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que l’âme pût y revenir et s’en servir à l’occasion. C’est pourquoi les Égyptiens embaumaient leurs morts, puis plaçaient leurs corps momifiés dans des tombeaux qui devenaient leurs “maisons”, telles le spyramides, résidences colossales des rerois décédés. Pour l’usage du défunt, on plaçait dans le tombeau toutes les choses nécessaires et superflues de la vie: bijoux, vêtements, meubles, nourriture ainsi que des charmes et des formules magiques (comme le “Livre des morts”) pour le protéger de l’action des mauvais esprits. Néanmoins, ces incantations ne les ont pas protégés des pilleurs de tombes qui ont fini par dévaliser presque tous les grands tombeaux.
Il est vrai que les corps de Jacob et de Joseph ont été embaumés. Dans le cas de Jacob, cette opération avait certainement pour but principal de conserver son corps jusqu’à ce qu’il pût être enseveli en Terre promise, en gage de la foi de ses enfants. Peut-être les Égyptiens ont-ils particulièrement embaumé le corps de Joseph en raison de l’honneur et du respect qu’ils lui témoignaient. — Gen. 47:29-31; 50:2-14, 24-26.
HISTOIRE
Les sources profanes de l’histoire égyptienne, surtout à ses débuts, sont très peu sûres. Voici ce que déclare, à propos de la chronologie antérieure à 663 avant notre ère, le professeur J. Wilson: “Plus on remonte dans le temps, plus la marge de désaccord devient importante. Pour les dates antérieures à 2000 avant notre ère, le désaccord peut être très net.” (The Interpreter’s Dictionary of the Bible, t. II, p. 43). Tout en reconnaissant les nombreuses faiblesse et les inexactitudes évidentes de la chronologie de Manéthon (prêtre égyptien du IIIe s. av. n. è.), les historiens présentent généralement l’histoire de l’Égypte dans le cadre de ses trente dynasties, jusqu’à la conquête de l’Égypte par Alexandre le Grand en 332. Comme de nombreux historiens l’ont remarqué, si tous les rois cités par Manéthon ont vraiment existé, beaucoup de leurs règnes ont dû être contemporains plutôt que consécutifs, et l’on peut probablement dire la même chose de certaines dynasties entières. C’est pourquoi on a dû retarder de plusieurs millénaires la date supposée du commencement du royaume d’Égypte (sous le règne d’un certain Ménès plus ou moins légendaire).
La visite d’Abraham
Comme nous l’avons vu, quelque temps après le déluge (2370-2369) et la division des peuples à Babel, les Chamites occupèrent l’Égypte. Lorsque (entre 1943 et 1932) une famine contraignit Abraham (Abram) à quitter Canaan pour se rendre en Égypte, un royaume y existait déjà, avec un pharaon que la Bible ne nomme pas. — Gen. 12:4, 14, 15; 16:16.
Apparemment, l’Égypte accueillait favorablement les étrangers, et l’on ne témoigna pas d’hostilité envers Abraham, ce nomade qui vivait sous la tente. Cependant, Abraham avait certainement des raisons de craindre d’être assassiné à cause de la beauté de sa femme, ce qui nous donne une idée de l’immoralité qui pouvait régner dans ce pays (Gen. 12:11-13). Les plaies que Pharaon subit pour avoir amené Sara chez lui atteignirent leur but. Abraham reçut donc l’ordre de quitter le pays avec sa femme, et il partit avec plus de biens qu’il n’en avait apporté (Gen. 12:15-20; 13:1, 2). Peut-être Sara acquit-elle Agar, sa servante, lors de ce séjour en Égypte (Gen. 16:1). En 1932, Agar donna un fils à Abraham, Ismaël, qui, lorsqu’il eut grandi, se maria avec une Égyptienne, compatriote de sa mère (Gen. 16:3, 4, 15, 16; 21:21). Plus tard, les Ismaélites qui constituaient donc une race à dominance égyptienne, s’installèrent parfois, au gré de leurs campements, près de la frontière de l’Égypte. — Gen. 25:13-18.
Une seconde famine amena encore de nombreuses personnes à chercher secours en Égypte, mais cette fois (quelque temps après la mort d’Abraham en 1843), Jéhovah ordonna à Isaac de ne pas s’y rendre. — Gen. 26:1, 2.
Joseph en Égypte
Puis, près de deux siècle après le séjour d’Abraham en Égypte, Joseph, le jeune fils de Jacob, fut vendu à une caravane ismaélo-madianite qui le revendit, en Égypte, à un fonctionnaire de la cour de Pharaon (en 1750) (Gen. 37:25-28, 36). Comme Joseph l’expliqua plus tard à ses frères, Dieu permit cela pour préparer l’immigration de toute la famille de Jacob lors d’une famine future qui allait être, de toute évidence, bien plus grave que les précédentes puisque l’Égypte elle-même serait touchée. — Gen. 45:5-8.
Comme cela devint évident lors du repas que Joseph offrit à ses frères, les Égyptiens répugnaient à manger avec les Hébreux. Peut-être leur attitude était-elle due à leur orgueil racial ou religieux, à des préjugés du même ordre ou à la répulsion que leur inspiraient les bergers (Gen. 43:31, 32; 46:31-34). Il se peut fort bien que cette dernière attitude fût elle-même une simple conséquence du système de castes égyptien, dans lequel les bergers occupaient pratiquement le bas de l’échelle sociale. L’importance de l’agriculture en Égypte et le manque d’espace cultivable peuvent aussi expliquer l’hostilité que s’attiraient ceux qui recherchaient des pâturages pour leurs troupeaux.
La période des “Hyksos”
De nombreux commentateurs bibliques situent l’entrée de Joseph, de son père et de ses frères en Égypte au cours de ce qu’ils appellent couramment la période des “Hyksos”. Toutefois, cette époque est très mal connue, comme l’indique ce commentaire de Merrill Unger (Archaeology and the Old Testament, éd. de 1964, p. 134): “Malheureusement, [cette période] est particulièrement obscure en Égypte, et l’on ne comprend que très imparfaitement la conquête des Hyksos.”
Voici ce que déclare l’Encyclopédie américaine (éd. de 1956, t. XIV, p. 595): “Le seul récit détaillé [sur les “Hyksos”] qui nous soit parvenu des écrivains de l’Antiquité est un passage douteux d’un oeuvre perdue de Manéthon, que Josèphe cite dans sa réponse à Apion.” C’est d’ailleurs de Josèphe que nous tenons le nom même des “Hyksos”. (Réponse à Apion, liv. I, chap. V, pars 1-6; chap. IX, par. 2 à chap. X, par. 1.) Il est intéressant de noter que Josèphe, qui prétend citer Manéthon mot pour mot, présente son récit comme si Manéthon lui-même identifiait les “Hyksos” aux Israélites, ce que Josèphe accepte, tout en contestant énergiquement de nombreux détails du récit. Ainsi, il préfère traduire “Hyksos” par “pasteurs captifs” plutôt que par “rois pasteurs”. Selon Josèphe, Manéthon raconte queles “Hyksos” auraient conquis le pays sans bataille, brûlé les villes et “ruiné les temples”, massacré les habitants et saccagé le pays. Ils se seraient installées dans la région du delta. Plus tard, les Égyptiens se seraient levés et, au terme d’une guerre longue et terrible, ils auraient assiégé avec 480 000 hommes la ville d’Avaris, capitale des Hyksos. Finalement, fait étonnant, les belligérants auraient conclu un traité permettant aux Hyksos de quitter le pays avec leur famille et tous leurs biens, sans qu’on leur fit aucun mal, après quoi ces derniers se seraient ‘retirés en Judée pour y bâtir Jérusalem’.
Les historiens modernes font peu de cas des allusions directes aux Israélites qui figurent dans la citation de Josèphe. Ils croient cependant à une conquête de l’Égypte par les “Hyksos”, surtout parce qu’ils ne trouvent que peu de renseignements de source égyptienne, voire aucun, pour compléter leur récit relatif à la période censée s’étendre de la “XIIIe à la XVIIe dynastie”. D’après le professeur John Bright, ‘les inscriptions indigènes disparaissent presque totalement à cette époque’. — A History of Israel, p. 53.
La confusion qui règne, non seulement dans l’histoire de l’Égypte antique, mais encore chez ceux qui s’efforcent aujourd’hui de l’interpréter, ainsi que le doute qui plane sur l’authenticité de l’ordre dynastique nous empêchent de tirer des conclusions définies sur l’historicité de la période des “Hyksos”. Puisque la providence divine était responsable de l’élévation de Joseph au pouvoir et des bienfaits qu’Israël en a retirés, il n’est nul besoin d’en chercher l’explication dans l’amitié d’éventuels “rois pasteurs”. (Gen. 45:7-9.) Il se peut toutefois que le récit de Manéthon, qui constitue le fondement même de la théorie des “Hyksos”, reflète simplement une histoire dénaturée par la tradition, produit des efforts des Égyptiens pour expliquer ce qui était arrivé à leur pays durant le séjour des Israélites. Tous les bouleversements qui affectèrent l’Égypte à la suite de l’accession de Joseph au pouvoir (Gen. 41:39-46; 45:26), les changements radicaux de son administration qui ont amené les Égyptiens à vendre leur terre, puis à se vendre eux-mêmes à Pharaon (Gen. 47:13-20), l’impôt de 20 pour cent qu’ils durent ensuite lui verser sur tous leurs produits (Gen. 47:21-26), les 215 ans de résidence des Israélites dans le pays de Goschen, au terme desquels, selon Pharaon, ils étaient devenus plus nombreux et plus puissants que la population indigène (Ex. 1:7-10, 12, 20), les dix plaies et leurs conséquences désastreuses, non seulement sur l’économie, mais davantage encore sur les croyances des Égyptiens et sur le crédit de leur prêtrise (Ex. 10:7; 11:1-3; 12:12, 13), l’exode d’Israël après la mort de tous les premiers-nés d’Égypte, puis la destruction de l’élite des forces militaires égyptiennes dans la mer Rouge (Ex. 12:2-38; 14:1-28), voilà qui exigeait bien une tentative d’explication officielle de la part des dirigeants égyptiens.
Il ne nous faut jamais oublier qu’en Égypte, comme dans beaucoup de pays du Moyen-Orient, les annales historiques étaient étroitement liées à la prêtrise, qui assurait la formation des scribes. Il eût été bien étonnant qu’aucune explication partisane ne fût inventée pour justifier l’échec des faux dieux, qui n’avaient pu protéger l’Égypte et ses habitants des catastrophes que Jéhovah leur avait fait subir. L’Histoire, même récente, nous rapporte aussi de nombreux cas où, par une propagande grossière, on a fait passer les opprimés pour des oppresseurs, les victimes innocentes pour des agresseurs cruels et dangereux. Le récit de Manéthon (écrit plus de mille ans après l’exode), si toutefois Josèphe l’a transmis avec une certaine exactitude, ne faisait peut-être que rapporter une tradition dénaturée, perpétuée par plusieurs générations d’Égyptiens, pour expliquer la réalité, savoir le séjour des Israélites en Égypte tel que le décrit la Bible. — Voir EXODE.
Les Israélites en esclavage
La Bible ne nomme ni le pharaon qui a commencé d’opprimer les Israélites (Ex. 1:8-22) ni celui devant lequel Moïse et Aaron se sont présentés et qui fut plus tard témoin de l’exode (Ex. 2:23; 5:1). D’autre part, les chroniques égyptiennes ont délibérément omis ces faits, à moins qu’elles n’aient été perdues. Aussi est-il impossible de situer ces événements dans une “dynastie” précise ou dans le règne d’un pharaon de l’histoire profane. Puisque les esclaves israélites ont construit les villes de Pithom et de Ramsès (Ex. 1:11), beaucoup supposent que c’est Ramsès Il qui régnait lors de l’oppression des Israélites, car on pense que ces villes ont été construites pendant son règne. Cependant, Merrill Unger (dans Archaeology and the Old Testament, p. 149) fait ce commentaire: “Du fait que Ramsès II avait l’habitude notoire de s’attribuer le mérite de l’œuvre de ses prédécesseurs, il est probable qu’il se contenta d’agrandir ou de reconstruire ces villes.” De plus, le nom de Ramsès semblait déjà désigner toute une région à l’époque de Joseph. — Gen. 47:11.
Grâce à l’intervention de Dieu par l’entremise de Moïse, les Israélites furent délivrés de la “maison des esclaves”, “du fourneau de fer”, selon les métaphores que les rédacteurs bibliques continuèrent d’appliquer à l’Égypte (Ex. 13:3; Deut. 4:20; Jér. 11:4; Michée 6:4). Quarante ans plus tard, Israël commençait à conquérir le pays de Canaan. Certains ont tenté de rapprocher cet événement biblique de ce que l’on appelle les tablettes de Tell el-Amama, lieu situé sur le Nil, à 300 kilomètres environ au sud du Caire. Parmi ces tablettes en écriture cunéiforme, on compte près de 300 lettres émanant de rois cananéens et syriens (y compris ceux d’Hébron, de Jérusalem et de Lachis), qui se plaignaient souvent au Pharaon régnant (généralement Akhenaton) des incursions et des pillages perpétrés par les “Habiru” (ʽapiru). Bien que certains biblistes se soient efforcés d’identifier les “Habiru” aux Hébreux ou Israélites, le contenu des lettres ne le permet pas. En effet, celles-ci les décrivent plutôt comme des maraudeurs qui s’alliaient parfois aux rois cananéens dans les conflits régionaux qui opposaient plusieurs villes, ce qui ne saurait se comparer à l’invasion massive des Israélites ni aux grandes batailles et aux victoires décisives qui l’ont caractérisée. De plus, la ville de Byblos, au nord du Liban, qui était également menacée par les Habiru, était tout à fait hors de portée des attaques israélites.
Le séjour des Israélites en Égypte fut gravé de manière indélébile dans la mémoire de leur nation, qui se rappelait régulièrement sa libération miraculeuse comme une preuve extraordinaire de la divinité de Jéhovah (Ex. 19:4; Lév. 22:32, 33; Deut. 4:32-36; II Rois 17:36; Héb. 11:23-29). C’est ce qui explique cette déclaration: “Je suis Jéhovah, ton Dieu, depuis le pays d’Égypte.” (Osée 13:4; comparez avec Lévitique 11:45). Aucune autre situation, aucun autre événement ne put se comparer à cela, jusqu’à ce que les Israélites fussent libérés de Babylone, ce qui leur donna une nouvelle preuve du pouvoir libérateur de Jéhovah (Jér. 16:14, 15). Ce séjour était rappelé dans la Loi qui leur fut donnée (Ex. 20:2, 3; Deut. 5:12-15); il constituait le fondement de la fête de la Pâque (Ex. 12:1-27; Deut. 16:1-3); il leur montrait comment se comporter envers les résidents étrangers (Ex. 22:21; Lév. 19:33, 34), envers les pauvres qui devaient se vendre comme esclaves (Lév. 25:39-43, 55; Deut. 15:12-15); il fournissait la raison légale du choix et de la sanctification de la tribu de Lévi pour le service du sanctuaire (Nomb. 3:11-13). Puisque les Israélites avaient résidé en tant qu’étrangers en Égypte, les Égyptiens pouvaient à leur tour faire partie de la congrégation d’Israël sous certaines conditions (Deut. 23:7, 8). La libération des Israélites préparaît la voie à leurs conquêtes; en effet, les royaumes de Canaan et les peuples voisins ressentirent de l’effroi et de la crainte quand ils apprirent comment Jéhovah avait démontré sa puissance contre l’Égypte (Ex. 18:1, 10, 11; Deut. 7:17-20; Josué 2:10, 11; 9:9), et ils s’en souvenaient encore des siècles plus tard (I Sam. 4:7, 8). Tout au long de son histoire, la nation d’Israël inclut ces événements dans ses chants. — Ps. 78:43-51; Ps. 105 et 106; 136:10-15.
Après la conquête de Canaan
La première allusion égyptienne aux Israélites remonte au temps de Mérneptah (Minephtah), fils de Ramsès II (vers la fin de la “XIXe dynastie”); c’est en fait la seule mention directe qu’on en a retrouvé jusqu’à présent dans les récits de l’Égypte antique. Sur une stèle commémorant sa victoire, Mérneptah se vante d’avoir infligé des défaites à plusieurs villes de Canaan et déclare: “Israël est ravagé, sa semence annihilée.” Bien que ce ne soit apparemment qu’une fanfaronnade dénuée de fondement, on peut y voir la preuve qu’Israël était alors installé en Canaan. S’il en est bien ainsi, et si ce texte a été compris correctement. il semblerait alors que la conquête de Canaan (1473) eut lieu entre le règne d’Akhenaton (le destinataire de la plupart des lettres de Tell el-Amarna) et celui de Mérneptah. (Les égyptologues placent respectivement ces deux règnes dans la XVIIIe et dans la XIXe dynastie.)
La Bible ne rapporte aucun contact des Israélites avec l’Égypte pendant la période des juges, ni pendant les règnes de Saül et de David, si ce n’est un combat qui opposa l’un des guerriers de David à un Égyptien “d’une taille extraordinaire”. (II Sam. 23:21.) Pendant le règne de Salomon (1037-997), les relations entre les deux nations étaient devenues telles que Salomon put faire alliance avec le pharaon en se mariant avec sa fille (I Rois 3:1). La Bible ne précise pas quand ce pharaon non identifié conquit la ville de Guézer pour l’offrir à sa fille comme dot ou cadeau d’adieu et de mariage (I Rois 9:16). Salomon entretint également des relations commerciales avec l’Égypte pour ses chevaux et pour ses chars. — II Chron. 1:16, 17.
L’Égypte, cependant, offrit aussi l’asile à certains ennemis des rois de Jérusalem. Ainsi, Hadad l’Édomite s’était enfui en Égypte lorsque David avait conquis Édom; bien qu’il fût sémite, Pharaon l’honora en lui donnant de la nourriture, une maison, une terre et même une épouse royale; il traita son fils Guénubath comme son propre fils (I Rois 11:14-22). Plus tard, Jéroboam, qui devint roi du royaume septentrional d’Israël après la mort de Salomon, se réfugia également en Égypte au cours du règne de Schischac. — I Rois 11:40.
Ce Schischac (que les récits égyptiens nomment Sheshonq ou Chéchanq Ier) avait fondé une dynastie de pharaons libyens (la “XXIIe dynastie”) et fait de Bubastis, à l’est du delta du Nil, sa capitale. La cinquième année du règne de Roboam, fils de Salomon (993/992), Schischac envahit Juda avec des forces militaires puissantes composées de chars, de cavaliers et de fantassins, y compris des Libyens et des Éthiopiens. Il s’empara de nombreuses villes et menaça même Jérusalem. Grâce à la miséricorde de Jéhovah, la ville fut épargnée mais dut livrer à Schischac ses grandes richesses (I Rois 14:25, 26; II Chron. 12:2-9). Un relief du temple de Karnak décrit la campagne de Schischac et cite de nombreuses villes de Palestine conquises.
Zérah, l’Éthiopien, qui, à la tête d’un million d’Éthiopiens et de Libyens, s’attaqua à Asa, roi de Juda (967/966), organisa vraisemblablement sa campagne depuis l’Égypte. Ses forces, rassemblées dans la vallée de Zéphathah, au sud-ouest de Jérusalem, subirent une défaite cuisante. — II Chron. 14:9-13; 16:8.
Pendant deux siècles, l’Égypte dut accorder un répit à Juda et à Israël. II semble qu’elle ait connu de grands troubles internes au cours de cette période où plusieurs dynasties régnaient en même temps. À cette époque, l’Assyrie se hissa au rang de Puissance mondiale suprême. Osée, dernier roi du royaume des dix tribus d’Israël (758-740), devint vassal de l’Assyrie, puis essaya de rompre ce joug en conspirant avec So, roi d’Égypte. Cette tentative échoua et le royaume septentrional d’Israël ne tarda pas à tomber aux mains de l’Assyrie. — II Rois 17:4.
Il semble qu’à cette époque l’Égypte se soit trouvée sous la domination très nette des Éthiopiens ou Nubiens, de sorte que la “XXVe dynastie” est considérée comme éthiopienne. Rabschaké, l’insolent officier de Sennachérib, roi d’Assyrie, dit aux habitants de Jérusalem qu’ils ne pouvaient pas plus compter sur l’aide de l’Égypte que sur celle d’un “roseau écrasé”. (II Rois 18:19-21, 24.) Le roi éthiopien Tirhacah, qui, à ce moment-là (732), fit marche sur Canaan et détourna provisoirement l’attention et les forces assyriennes de Jérusalem, est généralement identifié à Taharka, le pharaon éthiopien de l’Égypte (II Rois 19:8-10). Cela semble s’harmoniser avec la prophétie antérieure d’Ésaïe (7:18, 19) selon laquelle ‘Jéhovah sifflerait les mouches qui sont à l’extrémité des canaux du Nil d’Égypte et les abeilles qui sont au pays d’Assyrie’, provoquant ainsi un affrontement de ces deux puissances dans le pays de Juda, qui serait de ce fait soumis à une double pression. Comme le fit remarquer le bibliste Franz Delitzsch, “ces symboles convenaient également à la nature des deux pays: la mouche à l’Égypte [marécageuse], qui pullulait d’insectes (...), et l’abeille à l’Assyrie, plus montagneuse et plus boisée”. — Biblical Commentary on the Prophecies of Isaiah, t. 1, p. 223.
Dans sa déclaration solennelle contre l’Égypte, Ésaïe avait apparemment annoncé l’instabilité que ce pays connut à la fin du VIIIe et au début du VIIe siècle (És. chap. 19). Il décrivit en effet la désagrégation de la nation et une guerre civile qui dresserait “ville contre ville, royaume contre royaume”. (Vv. 19:2, 13, 14.) Les historiens ont maintenant trouvé des preuves selon lesquelles plusieurs dynasties auraient régné dans différentes parties du pays à cette époque-là. La “sagesse”, qui faisait l’orgueil de l’Égypte, ainsi que ‘ses dieux sans valeur et ses charmeurs’ ne pourraient l’empêcher d’être livrée “en la main d’un maître dur”. — Vv. 19:3, 4.
L’invasion assyrienne
Ésar-Haddon, roi d’Assyrie (contemporain de Manassé, roi de Juda [716-661]), envahit l’Égypte, s’empara de Memphis, en basse Égypte, et déporta de nombreux Égyptiens. À cette époque, Taharka (Tirhacah) était probablement encore pharaon d’Égypte.
Assurbanipal, dernier roi d’Assyrie, entreprit de nouveau une campagne égyptienne; il dévasta la ville de Thèbes (No-Amon dans la Bible), en haute Égypte, où se trouvaient les plus grands trésors sacrés. Là encore, la Bible indique que des Éthiopiens, des Libyens et d’autres Africains furent impliqués dans la bataille. — Nahum 3:8-10.
Par la suite, les garnisons assyriennes se retirèrent, laissant le pays recouvrer une partie de sa prospérité et de sa puissance. En effet, lorsque l’Assyrie fut assujettie aux Mèdes et aux Babyloniens, l’Égypte avait repris suffisamment de force pour affronter, avec le concours de mercenaires, le nouveau maître de l’Assyrie, Nabopolassar de Babylone. À Méguiddo, les armées égyptiennes du pharaon Néco (ou Nécoh) II rencontrèrent sur leur chemin l’armée judéenne du roi Josias. Le pharaon dut lui livrer, contre son gré, une bataille victorieuse qui provoqua la mort de Josias (II Rois 23:29; II Chron. 35:20-24). Trois mois plus tard (en 628), Néco destitua Joachaz, successeur et fils de Josias, et le remplaça sur le trône de Juda par son frère Éliakim (en lui donnant le nom de Jéhoïakim), puis il emmena Joachaz captif en Égypte (II Rois 23:31-35; II Chron. 36:1-4; comparez avec Ézéchiel 19:1-4). Juda devait dès lors payer le tribut à l’Égypte. C’est pendant cette même période que le prophète Urie se sauva vainement en Égypte. — Jér. 26:21-23.
La défaite devant Nébucadnezzar
Toutefois, les visées de l’Égypte sur la Syrie et la Palestine ne devaient pas être couronnées d’un succès durable. La prophétie de Jéhovah, que Jérémie (25:17-19) avait déjà énoncée, condamnait l’Égypte à boire la coupe amère de la défaite. La bataille décisive qu’elle perdit à Carkémisch, sur l’Euphrate, au début de 625, devant les armées de Nébucadnezzar, prince héritier de Babylone, marqua le début de sa chute. Cet événement, décrit en Jérémie 46:2-10, est également rapporté dans les chroniques babyloniennes.
Nébucadnezzar, devenu roi de Babylone, conquit ensuite la Syrie et la Palestine, réduisant Juda à l’état de vassal (II Rois 24:1). L’Égypte fit un ultime effort pour conserver sa puissance en Asie. Le pharaon (peut-être Hophra) vint en Canaan, en réponse à l’appel du roi Sédécias qui réclamait une aide militaire pour soutenir sa révolte contre Babylone (de 609 à 607). Cette campagne amena d’abord les Babyloniens à lever provisoirement le siège, mais les troupes égyptiennes durent ensuite battre en retraite et abandonner Juda à la destruction qui l’attendait. — Jér. 37:5-7; Ézéch. 17:15-18.
Malgré l’avertissement énergique de Jérémie (Jér. 42:7-22), le reste du peuple de Juda s’enfuit en Égypte pour y trouver asile et rejoignit certainement les Juifs qui s’y trouvaient déjà (Jér. 24:1, 8-10). Parmi les villes où ils s’installèrent, la Bible cite Tahpanhès, probablement une forteresse de la région du delta (Jér. 43:7-9), Migdol (Nomb. 33:7, 8) et Noph, que l’on identifie à Memphis, ancienne capitale de la basse Égypte (Jér. 44:1; Ézéch. 30:13). En Égypte, ces réfugiés parlèrent la “langue de Canaan [sans doute l’hébreu]” (És. 19:18), mais continuèrent sottement d’y pratiquer l’idolâtrie qui avait motivé le jugement de Jéhovah contre Juda (Jér. 44:2-25). Cependant, l’accomplissement des prophéties de Jéhovah atteignit les réfugiés israélites lorsque Nébucadnezzar envahit et conquit l’Égypte. — Jér. 43:8-13; 46:13-26.
Seul un texte babylonien, daté de la trente-septième année de Nébucadnezzar (588/587), mentionne une campagne égyptienne, et l’on ne peut dire s’il se réfère à la première conquête du pays ou à une action militaire ultérieure. Josèphe, historien juif du premier siècle de notre ère, situe la conquête de l’Égypte après la vingttroisième année de Nébucadnezzar (602/601) (Histoire ancienne des Juifs, liv. X, chap. XI, par. 1). On ne peut savoir avec certitude si le pharaon Hophra, dont parle Jérémie 44:30, était toujours sur le trône d’Égypte au moment de cette conquête ou s’il avait été tué auparavant par des compatriotes hostiles, comme le prétend Hérodote (II, 169). Toujours est-il que Nébucadnezzar reçut les richesses de l’Égypte en récompense du service militaire qu’il avait effectué en exécutant le jugement de Jéhovah contre Tyr, l’adversaire du peuple de Dieu. — Ézéch. 29:18-20; 30:10-12.
La prophétie d’Ézéchiel (29:1-16), qui annonçait une désolation de 40 ans pour l’Égypte, a pu se réaliser après la conquête de Nébucadnezzar. Il est vrai que certains commentaires attribuent à Amasis (Ahmès) II, successeur d’Hophra, un règne extrêmement prospère de plus de quarante ans; cependant, ils fondent surtout cette idée sur le témoignage d’Hérodote, qui ne visita l’Égypte que plus d’un siècle après. Voici toutefois ce que l’Encyclopédie britannique (1959, t. VIII, p. 62) déclare à propos des écrits d’Hérodote qui se rapportent à cette période (l’époque “saïte”): “Ses déclarations se révèlent peu sûres quand on peut les confronter aux preuves d’origine [égyptienne] fort rares.” Après avoir fait remarquer qu’Hérodote ne mentionne même pas la campagne égyptienne de Nébucadnezzar, le commentaire biblique de F. Cook ajoute: “Il est reconnu qu’Hérodote, s’il rapporta fidèlement tout ce qu’il avait vu et entendu en Égypte, n’en devait pas moins sa connaissance de l’histoire aux prêtres égyptiens, dont il accepta les récits avec une crédulité aveugle. (...) Toute l’histoire [rapportée par Hérodote] d’Apriès [Hophra] et d’Amasis renferme tant d’incohérences et de légendes que nous sommes tout à fait en droit d’hésiter à l’accepter comme de l’histoire authentique. Il ne serait pas surprenant du tout que les prêtres se soient efforcés de masquer le déshonneur national qui résultait de leur sujétion à un joug étranger.” Par conséquent, même si l’histoire profane n’atteste pas clairement l’accomplissement de la prophétie, nous n’avons aucune raison de douter de l’exactitude du récit biblique.
Sous la domination perse
L’Égypte soutint plus tard Babylone contre la Puissance médo-perse en plein essor. Néanmoins, vers 525, le pays fut conquis par Cambyse, fils de Cyrus le Grand, passant ainsi sous l’hégémonie perse (És. 43:3). Bien que de nombreux Juifs aient sans doute quitté l’Égypte pour regagner leur pays (És. 11:11-16; Osée 11:11; Zach. 10:10, 11), d’autres y restèrent, ce qui explique la présence d’une colonie juive à Éléphantine (la Yeb égyptienne), une île située sur le Nil, près d’Assouan, à 700 kilomètres environ au sud du Caire. On y a retrouvé un important lot de papyrus qui dépeignent les conditions qui y régnaient au cinquième siècle, à l’époque où Esdras et Néhémie déployaient leur activité à Jérusalem. Ces écrits araméens mentionnent Sanballat de Samarie (Néh. 4:1, 2) ainsi que le prêtre Johanan (Néh. 12:22). On y a aussi fait la découverte intéressante d’un décret datant du règne de Darius II (423-404) qui ordonnait que la “fête des Gâteaux non fermentés” (Ex. 12:17; 13:3, 6, 7) fût célébrée par la colonie. On remarque également l’emploi fréquent du nom Yahu, forme du nom Jéhovah (ou Yahvé; comparez avec Ésaïe 19:18). Toutefois, ces papyrus fournissent aussi des preuves indéniables de l’influence du culte païen sur les Juifs.
Sous les Empires grec et romain
L’Égypte resta assujettie à la Perse jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand en 332; cette conquête, censée la libérer du joug perse, mit en fait définitivement fin au règne des pharaons égyptiens. La puissante Égypte était bel et bien réduite au rang d’un “humble royaume”. — Ézéch. 29:14, 15.
Le règne d’Alexandre le Grand vit la fondation de la ville d’Alexandrie, puis, à sa mort, le pays fut régi par les Ptolémées. En 312, Ptolémée Ier prit Jérusalem, et Juda resta province de l’Égypte ptolémaïque jusqu’en 198. Cette année-là, au terme d’un long conflit qui l’opposait à l’Empire séleucide de Syrie, l’Égypte finit par perdre la Palestine, lorsque le roi syrien Antiochus III mit l’armée de Ptolémée V en déroute. Par la suite, elle subit de plus en plus l’influence de Rome. En 31 avant notre ère, au cours de la bataille décisive d’Actium, Cléopâtre abandonna la flotte d’Antoine, son amant romain, lequel fut vaincu par Octave, petit-neveu de Jules César. En 30, Octave entreprit la conquête de l’Égypte, qui devint une province romaine. C’est dans cette Égypte romaine que Joseph, Marie et leur petit enfant Jésus s’enfuirent pour échapper au décret criminel d’Hérode; ils n’en repartirent qu’après la mort d’Hérode, afin que s’accomplît la déclaration d’Osée, savoir: “D’Égypte j’ai appelé mon fils.” — Mat. 2:13-15; Osée 11:1; comparez avec Exode 4:22, 23.
L’“Égyptien” séditieux que le commandant de la garnison de Jérusalem avait confondu avec Paul est peut-être le même que celui dont parle Josèphe (La guerre des Juifs, liv. II, chap. XXIII, pars 1-4). Celui-ci situe en effet cette insurrection dans le règne de Néron et sous la procuratie de Félix, en Judée, ce qui s’accorde avec le récit consigné en Actes 21:37-39; 23:23, 24.
La seconde destruction de Jérusalem par les Romains en 70 accomplit de nouveau les paroles rapportées en Deutéronome 28:68, en ce que beaucoup de Juifs survivants furent emmenés comme esclaves en Égypte. — La guerre des Juifs, liv. VI, chap. XLIV, par. 1.
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Égypte (Fleuve d’)Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible
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ÉGYPTE (FLEUVE D’)
Jéhovah promit à Abraham de donner à sa postérité le pays qui s’étendait “du fleuve d’Égypte” jusqu’au fleuve Euphrate (Gen. 15:18). En règle générale, les biblistes pensent que ce “fleuve d’Égypte” n’est autre que le “ouadi d’Égypte”, qu’on a maintenant identifié au ouadi El-ʽArish; celui-ci coule dans la péninsule du Sinaï et se jette dans la Méditerranée, à quelque 150 kilomètres à l’est de Port-Saïd (voir ÉGYPTE [OUADI D’]). En I Chroniques 13:5, certaines traductions (MN; Lemaistre de Saci; voir aussi Bible du Centenaire; Ostervald; TOB) emploient l’expression “fleuve [shîhôr] d’Égypte” qui peut, elle aussi, désigner le ouadi El-ʽArish. Cependant, ces deux textes peuvent également faire allusion à l’un des bras du Nil. Voir SCHIHOR.
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