fois plus élevé chez les consommateurs de drogue que chez les autres personnes.

      Mais c’est dans les foyers que la drogue fait le plus de ravages. “ Vie familiale dysfonctionnelle et drogue vont souvent de pair ”, constate le Rapport mondial sur les drogues. Les parents occupés à rechercher de la drogue offrent rarement une vie de famille stable à leurs enfants. Le lien parent-​enfant, si primordial durant les premières semaines de la vie de l’enfant, peut même être inhibé. De plus, il est fréquent que des parents toxicomanes s’endettent, volent de l’argent à leurs amis et à leur famille, ou encore perdent leur emploi. Beaucoup d’enfants élevés dans un tel environnement risquent fort de grandir dans la rue et de toucher à leur tour à la drogue.

      L’usage de drogue peut également amener quelqu’un à maltraiter son conjoint ou ses enfants. La cocaïne, surtout associée à l’alcool, peut rendre violente une personne habituellement très douce. Lors d’une étude réalisée au Canada sur des consommateurs de cocaïne, 17 % des personnes interrogées ont reconnu être agressives après avoir pris de la drogue. Les auteurs d’un rapport sur les enfants maltraités à New York ont calculé que 73 % des enfants battus à mort avaient des parents toxicomanes.

      Corruption et contamination

      La drogue ne déstabilise pas seulement les foyers, mais aussi les États. En l’occurrence, ce n’est pas la drogue elle-​même, mais l’argent de la drogue qui empoisonne le système. “ La drogue a corrompu l’administration, la police et l’armée ”, a déploré un ambassadeur sud-américain au sujet de son pays. Comme l’explique ce diplomate, les sommes en jeu sont “ une tentation trop forte ” pour ceux qui gagnent tout juste de quoi survivre.

      Dans un pays après l’autre, des juges, des maires, des policiers et même des agents spécialisés dans la lutte antidrogue se laissent corrompre. Des hommes politiques dont la campagne a été financée par des barons de la drogue font la sourde oreille lorsqu’on leur demande de prendre des mesures énergiques à leur encontre. Quant aux fonctionnaires honnêtes qui ont le courage de lutter contre le trafic de drogue, il n’est pas rare qu’ils soient assassinés.

      Même le sol, les forêts et les espèces qui y vivent sont atteints par le fléau de la drogue. Une grande partie de la production d’opium et de cocaïne est concentrée sur deux zones particulièrement sensibles aux atteintes à l’environnement : les forêts tropicales d’Amazonie occidentale et celles d’Asie du Sud-Est. Ces deux régions ont beaucoup souffert. Même les efforts louables accomplis dans le but d’éradiquer les cultures illicites provoquent d’importants dégâts du fait de l’utilisation d’herbicides toxiques.

      Qui paie ?

      Qui paie pour les nombreux dégâts causés par la drogue ? Nous tous. En effet, c’est sur l’ensemble de la population que retombent les pertes de productivité, les dépenses de santé, les vols, les actes de vandalisme et le coût des mesures policières. Selon un rapport du ministère américain du travail, “ l’usage de drogue sur le lieu de travail coûterait chaque année entre 75 et 100 milliards de dollars aux entreprises américaines [...] en temps perdu, en accidents, en dépenses de santé et en indemnités journalières ”.

      Tout cet argent vient finalement des contribuables et des consommateurs. Une étude réalisée en Allemagne en 1995 a révélé que le coût total de l’usage de drogue s’élevait à 120 dollars par citoyen. Aux États-Unis, le chiffre serait encore plus élevé : 300 dollars par habitant.

      Mais tout cela n’est rien en comparaison du coût social de la drogue. À combien pourrait-​on estimer la dislocation de tant de familles, les mauvais traitements subis par tant d’enfants, la corruption de tant de fonctionnaires et la mort prématurée de tant de personnes ? Dans l’article suivant, nous verrons de quelle manière la drogue influe sur la vie de ceux qui en consomment.

      [Encadré/Illustration, page 7]

      DROGUE ET CRIMINALITÉ

      LA DROGUE INFLUE SUR LA CRIMINALITÉ D’AU MOINS QUATRE MANIÈRES :

      1. Dans presque tous les pays du monde, la possession et le trafic de drogue constituent des délits. Les États-Unis à eux seuls enregistrent chaque année un million d’arrestations liées à la drogue. Dans certains pays, le système judiciaire croule sous les affaires de drogue, et la police et les tribunaux sont submergés.

      2. Le prix des drogues étant très élevé, les toxicomanes commettent souvent des actes illégaux pour se procurer de quoi l’acheter. On estime qu’un cocaïnomane peut dépenser jusqu’à 1 000 dollars par semaine dans la drogue. Rien d’étonnant, donc, que lorsque la drogue prend racine, les cambriolages et les agressions se multiplient et la prostitution se développe.

      3. D’autres délits sont commis dans le but de faciliter le trafic de drogue, l’un des commerces les plus lucratifs du monde. “ L’économie de la drogue et le crime organisé sont plus ou moins interdépendants ”, explique le Rapport mondial sur les drogues. Pour faciliter la circulation de la drogue, les trafiquants essaient de corrompre ou d’intimider des fonctionnaires. Certains vont jusqu’à monter une armée privée. Mais leurs profits colossaux posent un problème aux barons de la drogue. Si cet argent n’est pas blanchi, il risque de les compromettre. C’est pourquoi les trafiquants font appel à des banquiers et à des avocats chargés de brouiller les pistes.

      4. Enfin, les effets de la drogue elle-​même peuvent amener une personne à commettre des actes criminels. Il arrive que des toxicomanes maltraitent des membres de leur famille. Dans des pays d’Afrique en proie à la guerre civile, on a vu des soldats adolescents commettre des crimes atroces sous l’influence de la drogue.

  • Des vies détruites, des vies gâchées
    Réveillez-vous ! 1999 | 8 novembre
    • Des vies détruites, des vies gâchées

      “ LES drogues sont de véritables rouleaux compresseurs ”, explique le docteur Eric Nestler. Une seule dose de l’un de ces rouleaux compresseurs chimiques est parfois mortelle. “ On connaît par exemple des cas où la première dose de crack a été mortelle ”, lit-​on dans Les drogues aux États-Unis.

      Les nouvelles drogues synthétiques peuvent être tout aussi dangereuses. “ Les jeunes gens qui achètent naïvement de la drogue lors d’une soirée ‘ rave ’ n’ont aucune idée du cocktail chimique qui va bientôt bombarder leur cerveau ”, note le Rapport mondial sur les drogues. Dans la plupart des cas, comme le montrent les exemples suivants, la plongée dans la toxicomanie est un phénomène progressif.

      “ Un moyen de fuir la réalité ”

      Pedroa, issu d’une famille de neuf enfants, a grandi dans un quartier défavorisé de Cordoue, en Espagne. Il a eu une enfance difficile parce que son père était alcoolique. Il avait 14 ans lorsque l’un de ses cousins lui a appris à fumer du haschisch. Un mois plus tard, il était dépendant.

      “ La drogue était un passe-temps, un moyen de fuir la réalité et de faire partie d’un groupe de copains, explique Pedro. À 15 ans, j’ai commencé à prendre, en plus du haschisch, du LSD et des amphétamines. Le LSD était ma drogue préférée. Pour pouvoir en acheter, je me suis mis à revendre un peu de drogue. Je vendais surtout du haschisch. Une fois, après une overdose de LSD, je n’ai pas pu fermer l’œil de la nuit et j’ai eu l’impression de devenir fou. Ça m’a vraiment fait peur. Je me suis dit que si je continuais à prendre de la drogue, je finirais mort ou en prison. Mais j’avais tellement envie de drogue que j’ai écarté cette crainte. Je suis devenu accro au LSD ; il me fallait des doses de plus en plus fortes pour avoir un flash. Les effets secondaires me faisaient peur, mais je n’arrivais pas à m’arrêter. Je ne savais pas comment m’en sortir.

      “ Comme il me fallait beaucoup d’argent pour acheter mon LSD, j’ai appris à dévaliser des bijouteries, à arracher les sacs des touristes et à voler les montres et les portefeuilles des passants. À 17 ans, j’étais un dealer connu dans le quartier et il m’arrivait de participer à des attaques à main armée. J’avais si mauvaise réputation qu’on me surnommait el torcido (le tordu).

      “ Quand tu combines la drogue et l’alcool, ta personnalité change ; souvent, tu deviens plus violent. Le besoin de drogue est si fort qu’il étouffe complètement ta conscience. Tu as l’impression d’être dans des montagnes russes : tu ne vis que pour le prochain flash. ”

      “ Plongés dans le monde de la drogue ”

      Ana, la femme de Pedro, a grandi dans un bon environnement familial. À 14 ans, elle a rencontré des garçons d’une autre école qui fumaient du haschisch. Au début, leur comportement étrange ne lui a pas plu, mais Rosa, une de ses amies, était amoureuse de l’un d’eux, qui l’a convaincue que fumer du haschisch n’était pas dangereux et qu’elle trouverait cela agréable. Rosa a donc essayé, puis a elle tendu la cigarette à Ana.

      “ Je me suis sentie bien, raconte Ana. Quelques semaines plus tard, je fumais du haschisch tous les jours. Au bout d’un mois, le haschisch ne me faisait plus grand-chose, alors je me suis mise à prendre aussi des amphétamines.

      “ Très vite, mes amis et moi, on s’est retrouvés plongés dans le monde de la drogue. On ne parlait que de ça : qui pouvait prendre le plus de drogue sans être mal après, qui avait eu le meilleur flash, etc. Petit à petit, je me suis coupée du monde normal. J’allais rarement à l’école. Comme le haschisch et les amphétamines ne me suffisaient plus, j’ai commencé à m’injecter un dérivé de morphine que j’achetais dans plusieurs pharmacies. L’été, on allait à des concerts de rock en plein air où on trouvait facilement des drogues comme le LSD.

      “ Un jour, ma mère m’a surprise en train de fumer du haschisch. Mes parents ont fait de leur mieux pour me protéger. Ils m’ont parlé des dangers de la drogue et m’ont dit qu’ils m’aimaient et s’inquiétaient pour moi. Mais je considérais qu’ils se mêlaient de ce qui ne les regardait pas. À 16 ans, j’ai décidé de quitter la maison. Je me suis jointe à un groupe de jeunes qui voyageaient dans toute l’Espagne en vendant des colliers faits à la main et en prenant de la drogue. Deux mois plus tard, la police m’a retrouvée à Malaga.

      “ Quand les policiers m’ont ramenée chez moi, mes parents m’ont accueillie à bras ouverts et j’ai eu honte de ce que j’avais fait. Pour la première fois, j’ai vu mon père pleurer. Je regrettais de leur faire de la peine, mais le remords n’était pas assez fort pour me faire quitter le monde de la drogue. Je continuais à me droguer tous les jours. Quand j’étais lucide, je pensais quelquefois aux risques, mais pas longtemps. ”

      De la maçonnerie au trafic de drogue

      José, un sympathique père de famille, a fait du trafic de cannabis entre le Maroc et l’Espagne pendant cinq ans. Comment en est-​il arrivé là ? “ À l’époque où je travaillais dans la maçonnerie, raconte-​t-​il, j’avais un collègue qui revendait de la drogue. Comme j’avais besoin d’argent, je me suis dit : ‘ Pourquoi ne pas faire pareil ? ’

      “ Au Maroc, je n’avais aucun mal à acheter du cannabis, autant que je pouvais en transporter. J’avais un hors-bord qui me permettait d’échapper facilement à la police. Une fois la drogue arrivée en Espagne, je la revendais par grandes quantités, environ 600 kilos à la fois. Je n’avais que trois ou quatre clients qui me prenaient toute la marchandise que je pouvais leur fournir. Il y avait une surveillance policière, mais la drogue passait quand même. Les trafiquants avaient un équipement bien meilleur que celui de la police.

      “ Je gagnais beaucoup d’argent sans faire grand-chose. Un aller-retour entre l’Espagne et l’Afrique du Nord me rapportait entre 25 000 et 30 000 dollars. Au bout de quelque temps, 30 hommes travaillaient pour moi. Je ne me suis jamais fait prendre parce que je payais un informateur pour me prévenir quand j’étais surveillé par la police.

      “ Parfois, je pensais au mal que toute cette drogue pouvait faire, mais je me rassurais en me disant que le cannabis était une drogue douce qui ne tuait personne. Et comme je gagnais beaucoup d’argent, je ne pensais pas tellement à tout ça. Moi, je ne me droguais jamais. ”

      La bourse et la vie !

      Ces exemples montrent qu’une fois entrée dans la vie d’une personne, la drogue devient envahissante. Lorsqu’on est pris au piège, il est difficile et douloureux d’en sortir. Comme le dit le livre La drogue en Amérique (angl.), “ dans le Far West, les bandits brandissaient leur revolver sous le nez des victimes et leur disaient : ‘ La bourse ou la vie. ’ La drogue est pire que les anciens hors-la-loi : elle prend les deux ”.

      Est-​il possible d’arrêter ce rouleau compresseur qu’est la drogue ? L’article suivant examine quelques solutions.

      [Note]

      a Par souci d’anonymat, certains prénoms de ce dossier ont été changés.

      [Entrefilet, page 8]

      “ Dans le Far West, les bandits brandissaient leur revolver sous le nez des victimes et leur disaient : ‘ La bourse ou la vie. ’ La drogue est pire que les anciens hors-la-loi : ELLE PREND LES DEUX. ”

      [Encadré/Illustration, page 10]

      VOTRE ENFANT DIRA-​T-​IL NON À LA DROGUE ?

      QUELS SONT LES ADOLESCENTS LES PLUS EXPOSÉS ?

      a. Ceux qui veulent montrer qu’ils sont indépendants et qui sont prêts pour cela à prendre des risques.

      b. Ceux qui s’intéressent peu à leurs études et aux questions spirituelles.

      c. Ceux qui ont le sentiment d’être en conflit avec la société dans laquelle ils vivent.

      d. Ceux qui n’ont pas de conception claire du bien et du mal.

      e. Ceux qui ne se sentent pas soutenus par leurs parents et que leurs amis incitent à prendre de la drogue. Des chercheurs ont remarqué que “ la qualité des relations qu’un adolescent entretient avec ses parents semble constituer le meilleur facteur de protection contre l’usage des drogues ”. — C’est nous qui soulignons.

      COMMENT PROTÉGER VOTRE ENFANT ?

      a. En ayant des relations étroites et une bonne communication avec lui.

      b. En lui inculquant une conception claire du bien et du mal.

      c. En l’aidant à se fixer des objectifs précis.

      d. En lui faisant sentir qu’il a une famille et des amis qui l’aiment.

      e. En le mettant en garde contre les dangers de l’usage de drogue. Les enfants ont besoin de savoir clairement pourquoi ils doivent dire non à la drogue.

  • Peut-on gagner la guerre contre la drogue ?
    Réveillez-vous ! 1999 | 8 novembre
    • Peut-​on gagner la guerre contre la drogue ?

      GAGNER la guerre contre la drogue est un objectif louable, mais ce n’est pas une tâche facile. Deux éléments majeurs s’y opposent : l’offre et la demande de drogue. Pendant près d’un siècle, les États se sont surtout attaqués à l’offre. Leur devise était simple : pas de drogue, pas de drogués.

      Contre l’offre

      Des forces de police spécialisées dans la lutte antidrogue ont saisi et continuent à saisir d’importantes quantités de drogue. Grâce à une collaboration internationale, de grands trafiquants ont été arrêtés. Mais force est de constater que si des mesures policières efficaces contraignent certains trafiquants à se déplacer, à rechercher d’autres marchés ou à se montrer plus ingénieux, elles ne leur lient pas les mains. “ Nous ne serons jamais une véritable menace pour les trafiquants de drogue tant qu’ils auront des moyens financiers illimités et que, de notre côté, nous devrons nous battre pour obtenir une enveloppe budgétaire ”, déplore un spécialiste des stupéfiants.

      Joe de la Rosa, un policier de Gibraltar, a parlé à Réveillez-vous ! des résultats décevants de la lutte contre le trafic qui s’effectue entre l’Afrique et la péninsule Ibérique. “ En 1997, nous avons saisi presque 400 kilos de résine de cannabis, dit-​il. Pour l’essentiel, cette résine n’a pas été réellement confisquée aux trafiquants ; on l’a trouvée flottant en mer ou échouée sur les plages. Cela vous donne une idée des quantités colossales de drogue qui traversent le détroit de Gibraltar chaque année. Ce que nous saisissons n’est que la partie visible de l’iceberg. Les passeurs qui font la navette entre l’Afrique et l’Espagne ont des hors-bord avec lesquels ils laissent sur place nos vedettes des douanes. Et si vraiment ils risquent d’être pris, ils n’ont qu’à jeter la drogue à la mer, et nous n’avons alors aucune preuve pour les accuser. ”

      Dans d’autres parties du monde, les policiers rencontrent des problèmes similaires. Des voyageurs d’apparence quelconque, des avions légers, des porte-conteneurs et même des sous-marins traversent les océans et les frontières perméables avec de la drogue. Selon un rapport des Nations unies, “ il faudrait saisir 75 % au moins des expéditions internationales pour diminuer sensiblement la rentabilité du trafic de drogue ”. À l’heure actuelle, le taux d’interception est probablement à peine supérieur à 30 % pour la cocaïne, et il est très inférieur pour les autres drogues.

      Dans ce cas, pourquoi les États n’attaquent-​ils pas le problème à la racine en détruisant les cultures de cannabis, de coca et de pavot ? Cette mesure a été récemment recommandée par les Nations unies, mais elle n’est pas facile à mettre en œuvre. Il est possible de cultiver du cannabis dans n’importe quel jardin ou presque. Dans les Andes, une importante zone de culture de coca est située dans une région “ considérée comme échappant au contrôle de l’État ”. La situation est identique dans certaines provinces reculées d’Afghanistan et de Birmanie, les deux principaux producteurs d’opium et d’héroïne.

      Autre difficulté, les trafiquants de drogue se reconvertissent souvent dans les drogues synthétiques, de plus en plus demandées. Or, les laboratoires clandestins dans lesquels ces drogues sont produites peuvent être implantés presque n’importe où dans le monde.

      Une meilleure surveillance et des peines de prison plus lourdes permettraient-​elles de mettre un frein au trafic de drogue ? Il y a trop de dealers, trop de toxicomanes et pas assez de policiers pour que cette méthode puisse être efficace. Aux États-Unis, par exemple, près de deux millions de personnes sont derrière les barreaux, beaucoup à cause de délits liés à la drogue. Mais la menace de la prison n’empêche pas les gens de se droguer. Dans de nombreux pays en développement où les ventes de drogue explosent, les policiers, mal payés et en nombre insuffisant, assistent impuissants à ce phénomène.

      Réduire la demande ?

      S’il est illusoire de s’attaquer à l’offre, est-​il possible de réduire la demande ? “ La guerre contre la drogue, loin d’être seulement l’affaire de la police, des tribunaux et des prisons, se livre en réalité dans les cœurs et dans les esprits ”, note la revue Time.

      Joe de la Rosa, cité plus haut, estime lui aussi que l’éducation est le seul moyen de lutter contre la drogue. “ La toxicomanie, écrit-​il, est un problème social engendré par la société. Il nous faut donc changer la société, ou au moins les mentalités. Nous nous efforçons de sensibiliser le personnel des écoles, les parents et les enseignants, pour que tous soient conscients que le danger est là, que de la drogue circule et que les enfants sont menacés. ”

      L’action des Témoins de Jéhovah

      Depuis de nombreuses années, les Témoins de Jéhovah luttent contre le problème de la drogue par le moyen de l’éducation. Certaines de leurs publications aident les parents à faire connaître à leurs enfants les dangers de la droguea. En outre, dans le cadre de leur œuvre d’évangélisation, ils aident des consommateurs et des trafiquants de drogue à se réinsérer dans la société.

      Ana, dont il a été question dans l’article précédent, a pris contact avec les Témoins de Jéhovah sur les conseils de sa sœur, qui avait entendu parler de l’aide efficace qu’ils apportaient à des toxicomanes. Elle ne s’intéressait pas particulièrement à la Bible, mais a cependant accepté, sans enthousiasme, d’assister à une assemblée organisée par les Témoins. Là, elle a vu un homme qui avait été un dealer notoire, mais qui avait complètement changé d’apparence et de mode de vie. “ Je me suis dit que si lui avait changé, je pouvais y parvenir aussi, raconte-​t-​elle. Sa transformation m’a convaincue que je devais accepter l’étude biblique qu’on me proposait.

      “ La première fois que l’étude a eu lieu, j’ai décidé de ne plus quitter la maison, parce que je savais que si je sortais je rencontrerais d’autres drogués et je retomberais. J’avais compris qu’il était mal de se droguer et que Dieu n’approuvait pas cette habitude. J’avais aussi vu les effets de la drogue sur ceux qui en prenaient et le mal que j’avais fait à ma famille. Mais j’avais besoin de force spirituelle pour me libérer de cet esclavage. La désintoxication a été difficile. Pendant un temps, j’ai passé mes journées à dormir en attendant que les effets de la drogue diminuent. Mais le résultat en valait la peine. ”

      Une espérance et un but véritables

      Pour Pedro, le mari d’Ana, dont il a également été question dans l’article précédent, les choses se sont passées à peu près de la même façon. “ Un jour, pendant que je fumais du haschisch chez mon frère, j’ai remarqué un livre dont le titre m’a intrigué, se rappelle-​t-​il. C’était La vérité qui conduit à la vie éternelle. Je l’ai emporté chez moi et je l’ai lu en prenant les textes bibliques donnés en référence. J’étais sûr d’avoir trouvé la vérité.

      “ Quand je me suis mis à lire la Bible et à parler à d’autres de ce que j’apprenais, je me suis senti mieux et mon besoin de drogue a diminué. J’avais prévu de faire un hold-up dans une station-service, mais j’ai décidé de renoncer à mon projet. Un de mes amis étudiait avec les Témoins de Jéhovah. Je n’ai pas tardé à suivre son exemple. En neuf mois, j’ai réformé mon mode de vie et je me suis fait baptiser. Pendant cette période, beaucoup de mes anciens amis m’ont proposé de la drogue, mais à chaque fois je leur ai tout de suite parlé de la Bible. Certains ont manifesté de l’intérêt. L’un d’eux a même réussi à se désintoxiquer.

      “ Pour renoncer à la drogue, il faut avoir une espérance. La Bible m’a fourni une espérance, a donné un sens à ma vie et m’a clairement montré le point de vue de Dieu sur la drogue et la violence. J’ai remarqué que plus j’apprenais à connaître le Tout-Puissant, mieux je me sentais — et il n’y avait pas d’effets secondaires indésirables. Par la suite, la compagnie des personnes qui assistaient aux réunions des Témoins de Jéhovah et qui menaient une vie pure m’a aidé à continuer dans cette voie. ”

      Du trafic de drogue à la maçonnerie

      José, le trafiquant de drogue mentionné dans l’article précédent, est redevenu maçon. Il ne lui a pas été facile de renoncer à une activité aussi lucrative. “ La drogue rapporte beaucoup d’argent, dit-​il, mais ce n’est pas une bonne manière de gagner de l’argent. Je vois des gamins armés qui roulent dans des voitures criardes. Les familles sont éclatées, les rues ne sont pas sûres et de nombreux toxicomanes volent dans les voitures et dans les magasins, ou agressent des gens pour avoir de quoi acheter leur drogue. Beaucoup commencent par le haschisch, passent ensuite à l’ecstasy ou à d’autres pilules, puis essaient la cocaïne ou même l’héroïne. Maintenant, je me rends compte que beaucoup ont été pris dans ce cercle vicieux en partie à cause de moi.

      “ Mon étude de la Bible avec les Témoins de Jéhovah m’a aidé à comprendre que ce que je faisais n’était pas bien. Je voulais avoir une conscience nette, et ma femme, qui étudiait aussi, avait le même objectif. Il n’est pas facile d’arrêter le trafic. J’ai expliqué à mes clients et à mes passeurs que j’étudiais la Bible et que j’avais décidé de laisser tomber le trafic de drogue. Au départ, ils ne m’ont pas cru, et certains ne me croient toujours pas. Mais j’ai arrêté il y a presque deux ans et je ne l’ai jamais regretté.

      “ Depuis un an, je travaille dans mon métier, la maçonnerie. Je gagne en un mois le quart de ce que le trafic de drogue me rapportait en un jour. Mais c’est un meilleur mode de vie et je me sens plus heureux. ”

      Une solution efficace à l’échelle du globe

      Quelques trafiquants de drogue ont courageusement abandonné leur activité et des milliers de toxicomanes ont vaincu leur dépendance grâce à divers traitements. Mais, comme le reconnaît le Rapport mondial sur les drogues, “ pour ceux qui prennent de la drogue souvent et depuis longtemps, une abstinence prolongée est plutôt l’exception que la règle ”. Malheureusement, pour un drogué qui est réinséré, plusieurs nouvelles victimes tombent dans le piège. L’offre et la demande continuent de croître.

      Le problème de la drogue étant mondial, seule une action internationale peut permettre d’y remédier. La Commission des stupéfiants des Nations unies note à ce sujet : “ Si la plupart des pays étaient conscients que l’usage de drogue, le trafic de drogue et la criminalité liée à la drogue étaient l’une des principales causes d’insécurité, le public était beaucoup moins conscient, quant à lui, que la drogue était un problème mondial qui ne pouvait plus être résolu par les États pris isolément. ”

      Mais les États du monde entier vont-​ils s’unir afin d’éradiquer le fléau de la drogue ? Les résultats obtenus jusqu’à présent ne sont pas encourageants. Toutefois, la Bible enseigne que c’est un gouvernement céleste transcendant les barrières nationales qui apportera une solution définitive à ce problème. Elle nous donne l’assurance que le Royaume de Dieu, dirigé par Jésus Christ, durera “ à tout jamais ”. (Révélation 11:15.) Sous ce Royaume, grâce à l’instruction divine, la demande de drogue disparaîtra (Isaïe 54:13). Les problèmes sociaux et affectifs qui amènent aujourd’hui de nombreuses personnes à se droguer seront éliminés à jamais. — Psaumes 55:22 ; 72:12 ; Mika 4:4.

      Avez-​vous besoin d’aide ?

      Dès maintenant, l’espérance du Royaume de Dieu dirigé par Christ aide de nombreuses personnes à dire non à la drogue. Si vous désirez en savoir plus, prenez contact avec les Témoins de Jéhovah de votre localité.

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