Un refus
“LA S.D.N. existe, mais que sera-t-elle? Répondra-t-elle vraiment à notre attente, ou bien se montrera-t-elle une imposture?” Ces questions ont été soulevées par Lord Robert Cecil, le président britannique du Comité exécutif de la Société des Nations. En effet, si beaucoup avaient été amenés à croire que la S.D.N. constituerait une garantie de paix, d’autres émettaient de sérieux doutes à ce sujet.
Le grand romancier anglais Jerome K. Jerome écrivait: “La Société des Nations est morte à la naissance (...). Ses fondateurs (...) nous convient pourtant à son baptême (...). Ils voyaient en elle un nouveau Messie. Ils semblent aujourd’hui s’être persuadés qu’à force de crier et de se prosterner devant elle ils parviendront à la relever d’entre les morts.” De son côté, le Standard de Londres déclarait: “Une Société des Nations en laquelle personne ne croit mais que tout le monde honore des lèvres n’est jamais qu’une supercherie, et une supercherie des plus dangereuses.”
Un pavé dans la mare
Nous avons déjà parlé du bon accueil que le clergé avait fait à la Société des Nations. Toutefois, en mai 1920, au beau milieu des acclamations, le périodique La Tour de Garde publiait une condamnation claire et nette de cet organisme. Nous lisons: “On a crié bien haut partout que [la S.D.N.] serait la grande libératrice de l’humanité, mais nécessairement elle faillira à sa mission.” — Édition française du 15 février 1921.
Pourquoi la Société des Nations était-elle vouée à l’échec? Pour des raisons purement politiques, parce que les États-Unis n’y avaient pas adhéré? Non. En fait, les Témoins de Jéhovah n’ont vu dans l’apparition de la Société des Nations qu’un épisode dans un drame beaucoup plus vaste: le conflit qui oppose Satan, l’instigateur de la rébellion universelle, au Souverain Seigneur Jéhovah (Job chapitres 1 et 2; Jean 8:44). En somme, cette société érigée par les hommes politiques et encensée par le clergé n’était qu’un faux remède, une diversion opérée par Satan pour détourner l’attention des humains de la seule solution véritable à leurs maux: le Royaume messianique de Dieu. Ainsi, du point de vue du Créateur la Société des Nations ne pouvait être qu’une “supercherie”, une “imposture”. — Voir Psaume 2.
Voilà pourquoi La Tour de Garde précitée ajoutait: “Même si les États-Unis avaient admis la Société des Nations en se joignant aux autres pays du monde, celle-ci n’aurait pu accomplir la fin qu’elle s’est proposée pour la bonne raison qu’elle est humaine, formulée par des hommes égoïstes, et pour la raison supérieure qu’elle est contraire aux voies de Dieu.”
Un réquisitoire plus sévère encore a été présenté le 10 septembre 1922, lors d’une assemblée que les Témoins de Jéhovah tenaient à Cedar Point, aux États-Unis. À cette occasion il a été proclamé:
“Que toutes les conférences internationales, tous les accords, y compris le pacte de la Société des Nations et toutes les autres conventions de cet ordre, doivent aboutir à un échec, parce que Dieu l’a décrété.”
Les Témoins ont également dénoncé le soutien que le clergé accordait à la Société des Nations. Au sujet des ecclésiastiques, ils déclaraient: “Ils ont aussi répudié le Seigneur et son Royaume et trahi leur infidélité en s’unissant délibérément à l’organisation de Satan et en ayant l’audace d’annoncer au monde que la Société des Nations était l’expression politique du Royaume de Dieu sur la terre, au mépris le plus total des paroles de Jésus et des apôtres.”
Pourquoi les Témoins avaient-ils déjà pris une position aussi tranchée contre la Société des Nations? Grâce à leur étude de la Bible, ils avaient compris “que 1914 marquait légalement l’achèvement du vieux monde et qu’à cette date le Christ, le Roi légitime, a reçu son pouvoir royal;
“Que le Seigneur Jésus Christ est maintenant présent, quoiqu’invisible pour l’homme, et qu’il est en train d’établir son Royaume, ce Royaume pour lequel les disciples prient conformément à ses instructions”. — Matthieu 6:9, 10.
Ainsi, les Témoins ont vu dans la S.D.N. une contrefaçon humaine du Royaume de Dieu. En tant que telle, cette organisation était condamnée à l’échec (Jérémie 10:23; Daniel 2:44). Or quel a été le sort de la Société échafaudée par Woodrow Wilson? Pour le savoir, considérons rapidement les événements qui se sont succédé de 1920 à 1946.
[Illustrations, page 8]
Les espoirs du monde étaient tournés vers Genève, le siège de la Société des Nations.
[Crédit photographique]
ONU
U.S. National Archives