BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower
Watchtower
BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE
Français
  • BIBLE
  • PUBLICATIONS
  • RÉUNIONS
  • g98 8/11 p. 20-22
  • Quand la Reine dame le pion à un évêque

Aucune vidéo n'est disponible pour cette sélection.

Il y a eu un problème lors du chargement de la vidéo.

  • Quand la Reine dame le pion à un évêque
  • Réveillez-vous ! 1998
  • Intertitres
  • Document similaire
  • Un évêque perfide
  • Torturée sur le chevalet
  • Une reine prudente et perspicace
  • L’Église anglicane “menacée d’extinction”?
    Réveillez-vous ! 1981
  • La Réforme en Angleterre : l’ère des changements
    Réveillez-vous ! 1998
  • La vérité se répand malgré l’opposition
    La Tour de Garde annonce le Royaume de Jéhovah 1964
  • Intolérance religieuse : l’aveu
    Réveillez-vous ! 2000
Plus…
Réveillez-vous ! 1998
g98 8/11 p. 20-22

Quand la Reine dame le pion à un évêque

De notre correspondant en Afrique du Sud

EN LA compagnie de ses fidèles dames d’honneur, Catherine Parr, reine d’Angleterre, se sent en sécurité. Henri VIII, le roi, est malade, et les intrigues de la cour contribuent à miner sa santé. Catherine converse avec une amie quand une dame d’honneur entre précipitamment, une feuille à la main. La peur se lit sur son visage. Hors d’haleine, elle tend le document à Catherine. La reine, inquiète, l’accepte avec hésitation. C’est apparemment un fonctionnaire qui l’a perdu près des appartements de la reinea.

Catherine lit et blêmit. Sa stupéfaction se mue en frayeur. Ce document, signé du roi ( ! ), est une liste d’accusations portées contre elle pour hérésie. Elle éclate en sanglots et s’effondre dans les bras de ses amies. Elle essaie de se calmer, de réfléchir lucidement, mais elle est profondément perturbée. Pleines de sollicitude, ses dames d’honneur l’aident à se mettre au lit.

Catherine ne trouve pas le sommeil. Les événements marquants de son union avec le roi défilent dans son esprit. Elle avait 31 ans, était deux fois veuve et envisageait d’épouser le fringant Thomas Seymour. Mais le roi avait d’autres projets. Il l’avait demandée en mariage ; comment aurait-​elle pu refuser ? C’était indiscutablement un honneur, mais aussi bien des difficultés en perspective. Le 12 juillet 1543, elle était donc devenue sa femme, la sixième.

À 52 ans, Henri n’était plus l’homme sportif et plein d’allant qu’il avait été dans sa jeunesse. Finis aussi les tournois. Il était obèse, sujet à d’imprévisibles sautes d’humeur, et ses ulcères aux jambes le faisaient tant souffrir qu’il se déplaçait parfois en chaise à porteurs.

Mais Catherine avait puisé dans sa remarquable intelligence et ses multiples talents pour faire de son mariage une réussite. Elle s’était faite la compagne des trois enfants des précédentes unions de son mari. Elle s’efforçait également de le détendre. Quand les ulcères d’Henri le faisaient souffrir, elle le distrayait en ayant avec lui des discussions animées, souvent de nature religieuse. Elle apportait ainsi au roi un peu de tranquillité dans ses vieux jours.

Catherine analyse sa vie avec le roi. En quoi a-​t-​elle bien pu pécher ? Elle repense alors à un événement récent. Ce soir-​là, il y avait des courtisans, et le roi semblait de bonne humeur. Comme à l’accoutumée, elle avait soulevé une question religieuse dont ils avaient déjà parlé. Mais Henri s’était renfrogné, et il avait coupé court à la discussion. Son attitude l’avait surprise, mais elle y avait vu une saute d’humeur. D’habitude, ces conversations lui plaisaient, et l’intérêt qu’elle portait aux questions religieuses ne le gênait pas.

Catherine dresse mentalement la liste des personnes présentes en cette occasion. Son esprit lui renvoie sans cesse l’image de Stephen Gardiner, un homme dont elle sait qu’il ne lui veut pas du bien.

Un évêque perfide

Gardiner, évêque de Winchester et conseiller du roi, est un homme influent et un adversaire des réformes religieuses. Il déteste Catherine, tant à cause de son intérêt pour ces réformes que de son influence sur le roi.

Thomas Cromwell, le principal conseiller d’Henri, a manœuvré pour faire déchoir Gardiner de sa position de premier secrétaire du roi. Cherchant une occasion de se venger, Gardiner a trempé dans le complot qui a causé la chute et l’exécution de Cromwell. Gardiner est également froissé de ce que le roi a promu archevêque de Canterbury Thomas Cranmer, un homme moins connu que lui et qui a des sympathies pour les protestants. Heureusement pour Cranmer, Henri a déjoué le complot fomenté contre lui par Gardiner et ses acolytes.

Une autre intrigue montée il y a peu par ce même Gardiner alourdit la menace qui pèse sur Catherine et ses dames d’honneur. Une jeune femme du nom d’Anne Askew, partisane déclarée des réformes religieuses, est en prison pour hérésie et attend son exécution. Mais Gardiner s’intéresse à elle pour une autre raison. Il veut prouver qu’elle a eu des contacts avec des dames influentes de la cour, ce qui pourrait éclabousser la reine. Son compère Thomas Wriothesley, l’un des principaux conseillers du roi, entreprend donc d’interroger Anne Askew.

Torturée sur le chevalet

Wriothesley interroge la prisonnière un moment, mais sans obtenir les preuves dérangeantes dont il a besoin. Finalement, il la fait attacher sur le chevaletb (la loi interdit pourtant ce type de torture sur la personne d’une femme). Anne ne parle toujours pas. Wriothesley et un autre conseiller finiront par actionner le chevalet eux-​mêmes pour écarteler leur victime jusqu’à la limite, mais rien n’y fera.

En pensant aux souffrances d’Anne Askew, Catherine se met à pleurer. Elle sent alors une présence dans la pièce. Une dame d’honneur s’approche pour lui dire que le roi a envoyé auprès d’elle son médecin. Le bon docteur Wendy s’enquiert de son état et lui transmet l’expression de la préoccupation du roi.

Le roi, explique le médecin à Catherine, lui a révélé le complot ourdi contre elle et lui a fait jurer le secret. Mais il lui raconte tout — comment, après qu’elle l’a quitté ce fameux soir, le roi a dit sur un ton sarcastique qu’il était très réconfortant pour lui au soir de sa vie d’“ être enseigné par [sa] femme ”.

Gardiner avait saisi l’occasion. La reine, avait-​il dit, hébergeait des hérétiques, et ses activités étaient à la fois une trahison et une menace pour l’autorité du roi. Puis il avait ajouté que, si on lui en donnait le temps, lui et d’autres pourraient apporter au roi la preuve de ces affirmations. Furieux, le roi avait accepté de signer un acte d’accusation contre Catherine.

Au terme de son récit, le docteur Wendy encourage Catherine à aller trouver le roi à la première occasion pour lui demander humblement pardon. C’est pour elle la seule façon de l’emporter sur ses ennemis, qui la poursuivront tant qu’elle ne sera pas emprisonnée dans la Tour de Londres et qu’ils n’auront pas réuni suffisamment de preuves pour la faire condamner à mort.

Catherine discerne toute la sagesse du conseil. Tard un soir, apprenant que le roi est dans ses appartements, elle s’habille avec goût et prépare ce qu’elle va dire. Sa sœur et une amie, lady Lane, l’accompagnent.

Une reine prudente et perspicace

Le roi est en train de plaisanter avec quelques-uns de ses gentilshommes. Il accueille sa femme avec un sourire. Henri aiguille alors la conversation sur la religion : il demande à Catherine de l’éclairer sur certains points. Catherine voit immédiatement le piège. Elle s’efforce de répondre avec la plus grande sincérité.

Dieu, dit-​elle, a créé la femme après l’homme, donc inférieure à lui. Puis elle ajoute : ‘ Depuis lors, Dieu a établi une telle différence naturelle entre l’homme et la femme — et Sa Majesté est d’une si grande sagesse et se montre à ce point supérieure à moi à tous égards — qu’il paraît impensable que Sa Majesté ait besoin de mon jugement sur ces questions religieuses complexes. ’ Elle enchaîne en disant à Henri qu’il est son chef en toutes choses, son chef suprême après Dieu.

‘ Non pas, répond le roi. Vous êtes devenue un maître. À vous de nous instruire et de nous guider, et non l’inverse. ’

‘ Si Sa Majesté l’entend ainsi, reprend Catherine, elle se méprend fort sur le compte de quelqu’un qui a toujours jugé inconvenant — et grotesque — pour une femme de devenir l’instructeur de son seigneur et mari, mais veut plutôt être enseignée et instruite par lui. ’ Et d’expliquer que, lorsqu’elle discutait de religion avec lui et exprimait parfois une opinion, elle n’entendait pas défendre des idées personnelles ; non, mais elle espérait lui faire oublier un peu les douleurs que lui causait son infirmité.

‘ En est-​il bien ainsi, ma mie ? répond le roi. Vous n’aviez donc en tête aucun mauvais dessein ? Dans ce cas, nous voilà redevenus les amis parfaits que nous avons toujours été. ’ Toujours assis, il lui dit d’approcher, l’enlace et l’embrasse tendrement. Cette nouvelle, lui avoue-​t-​il, le comble davantage qu’un don inattendu de cent mille livres. La conversation continue, agréable, jusqu’aux environs de minuit, puis il lui donne la permission de prendre congé.

Le lendemain, le roi fait sa promenade habituelle dans le jardin royal, accompagné de deux gentilshommes de sa chambre. Il a demandé à la reine de se joindre à lui, et la voici qui arrive, entourée comme il se doit de trois dames d’honneur. Henri n’a pas pris la peine de lui dire que c’est ce jour qui avait été fixé pour son arrestation. Il n’a pas non plus informé Wriothesley de sa réconciliation avec la reine. Henri et Catherine passent ensemble un moment agréable, quand Wriothesley apparaît avec 40 hommes de la garde royale pour arrêter la reine et ses dames d’honneur.

Henri se sépare du groupe et appelle Wriothesley, qui tombe à ses genoux. Les observateurs ne distinguent pas les paroles du roi, mais ils l’entendent traiter rageusement son conseiller d’‘ individu malhonnête ’, de ‘ brute ’ et de ‘ sot ’. Il lui ordonne alors de disparaître de sa vue.

Quand le roi revient vers elle, Catherine tente de l’apaiser par des paroles douces. Elle prend même la défense de Wriothesley : peut-être a-​t-​il simplement agi par erreur.

À quoi le roi lui répond : ‘ Croyez-​moi, ma mie, il a été à votre égard d’une malhonnêteté répugnante. Laissez-​le. ’

Ainsi Catherine fut-​elle sauvée de la main de ses ennemis et Gardiner perdit-​il la faveur du roi. La reine avait damé le pion à l’évêque. La partie était terminéec.

[Notes]

a Cette scène imaginaire a été reconstituée à partir de différentes sources, dont le Livre des martyrs de Foxe (angl.).

b “ Instrument de torture constitué d’un cadre et de cylindres auquel le supplicié est attaché par les pieds et par les poignets. Quand on tourne les cylindres, le malheureux est écartelé. ” — Oxford Advanced Learner’s Dictionary.

c Catherine Parr survécut à Henri et épousa Thomas Seymour. Elle mourut en 1548, peu après avoir donné naissance à un enfant. Elle avait 36 ans. Après un séjour en prison et un passage à la Tour de Londres, Gardiner fut privé de son épiscopat (1550). Il rentra en grâce sous Marie Ire Tudor, reine catholique (1553), et mourut en 1555.

[Illustrations, page 21]

L’ÉVÊQUE STEPHEN GARDINER.

LA REINE CATHERINE PARR.

[Crédits photographiques]

Catherine Parr : avec l’aimable autorisation de la National Portrait Gallery, Londres ; Stephen Gardiner : National Trust Photographic Library/J. Whitaker

[Illustration, page 22]

HENRI VIII DÉMASQUA THOMAS WRIOTHESLEY DEVANT LA REINE.

[Crédit photographique]

Henri VIII par Holbein, tiré du livre The History of Protestantism (Vol. III)

[Crédit photographique, page 20]

Arrière-plan pages 20-2 tiré de The Library of Historic Characters and Famous Events, Vol. VII, 1895

    Publications françaises (1950-2025)
    Se déconnecter
    Se connecter
    • Français
    • Partager
    • Préférences
    • Copyright © 2025 Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania
    • Conditions d’utilisation
    • Règles de confidentialité
    • Paramètres de confidentialité
    • JW.ORG
    • Se connecter
    Partager