Quand l’irritation vous gagne

DANS un hôtel d’un pays d’Orient, un touriste déclara la perte de sa montre au directeur de l’établissement. Quelque temps plus tard, l’objet n’ayant toujours pas été retrouvé, l’homme acquit la conviction que le directeur n’avait pas tenu compte de ses doléances. Sous l’effet de la colère, il lança par la fenêtre une corbeille à papier, un poste de télévision et tous ses vêtements qui allèrent atterrir dans la piscine dix-sept étages plus bas.

Avez-​vous déjà essuyé des déboires dans vos relations avec autrui, au point de vous sentir d’humeur violente? C’est le cas de beaucoup de gens. D’autres personnes qui ont été offensées restent calmes, mais se disent: “Je ne lui adresserai plus la parole!” Dans une petite ville des Philippines, deux hommes se disputaient le droit de propriété d’un lopin de terre. Pendant une longue période de temps, ils ne se parlèrent pas. Pourtant, est-​ce ainsi que l’on règle la situation créée par une offense?

De telles réactions ajoutent au problème. Par un accès de colère, le touriste ne fit pas réapparaître sa montre, mais il eut très probablement à payer les dégâts qu’il avait causés. Le mutisme des deux voisins ne régla pas leur litige. Il fut source d’embarras et de gêne pour leurs familles, leurs amis et leurs voisins. Une solution bien meilleure doit sûrement exister.

Jésus fit la démonstration d’une méthode plus efficace. Comme nous, il était entouré de gens imparfaits et faillibles, dont les manquements le peinaient. Parfois, il “fut indigné” et “poussa un profond gémissement avec son esprit” en étant témoin de certaines actions (Marc 8:12; 10:14). Il ne répondit pas par la violence et ne se réfugia pas dans un long silence. Il essaya plutôt d’aider les personnes à prendre conscience de leurs problèmes et à les surmonter.

Jésus réussit cette démarche parce qu’il éprouvait un profond amour pour ses semblables et tout particulièrement pour ses disciples. Aussi leur dit-​il: “Je vous donne un commandement nouveau: que vous vous aimiez les uns les autres, et que, comme je vous ai aimés, vous aussi vous vous aimiez les uns les autres.” Cet amour fut perceptible lorsque Jésus se trouva aux prises avec les faiblesses humaines. Qui plus est, il put les surmonter en faisant preuve de pondération. Il déclara lui-​même: “Je suis doux de caractère et humble de cœur.” On a généralement du succès lorsqu’on parvient à vaincre ses difficultés personnelles avec de la douceur et de l’humilité. — Jean 13:34; Mat. 11:29.

Jésus surmonta l’irritation

Quelqu’un n’a-​t-​il pas tenu la promesse qu’il vous avait faite? A-​t-​on manqué le rendez-vous que vous aviez fixé? Voilà des expériences bien fâcheuses. Pourtant, de tels déboires fournissent-​ils une raison valable à un accès de colère ou à un silence glacial?

Analysons l’attitude de Jésus avec ses apôtres, la nuit qui précéda sa mort. C’était pour lui un moment de rude épreuve. Il se rendit au jardin de Gethsémané. En présence de ses apôtres, il dit: “Mon âme s’est profondément attristée, oui, jusqu’à la mort. Restez ici et tenez-​vous aux aguets avec moi.” (Mat. 26:38) Jésus s’éloigna ensuite pour prier. En revenant sur ses pas, que vit-​il? Ses disciples en train de dormir. Jésus agit avec compassion et les réveilla.

Jésus se rendit compte que ses disciples n’avaient pas de mauvais mobiles, mais qu’ils étaient sujets à l’imperfection humaine. C’est pourquoi il leur dit: “L’esprit, certes, est ardent, mais la chair est faible.” (Mat. 26:36-46). Plus tard, les apôtres abandonnèrent Jésus aux mains de ses ennemis et Pierre le renia. Pourtant Jésus ne délaissa pas ses amis. Après sa résurrection, il agit de façon à les fortifier et à les aider à vaincre leurs faiblesses.

Quelle attitude généreuse! L’apôtre Paul déclara: “L’amour (...) espère tout.” Aussi, plutôt que d’abandonner nos amis lorsque nous nous sentons délaissés par eux, pourquoi, à l’exemple de Jésus ne pas admettre que leurs mobiles sont purs, mais qu’ils subissent l’effet de l’imperfection humaine? On agit ainsi avec amour et cela peut amener nos amis à ne pas nous abandonner en une autre occasion. — I Cor. 13:4, 7.

Quand les manquements se renouvellent

Il est évident qu’un seul avertissement ne suffit pas toujours à résoudre un problème. Comme les parents le savent bien, il faut répéter maintes fois une chose à un enfant avant qu’elle ne pénètre en lui. Il en va de même pour les adultes.

Les apôtres de Jésus n’échappèrent pas à cette règle. En une certaine circonstance, ils discutèrent pour savoir qui était le plus grand. Les ayant entendus, Jésus saisit l’occasion d’expliquer que parmi ses disciples il n’y avait pas de position de souveraineté. Il leur dit plutôt: “Si quelqu’un veut être le premier, il devra être le dernier de tous et le ministre de tous.” — Marc 9:35.

Jésus eut beau fournir cette explication très claire, peu de mois après, deux des apôtres lui demandèrent d’occuper les deux positions les plus importantes après lui dans le Royaume. Les autres disciples s’indignèrent, mais Jésus, lui, ne s’emporta pas. Une fois de plus, il leur expliqua avec patience: “Vous savez que les chefs des nations leur commandent en maîtres et que les grands exercent sur elles le pouvoir. Il n’en est pas ainsi parmi vous; mais quiconque veut devenir grand parmi vous devra être votre ministre, et quiconque veut être premier parmi vous devra être votre esclave.” — Mat. 20:24-27.

En une autre occasion, la nuit qui précéda la mort de Jésus, le récit nous dit qu’“il s’éleva aussi parmi eux une vive contestation pour savoir lequel d’entre eux semblait être le plus grand”. Pourtant, Jésus expliqua de nouveau patiemment à ses disciples qu’il n’était pas question de ‘jouer aux seigneurs’, mais de servir. Afin de graver cela dans leur esprit, il leur fit une démonstration pratique. De ses mains, il lava les pieds des apôtres présents. Voilà ce qu’il entendait par le mot “ministre”! — Luc 22:24-27; Jean 13:3-5.

Les apôtres finirent par saisir la leçon. Des années plus tard, l’apôtre Pierre écrivit une lettre admirable aux congrégations chrétiennes, lettre dans laquelle il transmit cette morale. Pierre exhorta ceux qui prenaient la tête dans la congrégation ‘à ne pas commander en maîtres à ceux qui sont l’héritage de Dieu, mais à devenir des exemples pour le troupeau’. — I Pierre 5:2, 3.

Si nous adoptons la même attitude que Jésus, nous pourrons réagir convenablement lorsque nous serons en butte à de nombreuses irritations. Nous pourrons y parvenir en exerçant le même amour, la douceur et l’humilité d’esprit que Jésus possédait.

Suivons l’exemple de Jésus

Jésus nous recommanda de manifester de l’amour et de l’indulgence envers nos frères spirituels, même s’il nous fallait leur pardonner “jusqu’à soixante-dix-sept fois”. Mais qu’en est-​il si notre frère commet une grave offense? Jésus nous encourage à aller trouver l’offenseur et à lui parler en privé. Alors, dit Jésus, “s’il t’écoute, tu as gagné ton frère”. — Mat. 18:15, 22.

Cependant, si nous sommes exposés à ce genre de situation, il est bon de se rappeler que Jésus était parfait. Ce n’est pas notre cas. Si nos amis sont pour nous une cause d’irritation, il est probable que nous les agaçons aussi de temps en temps. Il serait bien de traiter nos offenseurs comme nous aimerions qu’ils nous considèrent lorsque nous les blessons — avec amour, douceur et humilité. C’est ainsi qu’on appliquera les paroles de Jésus: “Donc, tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, vous devez, vous aussi, le faire de même pour eux.” — Mat. 7:12.

D’un autre côté, il nous sera utile d’être conscients de nos imperfections. Les facultés de perception de Jésus étaient telles qu’il pouvait discerner les mobiles et la condition de cœur des gens. Nous sommes limités dans ce domaine. Si nous nous sentons blessés ou irrités, il est possible qu’un malentendu existe et que rien n’ait été fait à dessein de nous nuire. Ainsi, le touriste dont nous avons parlé au début de cet article se trompait. Le directeur de l’hôtel s’était préoccupé de la situation et la police menait l’enquête.

Même si nous sommes persuadés d’avoir raison, restons humbles. Notre comportement aidera une personne à réparer plus facilement les torts qu’elle a pu commettre. Du point de vue de Jésus, nous parlons à notre offenseur dans le but de ‘gagner notre frère’. Il est probable que nous viendrons à bout d’une situation si nous traitons le problème avec douceur et humilité.

C’était le cas des deux hommes qui refusaient de s’adresser la parole à cause d’un lopin de terre. Après s’être enfermés dans un mutisme opiniâtre, ils se retrouvèrent l’un à côté de l’autre dans un véhicule de transport en commun. L’un eut l’humilité de présenter des excuses pour sa mauvaise attitude. La gêne fut dissipée et les deux hommes s’embrassèrent. Ils pouvaient maintenant régler leur litige à l’amiable, sans mettre leurs proches dans une situation difficile et ennuyeuse.

Trois qualités propres à Christ — l’amour, la douceur et l’humilité — peuvent améliorer nos relations avec autrui. Lorsque des personnes nous irritent, ces vertus nous aident à résoudre les problèmes de façon positive et souvent même avec bonheur. Vraiment, en y réfléchissant avec soin, il est des qualités dont aucun de nous ne peut se passer!

“Ne soyez pas égoïstes, ne vivez pas dans le but de faire bonne impression sur les autres. Soyez humbles, considérez les autres comme meilleurs que vous. Ne pensez pas seulement à vous, mais intéressez-​vous aussi aux autres et à ce qu’ils font.” — Phil. 2:3, 4, “Nouveau Testament”, éd. Farel.