BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • g77 22/5 p. 20-24
  • Étiez-vous à Chichi en décembre ?

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • Étiez-vous à Chichi en décembre ?
  • Réveillez-vous ! 1977
  • Intertitres
  • Document similaire
  • Les processions et leur origine
  • Les supplications aux dieux
  • Un autel païen
  • Les questions des visiteurs
  • Le jour de saint Thomas
  • Trop de paganisme
  • Les nouveaux saints de l’année sainte peuvent-ils vous aider ?
    Réveillez-vous ! 1976
  • Les Mayas : hier et aujourd’hui
    Réveillez-vous ! 2001
  • La véritable liberté pour les Mayas
    La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 2008
  • Des saints supprimés — désarroi dans les esprits
    Réveillez-vous ! 1970
Plus…
Réveillez-vous ! 1977
g77 22/5 p. 20-24

Étiez-​vous à Chichi en décembre ?

De notre correspondant au Guatemala

SI VOUS étiez à Chichicastenango entre le 17 et le 21 décembre dernier, j’ai pu facilement vous manquer. Cette fête religieuse unique avait attiré tant de visiteurs dans cette curieuse ville indienne des montagnes du Guatemala, qu’il était impossible de voir tout le monde. Et ce qui s’est passé dans l’église et autour était tellement inhabituel, et même si choquant, que toute mon attention était fixée sur cet événement.

Quelles que soient vos croyances religieuses, si vous réfléchissez à ce qui se passe à Chichicastenango, vous comprendrez certainement pourquoi on en parle comme d’un endroit où le paganisme se mêle au catholicisme.

Le nom de Chichicastenango signifie “ville des orties”, mais parfois on l’abrège en “Chichi”. C’est en 1524 que cette ville est devenue le centre culturel des Indiens Quichés (descendants des anciens Mayas), après que le conquérant espagnol Pedro de Alvarado eut brûlé la forteresse d’Utatlán, à 18 kilomètres plus au nord.

Après quatre siècles, on trouve toujours à Chichicastenango des Quichés qui suivent les traditions de leurs ancêtres. Ils ont gardé l’orgueil de leur race, ils parlent leur propre dialecte et, quoique se prétendant chrétiens, ils pratiquent des rites d’origine païenne. Ce mélange religieux, qu’on peut observer dans l’église Saint-Thomas, vieille de 435 ans, attire et intrigue quantité de gens. Comme moi, vous vous demandez sans doute où finissent les anciens rites mayas et où commence le catholicisme. De nombreux visiteurs catholiques en sont tout troublés.

J’ai visité Chichicastenango pour la première fois il y a vingt ans. D’après ce que j’ai vu et ce que j’ai lu dans des ouvrages d’archéologie et d’histoire, je suis d’accord avec sir Eric Thompson, autorité en la matière. Il a écrit : “Il est intéressant de remarquer que les Mayas (...) ont accepté le christianisme, mais pas pour remplacer leurs anciens dieux. En douceur, ils ont amalgamé à souhait les deux religions. Les dieux mayas et les saints chrétiens se sont unis étroitement en un panthéon qui fonctionne sans à-coups.” Il conclut en disant que “très peu de Mayas pourraient dire lesquels des éléments de leur religion sont chrétiens et lesquels sont païens”.

Les processions et leur origine

On entend parfois les échos sonores de l’événement avant même d’arriver sur les lieux. Ce fut mon cas. Tandis que je me faufilais dans les rues étroites et mal pavées qui menaient à la plaza, j’entendais un son étrange et très aigu, accompagné par le battement rythmé d’un tambour. Au coin d’une rue, je me suis trouvé en face d’un groupe de marcheurs au visage sombre et vêtus de vêtements indiens aux couleurs vives. C’était l’une des quatorze cofradias (confréries religieuses) qui allaient porter leur statue dans l’église.

Chaque confrérie est vouée à un saint différent, le plus important étant saint Thomas. Les chefs, qui se reconnaissent à leur turban, ont le privilège de porter la statue d’argent appartenant à la confrérie. Cette statue, d’environ 30 centimètres de haut, a la forme d’un soleil rayonnant surmonté d’une petite croix. Elle représente la fusion du culte païen du soleil et du catholicisme.

Une fois que vous avez atteint la plaza, votre attention est aussitôt attirée par l’église toute blanche de “Santo Tomas”. Devant l’église, la plaza ou place du marché est grouillante de monde et le théâtre d’activités fébriles. On ne peut pas ne pas voir ce qui se passe sur les marches de l’église.

Les supplications aux dieux

Sur les marches de l’église catholique, les Quichés commencent leurs rites religieux. Un autel est dressé sur la première marche et ils y brûlent du pom ou encens. Depuis l’autel, ils montent lentement, une marche à la fois, en balançant leurs encensoirs. Arrivés à la marche supérieure, ils mettent un genou à terre et continuent à prier tout en faisant force gestes des mains, comme s’ils parlaient avec un ami intime. Ils croient que la fumée de l’encens emporte leurs prières vers leurs ancêtres qui les transmettent aux dieux. Puis les dévots abandonnent leurs encensoirs à la porte de l’église et disparaissent à l’intérieur.

Comme une foule d’Indiens obstrue la porte principale, j’entre par une porte latérale, comme le font nombre d’autres visiteurs. Même si vous avez déjà visité d’autres églises, vous serez probablement saisi en entrant dans celle-ci. Il y fait si sombre qu’il faut un moment pour que les yeux s’habituent à l’obscurité. Les murs et le plafond, noircis par la fumée de plusieurs siècles, ajoutent à l’effet fantastique. Mais vous voyez immédiatement d’où vient la fumée.

Au centre de l’église sont disposés des plateaux en bois garnis de cierges. Entre les cierges, on a répandu une profusion de pétales de roses blanches et rouges. Le blanc représente la mort, et le rouge la vie. C’est l’homme le plus âgé de la famille qui s’agenouille devant les cierges pour prier, mais une femme peut prier si aucun homme ne l’accompagne. Dans certains cas, on loue les services d’un prêtre ou d’un sage qui sert d’intermédiaire pour supplier les dieux.

Dans la lumière vacillante des cierges, on peut voir avec quelle intensité chacun prie si l’on observe l’expression de son visage et ses gestes. Tous ces gens ne parlent pas l’espagnol, mais seulement le dialecte quichés. Quel est donc le dieu ou les dieux que prient les Indiens dans cette église catholique ?

Le patriarche d’une petite famille commencera peut-être sa prière en disant : “Notre Père qui es dans les cieux”, puis il poursuivra ainsi : “Nous demandons ta direction maintenant au nom de saint Thomas. Écoute-​moi, saint Thomas, c’est aujourd’hui que tu sortiras dans la procession ? Voulez-​vous aussi nous aider, saint Joseph, saint Sébastien, Pascual Abaj, dieu des airs et du ciel, dieu des collines et des vallées ? Ô Jésus, protège-​nous des mauvais esprits qui pourraient nous jeter un sort. Nous te demandons de nous donner des fèves et du maïs, le vêtement et la santé. Nous avons aussi besoin d’une maison, d’argent et de richesses. Nous avons besoin de volailles, de vaches, de moutons et de chats. Saint Thomas et les autres apôtres, protégez nos animaux, afin qu’ils ne deviennent pas malades. Et protégez-​nous des autorités civiles. Que le maire, la police et les tribunaux ne nous tourmentent pas injustement !”

Souvent, les dieux païens sont en plus grand nombre que les saints catholiques. Pourquoi les Quichés, qui prétendent être catholiques, s’adressent-​ils à ces nombreux dieux ? Les Mayas adoraient leurs ancêtres ainsi que le soleil, la lune et d’autres corps célestes. Ils accordaient de l’importance aux dieux de la pluie et au dieu de la terre. Mais que s’est-​il passé quand les Espagnols ont introduit le catholicisme ? Sir Eric Thompson l’explique ainsi : “Ils [les Mayas] ont ‘mayanisé’ le christianisme, mêlant ce dernier à leurs croyances premières.” Fait surprenant, malgré la forte influence que l’Église catholique a exercée pendant des, siècles, les Indiens sont toujours aussi païens que catholiques.

Un autel païen

Mais qui est Pascual Abaj, mentionné dans la prière ? C’est le dieu local le plus important de Chichicastenango. On célèbre des rites devant son image primitive au sommet d’une colline proche. À cette vieille idole de pierre noire, le peuple offre des pétales de roses, de l’encens, des bougies et, à l’occasion, des poulets décapités couverts de sang. Des prêtres indigènes ornent le dieu de branches de pin et de fleurs. Ce dieu, qui a près d’un mètre de haut, n’a pas de corps, mais juste une tête allongée ; il ressemble à l’ancien dieu du maïs.

Que représentent les croix miniatures qui entourent Pascual Abaj ? Elles n’ont rien à voir avec Jésus Christ. Quand les Espagnols sont arrivés, les Mayas avaient déjà la croix. Les quatre bras de celle-ci symbolisent plusieurs choses : les quatre dieux qui se trouvent aux quatre coins de la terre et qui soutiennent le ciel, les quatre directions d’où viennent les vents et les pluies, et quatre dieux tribaux.

Dans l’église Saint-Thomas, Pascual Abaj, le dieu du soleil, le dieu de la terre, Jésus et d’autres dieux encore sont invoqués ensemble dans les prières quichés.

Les questions des visiteurs

Que pensent de ce mélange de religions les milliers de visiteurs qui viennent ici chaque année ? Certains interrogent un prêtre ou d’autres personnes à propos des pratiques non chrétiennes. On leur répondra peut-être que l’Église permet aux adultes de poursuivre leurs pratiques païennes afin qu’ils laissent venir leurs enfants à l’école où ceux-ci reçoivent une instruction catholique. Ainsi, la prochaine génération sera différente. Mais combien de ‘prochaines générations’ y a-​t-​il eues en quatre siècles, depuis la venue des Espagnols ?

D’autres touristes interrogent leur guide qui leur répond : “Les Indiens prient à la fois les saints de l’Église et leurs anciens dieux, car ils ne savent pas avec certitude lesquels sont vrais. Ils n’ont pas abandonné leur dieu de pierre sur la colline. Ils s’en vont prier Pascual Abaj et lui disent : ‘J’ai déjà été à l’église demander de nombreuses choses aux saints. Maintenant je suis ici. Peut-être que ce qu’ils ne feront pas pour moi, toi tu le feras.’”

Écoutons donc un prêtre quichés prier pour une cliente : “Ô saint Thomas, je suis ici pour te demander de protéger Macario. Sa femme a apporté ce sacrifice.” Il présente une poignée de cierges, gesticule dans toutes les directions et touche la tête de la femme avec les cierges que celle-ci baise. Il reprend : “À présent, ces bougies sont saintes, puisque tu les as bénies. Fais en sorte qu’il n’arrive rien à Macario, le mari de cette femme. Il est en voyage d’affaires dans la ville de Guatemala. Ce n’est pas un mauvais homme ; aussi ne permets pas qu’on le vole. Protège-​le des accidents. Si un brujo [sorcier] lui a jeté un sort ou une malédiction, voudrais-​tu l’annuler, toi, Pascual Abaj ? Ramène Macario sain et sauf à la maison.” Il allume les cierges et verse du rhum tout autour, puis continue sa prière : “C’est pour toi, saint Thomas. Tu en auras besoin aujourd’hui, car c’est le jour où tu sors dans la procession autour de la ville. Cela te donnera des forces.”

Cherchant à excuser l’usage du rhum, permis par l’Église, un guide dit : “Le rhum, qui contient de l’alcool, purifie le plateau, qui sert d’autel sur lequel est offert le sacrifice.” Ce commentaire d’un archéologue est plus exact : “Souvent, on verse une boisson alcoolique sur les pétales. Même les Indiens ne savent pas exactement ce que cela signifie. Mais dans les rites païens précolombiens, boire faisait partie de la cérémonie,” Actuellement, la présence de nombreux dévots ivres prouve que rien n’a changé !

Le jour de saint Thomas

Le 21 décembre est le jour de saint Thomas. À Chichicastenango, la journée commence par une cérémonie catholique. On enlève les plateaux à cierges de la nef, et quatre prêtres célèbrent la messe. Au fond de l’église, les statues des saints sont alignées de chaque côté. Un groupe de chefs de clan entre avec des idoles, l’une d’elles représentant Tzicolaj, le célèbre cavalier du petit cheval de bois. Mais notre attention est attirée par trois statues ornées de façon très voyante : saint Thomas, saint Joseph et saint Sébastien.

Pourquoi ces statues sont-​elles ornées de plumes de couleur, de fruits en plastique et de miroirs, et surmontées d’une décoration compliquée formée d’énormes demi-lunes semblables à des auréoles ? “C’est pour représenter le Soleil, le cœur du Ciel”, dit un ouvrage de référence. Il est clair que pour les Quichés les saints catholiques devant lesquels ils s’inclinent et brûlent des cierges sont en réalité les anciens dieux de la mythologie maya, mais avec de nouveaux noms.

La messe se termine quand le prêtre prie saint Thomas de bénir les assistants qui sortent alors un par un en chantant : “Gloria, gloria, alléluia.” Les rites catholiques se terminent brusquement, et c’est le paganisme qui va prévaloir durant le reste de la journée.

Les chefs de chaque cofradia se rendent rapidement vers le centre de la nef et s’agenouillent face à l’autel. Cependant, le chef qui porte Tzicolaj se place devant eux, le dos à l’autel. Qui peut dire si l’adoration de ces hommes va à l’autel catholique où à Tzicolaj ?

Ensuite, on s’empare des statues et on sort de l’église. Face à la porte principale, au bas des escaliers, la procession se met en marche. Les chefs des confréries prennent place devant saint Thomas, portant leurs images et Tzicolaj. Ils traversent la plaza remplie de monde dans le vacarme infernal des fusées et des pétards. Finalement, la procession retourne à l’église, et les trois saints sont disposés en haut des marches, face à la plaza. Là, pendant tout l’après-midi, ils recevront les hommages de la foule qui dansera et boira au son de la musique.

Trop de paganisme

Serez-​vous surpris d’apprendre que le peuple de Chichicastenango ne sait pas grand-chose des origines de sa religion ? C’est pourtant le cas. Mais les adeptes d’autres religions sont tout aussi incapables d’expliquer les doctrines et les pratiques de leur foi “chrétienne”, car de nombreux éléments païens se sont infiltrés dans les enseignements de Jésus.

L’Église s’inquiète-​t-​elle de voir ainsi le paganisme mêlé au culte des Quichés ? Ce point a été soulevé lors d’une conversation avec un prêtre espagnol qui habite Chichicastenango depuis cinq ans et qui a observé les festivités pendant la plus grande partie de la journée. Quand on lui demanda ce que représentait Tzicolaj, il répondit : “Je ne sais pas. Pour les Quichés, Tzicolaj est probablement un symbole de la fusion des deux religions.” Puis il conclut tristement : “Les Indiens ont très peu de religion [catholique] dans le cœur et beaucoup de traditions concernant les anciens dieux mayas.”

Quand je repense à ma visite à Chichicastenango, en décembre, je comprends pourquoi de nombreux visiteurs en reviennent très impressionnés, mais aussi choqués. Ce qui se passe là-bas n’a rien à voir avec le culte du vrai Dieu, qui, ainsi que Jésus l’a déclaré, doit être adoré “avec l’esprit et la vérité”. — Jean 4.24.

[Illustration, page 21]

Autel de l’encens sur les marches de l’église.

[Illustration, page 22]

Culte indien sur le sol de l’église.

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager