Votre chien est-​il un danger pour les enfants ?

DE NOTRE CORRESPONDANT EN AFRIQUE DU SUD

SYLVAIN, deux ans, s’approche trop d’un rottweiller attaché. Le chien, une bête agressive, l’attaque. Le bambin s’en tire avec le cuir chevelu abîmé et l’oreille gauche presque arrachée. Il devra subir plusieurs greffes de peau.

Avec la multiplication des chiens de garde, on entend de plus en plus parler d’enfants mordus. Sont incriminés entre autres des rottweillers, des pinschers, des bullmastiffs, des bergers allemands et des bull-terriers. Une étude menée en Afrique du Sud a révélé que la plupart des enfants mordus l’avaient été par un chien qu’ils connaissaient (dans près de 50 % des cas celui du voisin, dans 25 % des cas le leur). Seules 10 % des morsures étaient le fait de chiens errants. Souvent, l’enfant avait, consciemment ou non, provoqué l’animal. De toute évidence, beaucoup d’accidents peuvent être évités quand propriétaires de chiens et parents prennent certaines précautions élémentaires.

Éduquez votre enfant

Les dresseurs de chiens sont nombreux à insister sur ce point : en l’absence d’un adulte, ne laissez pas un petit enfant avec un chien. Les petits enfants ne connaissent pas la conduite à tenir avec un animal ; il faut la leur enseigner. Beaucoup ont donc pour règle de ne jamais laisser un petit enfant seul avec un chien s’il n’y a pas d’adulte pour le surveiller. Remarque de Brian Kilcommons, dresseur, dans son livre Comment habituer votre chien aux enfants (angl.) : “ D’après ce que nous entendons, les problèmes surviennent le plus souvent quand les adultes ont le dos tourné. ”

Souvent, c’est le chien qu’il faut protéger de l’enfant ! Un jour, un père affolé a fait venir M. Kilcommons : son chien avait fait mine de mordre son petit garçon. L’enfant (deux ans et demi) s’était rué sur l’animal alors qu’il dormait et lui avait donné un grand coup de pied. Sous la douleur, le chien avait claqué des mâchoires. En l’occurrence, il était à féliciter, car il s’était retenu de mordre. Conseil du dresseur aux parents : “ Ne laissez pas votre enfant faire à un chien ce que vous ne le laisseriez pas faire à un autre enfant. ”

Apprenez à votre enfant à être doux avec les animaux et à ne jamais taquiner un chien. Quand leurs enfants sont avec un chien, les parents doivent être vigilants pour déceler tout danger. Si votre enfant poursuit un chien et que l’animal fuit ou cherche à se cacher, dites-​lui de le laisser tranquille. Qu’il lui coupe toute retraite, et le chien n’aura plus pour se défendre que ses aboiements, ses grognements... ou ses crocs. Soyez conséquent dans votre discipline pour que votre chien comme votre enfant sachent que vous ne plaisantez pas.

Ne faites pas de votre chien un banni. Quand arrive le premier enfant, le chien est parfois ignoré et relégué dans la cour. Certes, il est sage de prendre des précautions, mais voici le conseil de Richard Stubbs, autre dresseur : “ Ne faites pas de votre chien un banni. Modifiez le moins possible son programme, et accordez-​lui suffisamment d’attention. ”

Observez la réaction de votre enfant devant un chien inconnu. Quand il voit dans la rue un inconnu promener son chien, quelle est sa réaction ? Se précipite-​t-​il pour caresser l’animal ? Apprenez-​lui à ne pas le faire. Il doit d’abord demander l’autorisation au propriétaire. Si celui-ci est d’accord, alors il peut s’avancer vers le chien, mais lentement, pour ne pas l’effrayer. Il doit se “ présenter ” au chien en se tenant un peu à distance et en lui parlant calmement. S’il est amical, l’animal s’approchera de lui. Quant aux chiens errants, mieux vaut les laisser tranquilles. — Voir l’encadré “ Le langage corporel du chien ”, page 22.

Éduquez votre chien

Félicitez toujours votre chien, et prenez le parti de l’optimisme. Les punitions ou la dureté du ton ne favorisent pas l’apprentissage, bien au contraire. Il est bien qu’un chien apprenne à venir quand on l’appelle et à obéir à certains ordres élémentaires comme “ Assis ! ” Il apprend ainsi la soumission à son maître, qui aura de la sorte plus d’autorité sur lui dans les situations délicates. Les mots et les phrases simples sont les plus efficaces. Employez toujours les mêmes. Quand votre chien accomplit l’action désirée, récompensez-​le immédiatement, par une félicitation, une caresse ou une friandise. Pour produire l’effet “ pédagogique ” recherché, la récompense doit être immédiate. Il s’agit ensuite de répéter l’opération jusqu’à ce que le comportement soit acquis.

Si vous devenez propriétaire d’un chien, que ce soit un chiot ou non, peut-être devrez-​vous l’aider à s’habituer aux enfants. Les enfants ne sont pas des adultes. Plus bruyants, plus impulsifs, ils sont susceptibles d’effrayer l’animal en se ruant sur lui. Il est bon d’habituer votre chien à ce comportement instable. Quand vos enfants ne sont pas dans les parages, habituez-​le aux bruits soudains. Faites de cet apprentissage un jeu. Criez-​lui un ordre, puis précipitez-​vous vers lui. Récompensez-​le immédiatement. Criez vos ordres de plus en plus fort, et faites-​lui chaque fois la fête. Il prendra vite goût à ce jeu.

Les petits enfants aiment serrer les chiens dans leurs bras. Il faut leur apprendre à ne pas le faire, car ce contact étroit peut apeurer l’animal. Mais si des enfants étreignent quand même votre chien, vous pouvez lui apprendre à l’accepter. Serrez-​le brièvement dans vos bras, puis félicitez-​le et donnez-​lui une friandise. Allongez progressivement la durée de l’étreinte. Si votre chien grogne ou montre les dents, consultez un dresseur expérimenté.

Le chien agressif

Certains chiens semblent être agressifs de nature et peuvent constituer un danger pour la famille. Il s’agit le plus souvent de mâles.

Le chien dominateur n’aime pas qu’on le touche, surtout dans les zones sensibles comme la face et la gorge. Parfois, cependant, il viendra à vous, vous poussera ou vous posera les pattes sur les genoux pour solliciter votre attention. Il défendra, y compris à la famille, l’accès à des endroits de la maison qu’il s’est attribués. Souvent, il est possessif : que vous approchiez alors qu’il s’amuse avec son jouet, et il grognera ou s’interrompra.

Pour renforcer son autorité, ce chien fera la sourde oreille à ce qu’il sait être un ordre. Il bousculera les enfants, voudra être le premier à passer la porte ou “ montera ” les gens. Ces dernières manières ne sont “ pas un acte sexuel ”, mais “ un acte de domination ”, dit Brian Kilcommons, “ un signe infaillible que le chien se croit le patron. Des difficultés surviendront immanquablement ”. Le chien dominateur peut également prendre l’habitude de saisir la main de son maître dans sa gueule pour réclamer de l’attention.

Ne fermez pas les yeux sur ces signes d’agressivité. L’agressivité de votre chien ne se dissipera pas par miracle. Elle aura plutôt tendance à augmenter. D’où un danger pour vos enfants. Beaucoup de dresseurs recommandent de faire châtrer l’animal, quel que soit son sexe, car cette mesure réduit généralement l’agressivité.

Il n’est pas conseillé de provoquer un chien agressif pour lui montrer qui est le chef. En réalité, l’agressivité et une discipline dure sont dangereuses. Des moyens plus subtils existent de s’imposer à son chien.

Chaque fois qu’un chien agressif sollicite votre attention et que vous la lui accordez, vous renforcez en lui l’idée qu’il est le chef. Par conséquent, ne vous exécutez pas. Toute la famille doit collaborer dans cette thérapie. Au début, l’animal sera déconcerté. Peut-être aboiera-​t-​il ou vous fera-​t-​il les yeux doux. Mais résistez à la tentation de céder. Quand il aura battu en retraite, pour aller se coucher dans son coin par exemple, alors vous pourrez lui prodiguer un peu d’attention. De cette façon, votre chien apprendra que le patron, c’est vous, que c’est vous qui décidez de l’attention qu’il recevra.

Les jeux agressifs (lutter, s’arracher un objet, etc.) sont à proscrire : ils peuvent renforcer les tendances dominatrices. Choisissez plutôt des jeux non agressifs.

Il est préférable que votre chien ne dorme pas dans votre chambre. La chambre du maître est un lieu privilégié. En y dormant, votre chien risque de se sentir élevé au-dessus de vos enfants. Mieux vaut le faire dormir à la cuisine ou dehors, dans une niche. C’est souvent dans leur chambre que les propriétaires de chiens agressifs se font mordre pour la première fois.

Si, malgré ces mesures, votre chien ne change pas, ou si vous vous sentez menacé quand vous le dressez ou à quelque autre moment, tournez-​vous vers un dresseur compétent. Votre vétérinaire saura vous en recommander un. Tout d’abord, interrogez le dresseur sur ses méthodes, et soyez certain qu’il vous plaise avant de louer ses services. Richard Stubbs adresse cette mise en garde : “ Un chien agressif obéira peut-être à un dresseur professionnel. Mais rien ne garantit qu’il sera le même avec son maître. ” Le propriétaire doit être sûr de pouvoir maîtriser son chien dans les situations critiques.

Il arrive que, malgré le meilleur dressage, un chien reste agressif. Le garder, c’est mettre la famille en danger. Vous avez fait le maximum, et vous estimerez peut-être préférable de vous en séparer plutôt que de risquer un accident. Il est bon de demander conseil à un vétérinaire ou à un dresseur. Peut-être pourrez-​vous trouver à votre chien un nouveau maître, mais, dans ce cas, vous êtes naturellement tenu de signaler les problèmes que vous avez eus.

Peter Neville, dresseur, donne ce conseil : “ Avec un chien dominateur, il faut être très prudent et se demander qui est menacé et dans quelle mesure. Si on ne peut garantir la sécurité du membre de la famille le plus vulnérable, mieux vaut donner le chien à quelqu’un qu’on aura soigneusement choisi, ou le faire piquer. ”

Pour l’enfant, un chien peut être bénéfique sur les plans pédagogique et affectif. En exerçant une surveillance responsable, les parents permettront à leurs enfants de n’avoir que de bons souvenirs de leur compagnon.

[Encadré, page 22]

Le langage corporel du chien

Le comportement caractéristique du chien agressif révèle des intentions hostiles. En apprenant à votre enfant à reconnaître ce langage corporel, vous l’aiderez à éviter les situations dangereuses.

● Le chien agressif essaie de paraître plus gros qu’il ne l’est. Le poil est hérissé au garrot, l’animal grogne ou aboie, la queue se dresse comme un i. Si la queue bat nerveusement, c’est un signe d’hostilité. Il faut se tenir à l’écart.

● Le chien peureux s’accroupit, la tête et l’oreille basses, la queue pendante ou entre les pattes. Si on l’approche, la peur risque de le rendre agressif. Laissez-​le tranquille.

● Le chien détendu a la tête ni trop haute ni trop basse, la gueule ouverte et la queue un peu au-dessous de la ligne du dos, mais pas pendante. L’agitation de sa queue est un signe d’amitié. Il n’y a généralement aucun danger à sympathiser avec un tel chien.

(Adapté de Comment habituer votre chien aux enfants, de Brian Kilcommons et Sarah Wilson.)

[Encadré/Illustrations, page 23]

Quelques précautions

1. Ne laissez pas sans surveillance un petit enfant avec un chien.

2. Apprenez à votre enfant à ne jamais taquiner un chien.

3. Avant de caresser un chien qui n’est pas le vôtre, demandez-​en la permission à son maître.

4. Apprenez à votre chien à obéir à certains ordres élémentaires.

5. Habituez-​le aux étreintes.

6. Proscrivez les jeux agressifs.