Coup d’œil sur le monde
Le spectre de la famine
En mars dernier, un porte-parole de la Ligue des sociétés de Croix-Rouge déclara qu’en Afrique, dans la région du Sahel, “la sécheresse a provoqué une famine qui s’aggrave de jour en jour”. M. Kurt Waldheim, secrétaire général de l’ONU, craint que les pays du Sahel, le Sénégal, le Mali, la Haute-Volta, le Niger et le Tchad, zone sud-saharienne grande comme six fois la France, disparaissent des cartes, remplacés par le blanc, symbole du désert. Commentant cette situation, un article du journal Le Figaro du 18 mars 1974 disait : “L’an dernier, la plus grande partie du bétail a péri. Cette année, ce sera le tour des êtres humains, déjà affamés et qui n’offrent plus de résistance à la moindre maladie. (...) La Croix-Rouge française demande : ‘Combien de dizaines de milliers d’enfants seront-ils sauvés en 1974 au Sahel ?’” Une seule bonne saison des pluies suffirait à reconstituer les stocks et permettrait aux agriculteurs de passer ce cap difficile. Mais la situation des nomades paraît beaucoup plus critique. En effet, ils ne vivent que par et pour leurs troupeaux. Quand le bétail disparaît, ils se retrouvent totalement démunis et désespérés. Des milliers de nomades se sont déjà réfugiés dans certains endroits où ont été établis des camps. Selon la Croix-Rouge, 15 000 nomades affamés seraient déjà arrivés au camp de Lazaret, près de Niamey, au Niger, et 37 000 autres, démunis de tout, vivent dans des camps proches de Gao et de Tombouctou, au Mali. Le même article du Figaro parle de ces camps. On peut y lire : “Les hommes à pied, leurs fils les plus forts dans leurs jambes, les femmes à califourchon sur des ânes, (...) tous avaient enterré des proches parents au hasard de leur route. Ils arrivaient là épuisés et souffrants. Certains, pour survivre pendant cette longue marche de 600 à 900 kilomètres, avaient mangé des feuilles d’arbres ou des racines pilées. D’autres, plus démunis encore, avaient consommé le cuir de leurs tentes après l’avoir fait bouillir. Squelettiques, déshydratés, les yeux hagards, les réfugiés s’entassaient alors sous quelques épineux rabougris, la seule végétation qui ait tenu le coup au Lazaret. (...) Des tentes en peaux, des abris de carton arrimés avec des bouts de ficelle, des pagnes tendus entre deux branches, (...) et la voûte du ciel pour les autres, (...) tel est le Lazaret en 1974. Un bidonville du désert, informe, tentaculaire, en bordure duquel les femmes se pressent autour d’un puits unique.”
Les dangers de la pollution nucléaire
Aux États généraux pour la survie de l’homme, qui ont été réunis à Paris en mars dernier, des scientifiques et des économistes ont rappelé une nouvelle fois les dangers de la pollution nucléaire. Certes, les pollutions qui compromettent plus ou moins irrémédiablement la santé, l’équilibre et l’existence même de l’espèce humaine sont nombreuses. Toutefois, l’une d’elles apparaît aujourd’hui comme particulièrement redoutable. Elle est liée au développement de l’énergie nucléaire. Le professeur Philippe Lebreton, de la faculté de Lyon, dénonça cette forme d’énergie “comme dangereuse et polluante”. Alors que près des centrales actuellement en service le risque de contamination semble faible, il estime que les surgénérateurs vers lesquels on s’oriente comporteront, en raison de leur multiplication, des risques considérables. De plus, aucune solution véritable n’a encore été trouvée au problème des déchets radioactifs qui vont s’accroître dans d’énormes proportions. Rapportant cette conférence, Le Figaro du 26 mars 1974 ajoutait : “Mais existe-t-il des solutions de rechange ? Oui, et à moindre frais. C’est l’avis de beaucoup de chercheurs, et il convient à cet égard d’exploiter l’énergie solaire, éolienne. Et M. Bozzonetti, directeur de ‘Notre environnement’, estime qu’il est dès maintenant possible de tirer de prodigieuses ressources de l’énergie géothermique.”
Le “streaking”, exhibitionnisme de groupe
C’est sous ce titre que le journal Le Monde des 17-18 mars 1974 parle d’un ‘étrange virus qui semble avoir saisi des milliers de jeunes Américains pratiquant avec délectation et dans l’exubérance une sorte d’exhibitionnisme de groupe’, qui consiste à se montrer entièrement nu dans la rue. Des jeunes gens surgissent entièrement nus, traversent la voie publique en courant et se faufilent à travers les voitures, sans laisser aux badauds ébahis et choqués le temps de réagir. D’où le nom de “streaking” (du verbe “to streak” : filer comme l’éclair). En mars dernier, treize jeunes Américains ont importé ce “jeu” à Paris en traversant, entièrement nus, la pelouse sous la tour Eiffel au pas de course, avant de gagner des voitures à bord desquelles ils ont disparu. Cet exhibitionnisme de groupe a suscité des commentaires très divers. Un spécialiste de la “communication” déclara : “Le ‘streaking’ est une forme d’assaut.” Selon un psychiatre de L’université Columbia, “c’est un défi aux normes culturelles acceptées”. D’après un de ses collègues de Yale, il s’agit surtout “d’un défi à l’autorité et une tentative de la ridiculiser”. Pour un autre professeur de l’université américaine Yale, “la sécurité nationale n’est pas menacée” !
Un compromis avec les communistes
En février dernier, le Pape Paul VI a relevé de ses fonctions d’archevêque de Hongrie le cardinal Jozsef Mindszenty, actuellement en exil, qui protesta contre cette décision. La plupart des observateurs considèrent qu’il s’agit d’un nouveau pas du pape Paul pour courtiser les pays communistes, afin d’obtenir des concessions pour l’Église. Maintenant, le gouvernement hongrois autorise le pape à nommer des prêtres aux postes vacants, mais il se réserve le droit d’opposer son veto à certaines nominations. Dans sa déclaration pour exprimer son refus de démissionner, le cardinal Mindszenty écrivit : “L’installation de ‘prêtres de la paix’ à des fonctions ecclésiastiques importantes ébranle la confiance des prêtres et des croyants dans la direction suprême de l’Église.”
Les fruits de l’éducation
On a dit parfois que l’éducation résoudrait les problèmes de l’humanité. Mais quels fruits les méthodes d’éducation du monde ont-elles produits ? Une réponse nous est donnée par Rolf A. Weil, éducateur et président de l’université Roosevelt de Chicago ; il dit : “Nous sommes témoins des mêmes forces de destruction dues à la politique nationaliste et aux préjugés religieux et moraux qui ont affligé l’humanité durant toute l’Histoire (...). Au cours de celle-ci, l’éducation formaliste a généralement rendu l’homme plus compétent et plus habile ; elle l’a rendu parfois plus sage, mais pratiquement jamais meilleur sur les plans moral et religieux.” Pourquoi ? Parce que les hommes n’ont pas été poussés par le désir sincère de connaître et de faire la volonté de Dieu.
Pénurie de flétans
La commission internationale pour la pêche du flétan dans le Pacifique a limité pour cette année la pêche de ce poisson dans les eaux du golfe d’Alaska à 6 millions de tonnes. Cette limite aurait été fixée à 5 millions de tonnes si les pêcheurs n’avaient pas rencontré des difficultés économiques. Cette commission a déclaré que les réserves de flétans dans le nord-est du Pacifique et la mer de Béring “ont atteint un niveau très bas”. Cette commission ne contrôle que la pêche des États-Unis et du Canada dans ces eaux. On rapporte qu’elles entament sérieusement les réserves et que la coopération avec ces nations se développe lentement.
Campagne contre le tabagisme
En France, la Fondation nationale de cardiologie a organisé en mars dernier une campagne nationale d’information contre le tabagisme. “La cigarette menace votre cœur... fumez moins !”, tel était son conseil. Il a été diffusé sous forme d’affiches et de tracts dans les pharmacies, les caisses d’allocations familiales, etc. Dans son tract, la Fondation rappelle que les décès dus aux maladies du cœur et des vaisseaux sont deux à trois fois plus fréquents chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. Elle indique également les raisons pour lesquelles la cigarette prédispose aux maladies cardiaques.
Les hamsters et la méningite
Selon le Républicain Lorrain du 12 mars 1974, le ministère ouest-allemand de la Santé a lancé une mise en garde contre les dangers que peuvent représenter les hamsters dorés, petits rongeurs d’Europe centrale et d’Alsace qui accumulent légumes, fruits et graines dans leurs terriers et qui sont parmi les animaux favoris des enfants. Toujours selon le ministère de la Santé d’Allemagne fédérale, certains hamsters sont porteurs d’un virus, notamment au cours des trois premiers mois de leur vie, qui peut provoquer la méningite chez les humains.
Les nations pauvres menacées d’une catastrophe
Une enquête récente de la Banque mondiale sur les besoins en pétrole de 39 des nations les plus pauvres a révélé que l’augmentation des prix suffit largement à annuler toute l’aide étrangère prévue pour ces pays durant cette année. La quantité d’engrais fabriqués à partir du pétrole est limitée, et leur prix augmente. Dans le même temps, ces nations en proie à la faim devront payer environ quatre fois plus cher leurs importations de denrées alimentaires. Selon un haut fonctionnaire américain, aux États-Unis, la pénurie de pétrole signifie que “nous devrons peut-être laisser notre voiture pour prendre l’autobus. (...) En Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, cela signifie une catastrophe”.